Wimbledon : Musetti, l’Italien que l’on n’attendait pas (ou plus)
On attendait Jannik Sinner. Ce sera finalement Lorenzo Musetti. Le n°2 italien a sorti un superbe match pour faire plier Taylor Fritz en cinq sets (3-6, 7-6 [5], 6-2, 3-6, 6-1), ce mercredi à Wimbledon, où il jouera à 22 ans sa première demie en Grand Chelem.
Ce n’est pas nouveau, mais c’est à chaque Grand Chelem de plus en plus prégnant : un tennisman italien en cache désormais toujours un autre. A défaut de son as Jannik Sinner, pas dans son assiette et sorti par Daniil Medvedev en quarts de finale, nos voisins transalpins ont sorti leur botte secrète numéro 2, Lorenzo Musetti, pour figurer dans le dernier carré de Wimbledon après un succès en cinq sets face à Taylor Fritz (3-6, 7-6 [5], 6-2, 3-6, 6-1, ce mercredi.
Musetti jouera ainsi à 22 ans sa première demi-finale en Grand Chelem face au boss final et maître des lieux, Novak Djokovic, un joueur qui “maîtrise la surface un peu mieux que moi”, comme il s’est amusé à le rappeler lors de son interview d’après-match, sur le court.
C’est incontestable, mais Musetti, au profil plutôt terrien en début de carrière, fait lui-même un magnifique joueur de gazon, désormais. Finaliste au Queen’s et demi-finaliste à Stuttgart, il a livré ce mercredi une performance de premier choix pour ramener à la raison un Taylor Fritz qui a encore buté sur son plafond de verre des quarts de finale en Grand Chelem, tout comme il butera sur un éventuel retour dans le top 10 lundi prochain.
Musetti, l’etat de “grass”
Largement battu par l’Américain au premier tour ici-même en 2022, le 25ème joueur mondial – qui fera pour sa part son retour à proximité du top 15, au pire – a fait étalage de ses progrès, à la fois techniques, bien sûr, mais aussi et surtout mentaux. Mené 6-3, 1-0, break, il n’a pas cédé à la panique et au contraire élevé considérablement son niveau de jeu, jusqu’à être par moments comme touché par la grass (pardon, la grâce), notamment lors d’un troisième set de très haute volée.
Il aurait pu conclure son chef d’œuvre en quatre sets puisqu’il a bénéficié de quatre balles de break (dont trois d’affilée à 2-2) dans le quatrième. Mais il n’a pas su conclure et, au lieu de quoi, une brusque chute de régime en fin de set lui a au contraire coûté cette quatrième manche.
Jusqu’à présent plus connu pour son tennis d’artiste que pour son goût pour les cinquième sets, Musetti a alors fait montre de ses progrès dans le dur labeur. Il n’a pas rechigné à revenir à la mine et c’est lui au contraire qui a été le plus fort physiquement dans ce money time, à l’inverse d’un Fritz qui a subitement plongé, sans doute émoussé par son marathon précédent face à Alexander Zverev.
Plongé, le mot est choisi puisqu’en courant vainement après une amortie qui a donné deux balles de match à Musetti, l’Américain a planté son genou gauche et s’est retrouvé le nez dans le gazon. Il n’en pouvait plus, manifestement. Courageusement, il s’est relevé mais c’était pour mieux aller subir le châtiment final. Après 3h27, l’Italien parachevait sa victoire.
Lorenzo Musetti est le quatrième joueur italien à se hisser dans le dernier carré de Wimbledon après Nicola Pietrangeli (1960), Matteo Berrettini (2021) et Jannik Sinner (2023). C’est la seconde fois qu’un Italien ET une Italienne (Jasmine Paolini) se qualifient conjointement pour le dernier carré d’un Grand Chelem, après… Roland-Garros 2024 (Sinner et Paolini). Dans cette litanie sans fin du réservoir transalpin, on avait presque fini par oublier Lorenzo Musetti, resurgi à point nommé pour nous rappeler, dans le plus beau des décors, à quel point son talent est sublime.