US Open : les 8 questions qu’on se pose (et nos réponses tranchées)
L’édition 2023 de l’US Open s’ouvre ce lundi avec, comme à chaque Grand Chelem, son flot habituel de questions en tout genre. Nous avons listé ici les principales. Les réponses, en revanche, n’engagent que nous !
1/ Alors, plutôt Alcaraz ou Djokovic ?
Djokovic. On ne dit pas vraiment ça en raison du résultat de leur finale à Cincinnati, qui a tourné à l’avantage du Serbe mais qui aurait mérité un match nul et qui ne devrait pas trop peser sur un plan psychologique. Non, c’est plutôt tout simplement lié au tableau des deux hommes, qui paraît beaucoup plus abordable pour Djokovic que pour Alcaraz, dont l’enchaînement théorique Sinner (ou Zverev) en quarts, Medvedev en demies et enfin Djokovic en finale pourrait l’épuiser. D’autant que l’Espagnol a parfois le “tort” de lâcher quelques sets ici et là en cours de route, et s’il avait miraculeusement réchappé à trois matches en cinq sets l’an dernier, c’est le genre d’exploit qu’il aura du mal à rééditer.
Et puis, pour les superstitieux, rappelons qu’Alcaraz est le tenant du titre et que l’US Open est le tournoi où il est le plus difficile de conserver son titre. Le dernier à l’avoir fait reste Roger Federer, en 2008.
2/ D’ailleurs, aura-t-on la finale tant attendue Alcaraz/Djokovic ?
Non. On écrit “non” avec une terrible envie de dire “oui”. En gros, plus pour conjurer le mauvais sort qu’autre chose. Mais la perspective de cette finale “idéale” entre les deux écrasants meilleurs joueurs du monde est presque trop attendue, presque trop espérée, bref presque trop belle pour être vrai. On veut croire au bonheur, mais l’US Open est un tournoi tellement semé d’embûches avec ses chaleurs moites, son ambiance torride et des distractions permanentes que l’on a bien peur qu’il y ait un “couac” quelque part, à un moment ou un autre.
Il faut d’ailleurs rappeler que Djokovic lui-même, tout Djokovic qu’il est, a craqué lors de ses trois précédentes venues : abandon en 2019, disqualification en 2020, craquage nerveux en finale en 2021 (et privé d’entrée en 2022). L’US Open semble vraiment être un tournoi où les choses ne se passent jamais tout à fait comme prévu…
3/ Y’aura-t-il un nouveau demi-finaliste en Grand Chelem ?
Oui. La fin “partielle” du Big Three a laissé un peu d’ouverture aux autres : l’an dernier, trois des quatre demi-finalistes (Carlos Alcaraz, Karen Khachanov et Frances Tiafoe) atteignaient pour la première fois le dernier carré d’un Grand Chelem. Et en 2021, c’est Felix Auger-Aliassime qui avait tenu ce rôle de nouveau venu. Bref : l’US Open est aussi le tournoi de tous les possibles pour les rookies.
Or, derrière Carlos Alcaraz et Novak Djokovic, peut-être aussi Jannik Sinner, aucun des meilleurs joueurs du monde n’a donné toutes les garanties ces dernières semaines (euphémisme), pas plus le vainqueur 2021 Daniil Medvedev que le finaliste sortant Casper Ruud, et encore moins Stefanos Tsitsipas, qui n’a en plus jamais réussi à l’US Open.
Il y a donc la place pour un nouveau demi-finaliste en Grand Chelem. Pourquoi pas le nouveau n°4 mondial Holger Rune, même s’il s’est récemment blessé au dos, un Andrey Rublev, un Taylor Fritz ou un invité plus surprenant encore.
4/ Swiatek va-t-elle conserver son titre ?
Non. Chez les filles aussi, l’US Open est un tournoi où il n’est pas simple de garder son titre, aucune joueuse n’y étant parvenue depuis Serena Williams, victorieuse entre 2012 et 2014. Et c’est aussi un tournoi qui a délivré pas mal de surprises dans un passé récent, de Naomi Osaka en 2018 à Emma Raducanu en 2021 en passant par Bianca Andreescu en 2019.
