Djokovic : “J’ai ressenti plus de pression à l’US Open qu’avant la finale des J.O.”
Vainqueur des Jeux olympiques puis battu au troisième tour de l’US Open, Novak Djokovic va disputer la Coupe Davis avec la Serbie ce week-end, chez lui, à Belgrade.
Interrogé par la RTS – télévision nationale serbe -, Novak Djokovic a expliqué avoir ressenti plus de pression lors de l’US Open qu’avant la finale des Jeux olympiques de Paris gagnée contre Carlos Alcaraz.
Il en a également profité pour réitérer ses propos : passer, enfin, l’or autour de cou a été le plus grand accomplissement de sa carrière.
“La raison la plus importante, est le fait que j’ai eu la chance de représenter la Serbie une fois de plus lors d’une compétition internationale, le plus grand évènement sportif du monde”, a-t-il expliqué. “L’autre raison, c’est mon histoire aux J.O. J’ai perdu une demi-finale serrée contre Nadal à Pékin (2008), puis deux de plus (à Londres contre Andy Murray en 2012, à Tokyo contre Alexander Zverev en 2021, j’ai aussi perdu pour la médaille de bronze (contre Juan Martín del Potro à Londres, contre Pablo Carreño Busta à Tokyo). Des défaites comptant parmi les plus difficiles de ma carrière.”
“Les Jeux olympiques n’ont lieu que tous les quatre ans. J’ai abordé les derniers sans avoir gagné le moindre tournoi depuis le début de l’année, j’ai eu une opération du genou (après Roland-Garros), j’ai 37 ans, et j’ai vaincu un adversaire qui venait de me battre à Wimbledon… Tout ça rend ce titre très spécial. J’ai ressenti les émotions les plus fortes de ma carrière, c’est difficile de vous les décrire avec des mots.”
Wimbledon a aidé Djokovic pour les Jeux olympiques
Questionné sur la pression qui pesait sur ses épaules, Djokovic a livré une réponse qui en a sans doute surpris plus d’un.
“Je ressens toujours, pour parler ainsi, une pression ‘générale’ qui me pousse à toujours vouloir gagner – de la part des autres, mais aussi envers moi-même, parce que je suis un perfectionniste et je sacrifie beaucoup dans le but d’être à mon meilleur niveau quand ça compte le plus”, a expliqué le Belgradois. “Les J.O. étaient mon objectif principal. J’étais très inquiet après mon opération du genou suite à Roland-Garros, mais quand j’ai réussi à atteindre la finale à Wimbledon, j’étais soulagé : je savais que j’étais prêt pour les Jeux.”
“D’un autre côté, il y avait ce que j’aime appeler une ‘pression additionnelle’, qui dépend de la forme”, a-t-il ajouté. “Avant la finale à Paris, je n’avais pas perdu un set, j’avais battu Nadal dans son jardin – il n’était pas à son meilleur niveau, mais le battre à Paris reste quelque chose d’énorme…”
“J’ai senti l’énergie et le soutien des gens depuis la Serbie aussi, donc cette ‘pression additionnelle’ était plus basse que d’habitude”, a-t-il continué. “À New York (pour l’US Open), par exemple, j’ai eu l’impression de ne pas être moi-même sur court, de ne pas être assez bien préparé, donc j’ai ressenti plus de ‘pression additionnelle’ avant chaque match comparé à la finale des Jeux olympiques. Le tennis est un sport individuel, si vous n’avez pas de solutions pendant le match, c’est terminé, vous perdez. Au fil des ans, c’est ce qui m’a maintenu disclipiné et rigoureux.”
Enfant, le rêve de Djokovic était de soulever le trophée à Wimbledon et d’être numéro 1 mondial, mais…
“Le tennis n’est pas un sport olympique classique, comparé à d’autres sports”, a-t-il rappelé. “J’ai toujours suivi les J.O., en particulier nos athlètes (serbes), mais j’ai vraiment commencé à prendre conscience de l’importance et du poids des Jeux après ma première participation, après avoir vécu dans le village olympique. J’étais totalement installé au village lors de ma première fois, puis 50 % du temps lors des suivantes. Cette fois (à Paris), j’ai décidé de ne pas être dans le village olympique, pour rester concentré sur mes routines, garder ma paix.”
Nadal, “La montagne à franchir” pour Djokovic
Si battre un Nadal loin d’être au sommet de son art à Paris a tout de même été un accomplissement en soi pour Djokovic, c’est en raison de tout ce que représente l’Espagnol à Roland-Garros : 14 titres, 112 victoires, 4 défaites (dont deux contre Djokovic).
Existe-t-il une autre raison que cette domination outrageuse pour expliquer le fait que Djokovic – battu 8 fois par Nadal à sur l’ocre dela porte d’Auteuil – n’a pu y triompher plus tôt qu’avant 2016 ?
“Probablement que non, pour être complètement honnête”, a répondu Djokovic dans un rire. “C’est le cas pour moi, mais pour Federer aussi. Nadal a été imbattable là-bas pendant très longtemps, ses défaites sur le court Philippe-Chatrier se comptent sur les doigts d’une main. Chaque fois que vous entrez sur ce court contre lui, il est favori. Même lors des Jeux olympiques, alors qu’il avait des soucis de blessure et que j’étais en meilleure forme, c’était une montagne à franchir. Il est la raison première, et peut-être la seule, pour laquelle je n’ai pas plus de titres (3) à Roland-Garros. Mais je dirais que chaque victoire contre lui à Paris compte double.”
Concernant les autres levées du Grand Chelem, Djokovic s’est imposé 10 fois à l’Open d’Australie, 7 fois à Wimbledon et 4 fois à l’US Open.
“En 2011, j’ai gagné mes premiers titres à Wimbledon et l’US Open”, s’est-il remémoré. “Les premières fois sont un peu plus spéciales, d’autant plus que j’avais battu mon plus grand rival, Nadal, lors de ces deux finales. À New York, je retiendrais aussi ma victoire contre Federer en finale en 2015. Il n’avait peut-être jamais aussi bien joué sur dur, il était très agressif et concentré, le public était totalement acquis à sa cause… J’ai réussi à rester calmer, concentré pour parvenir à gagner. Pour ces raisons, c’est probablement mon trophée le plus marquant à Flushing Meadows, avec le premier.”