24 août 1929 : Le jour où Helen Wills a remporté l’ancêtre de l’US Open pour la sixième fois
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 24 août 1929, la légende américaine Helen Wills remporte l’US Nationals, l’ancêtre de l’US Open, pour la sixième fois.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Une domination totale
Le 24 août 1929, la domination de la légende américaine Helen Wills atteint un point culminant. Elle remporte l’US Nationals (l’ancien nom de l’US Open) pour la sixième fois, en battant en finale Phoebe Watson (6-4, 6-2). Wills ne perd que huit jeux durant le tournoi et se montre impitoyable sur le chemin de son 11e titre du Grand Chelem. L’Américaine est invaincue dans les tournois majeurs depuis Wimbledon 1926, et sa série victorieuse ne prendra fin qu’à l’US Nationals 1933, après 14 titres consécutifs.
L’actrice : Helen Wills
- Helen Wills, une autre époque
Helen Wills, également passée à la postérité sous le nom de Wills-Moody, née en 1905, est la première Américaine à devenir une star du sport. Wills commence le tennis à l’âge de 8 ans, et obtient son premier résultat marquant en 1921 en remportant le Championnat de Californie. De 1923 à 1925, elle s’impose trois fois consécutivement à l’US Nationals, tout en étudiant grâce à une bourse à l’Université de Berkeley. Diplômée en 1925, Wills dispute des tournois de par le monde dès l’année suivante. En février, elle rencontre la légende française Suzanne Lenglen pour la seule et unique fois, à Cannes. Wills, alors âgée de 20 ans, s’incline face à la sextuple championne de Wimbledon, qu’elle n’affrontera plus jamais (8-6, 6-3).
Sa domination débute en 1927, lorsqu’elle triomphe à Wimbledon pour la première fois, aux dépens de l’Espagnole Lili Alvarez (6-2, 6-4). En 1928, elle devient la première joueuse de l’histoire à remporter trois titres majeurs la même année (Roland-Garros, Wimbledon et l’US Nationals), le tout sans perdre un set. En 1929, elle défend ses titres, à Paris puis à Londres, et lorsque débute l’US Nationals, elle n’a pas perdu le moindre set depuis la demi-finale de Wimbledon 1927.
Les coups de fond de court de Wills sont extrêmement puissants des deux côtés. Sa longueur de balle empêche ses adversaires de diriger le jeu ou de monter à la volée, et si cela ne suffit pas à les écoeurer, elle leur assène des coups gagnants fulgurants depuis la ligne de fond.
En raison de son attitude invariablement stoïque, la jeune Wills est d’abord surnommée « Little Miss Poker Face ». Au fil de ses succès, on lui prêtera les surnoms de « Queen Helen » (la Reine), ou d’ « Imperial Helen » (l’Impératrice).
Le lieu : Forest Hills
L’US Nationals s’est déroulé pour la première fois en août 1881, sur les courts en gazon du Casino de Newport, à Rhode Island. Mais la première épreuve féminine n’a eu lieu qu’en 1887. En 1915, le tournoi est déplacé à New York et se déroule depuis à Forest Hills, au West Side Tennis Club, à l’exception des années 1921-1923 où l’épreuve se dispute à Philadelphie. En 1924, l’US Nationals revient à Forest Hills, où l’on a édifié un nouveau court central d’une capacité de 14 000 places. C’est le tournoi le plus prestigieux d’Amérique du Nord.
L’histoire : Wills allait-elle seulement perdre un set ?
Dès le début de l’US Nationals 1929, Helen Wills est la grande favorite. Elle domine le tennis outrageusement, laissant ses adversaires sans solution devant tant de puissance. Invaincue en tournoi majeur depuis 1926, et accumulant ainsi 7 titres consécutifs, elle n’a plus perdu le moindre set depuis la demi-finale de Wimbledon 1927. Les observateurs ne se demandent plus si elle va gagner le tournoi, ils se demandent si elle va lâcher un set en cours de route.
En effet, Wills survole le tournoi. Les journalistes ne comptent plus les sets, ils comptent à présent les jeux qu’elle perd. Sur le chemin de la finale, Wills n’abandonne que deux jeux à ses adversaires ! Au premier tour, elle balaie Katharine Lamarch en seulement dix-huit minutes (6-0, 6-0), ne perdant que 15 points dans tout le match. En demi-finale, la tête de série N°4, Molla Mallory, subit la même punition, incapable d’arracher le moindre jeu au cours d’une déroute longue de 21 minutes.
En finale, le 23 août, les six jeux glanés par la Britannique Phoebe Watson font presque figure d’énorme exploit. Bien que Wills rencontre plus de résistance que les jours précédents, sa puissance et sa technique placent la barre trop haut pour son adversaire. Devant 9000 spectateurs, la légende américaine conclut son 8e titre majeur consécutif, qui est aussi son 6e à l’US Nationals (6-4, 6-2).
La postérité du moment : Six titres majeurs supplémentaires
Helen Wills continuera sa série victorieuse. Elle remporta six titres majeurs supplémentaires sans perdre un seul set, établissant un record incroyable de 14 titres du Grand Chelem d’affilée, sans jamais participer aux Championnats d’Australie. Sa série prendra fin en finale de l’US Nationals 1933, lorsque, touchée au dos, elle abandonnera face à Helen Jacobs, alors qu’elle était menée 3-0 au dernier set (8-6, 3-6, 3-0). Au cours de sa carrière, qui durera jusqu’en 1938, Wills aura remporté 19 des 24 tournois du Grand Chelem auxquels elle aura participé. En 1933, elle disputera une première version de la Bataille des Sexes, au cours de laquelle elle dominera Phil Neer, huitième joueur américain (6-3, 6-4).
En 1938, peu après sa dernière victoire à Wimbledon, elle prendra sa retraite après avoir été mordue à la main droite par un chien.