Lors de son Media Day, la Polonaise a d’ailleurs reconnu la difficulté supplémentaire pour elle de devoir défendre à la fois sa couronne et sa place de numéro 1 mondiale – même si elle l’a très bien géré à Roland-Garros – et n’a pas caché, récemment, une certaine fatigue. Son tableau, lui, paraît accessible jusqu’aux quarts de finale, stade où elle pourrait retrouver le tube de l’été, Coco Gauff, qui vient de la battre pour la première fois en demies à Cincinnati. Pas simple, même si Iga demeure sans doute, évidemment, la principale favorite.
5/ Sabalenka sera-t-elle enfin n°1 mondiale après l’US Open ?
Oui. Voilà des mois qu’elle tourne autour. Elle a raté la cible pour un petit match à Wimbledon, et cette demi-finale perdue contre Ons Jabeur alors qu’elle avait le match en mains. A moins de considérer que la perspective de devenir reine lui fasse perdre ses moyens, Aryna Sabalenka devrait bien finir par décrocher la timbale.
Or, cette fois, elle est plus proche que jamais : elle sera d’ailleurs virtuellement numéro 1 au coup d’envoi du tournoi et pourra donc se “contenter” de faire aussi bien qu’Iga Swiatek pour la détrôner. Considérant sa régularité en Grand Chelem – elle est la seule joueuse à avoir atteint le dernier carré des quatre derniers tournois majeurs -, considérant aussi les conditions de jeu à l’US Open qui conviennent parfaitement à son jeu, c’est tout à fait dans ses cordes, malgré un tableau qui paraît un poil plus ardu que celui de sa rivale.
6/ Comme à Wimbledon, le titre échappera-t-il à une joueuse hors du top 10 ?
Non. Nous en étions là, à saluer une certaine stabilité retrouvée à la tête du tennis féminin, quand soudain : patatras ! Voilà que Marketa Vondrousova a débarqué de nulle part pour devenir la première joueuse non tête de série à triompher à Wimbledon.
Il a fallu néanmoins à la Tchèque une suite de circonstances favorables pour en arriver là (miracle face à Jessica Pegula, élimination d’Iga Swiatek, fatigue d’Elina Svitolina, liquéfaction d’Ons Jabeur…), et l’on veut croire à la théorie de l’accident. Désormais, l’élite du tennis féminin paraît être trop solidement installée pour laisser échapper un deuxième Grand Chelem consécutif.
Derrière Iga Swiatek et Aryna Sabalenka, les deux favorites, des joueuses comme Coco Gauff et Jessica Pegula se sont affirmées cet été, tout comme Karolina Muchova. Et n’oublions pas Elena Rybakina, même si elle a connu quelques pépins de santé cet été, ni Ons Jabeur, même si elle a perdu ses trois premières finales majeures… ou Marketa Vondrousova elle-même, qui fait désormais partie du top 10.
7/ Aura-t-on un Français en deuxième semaine ?
Oui. Allez, c’est notre pari “plaisir”. A priori, il n’y a aucune raison d’y croire tant la présence d’un joueur français en deuxième semaine d’un Grand Chelem est devenue chose rare : le dernier à y être parvenu reste Corentin Moutet, ici-même l’an dernier, alors qu’il avait été repêché des qualifications. Un miracle, donc.
Et bien, on veut croire qu’un nouveau miracle va empêcher le contingent tricolore de signer un nouveau “zéro pointé” en deuxième semaine, comme en 2021. Peut-être pas pour Moutet, qui a la tâche ardue d’affronter d’entrée Andy Murray, puis éventuellement Grigor Dimitrov et Alexander Zverev. Mais on veut croire, par exemple, à l’explosion d’un Arthur Fils, qui pourrait s’ouvrir le tableau s’il s’extirpe d’un premier tour compliqué contre Tallon Griekspoor.
On veut croire aussi au fait que les Français, dont beaucoup sont concentrés dans les mêmes parties du tableau, puissent se faire la courte échelle pour rallier cette fameuse deuxième semaine. En haut du tableau, par exemple, on peut avoir un Ugo Humbert-Arthur Rinderknech au deuxième tour puis un Ugo Humbert-Gaël Monfils au troisième tour.
Certes, cela implique qu’Humbert s’offre Matteo Berrettini d’entrée, et que Monfils terrasse Andrey Rublev au deuxième tour. Pas une mince affaire. Mais le niveau retrouvé par ce dernier cet été et la motivation qui doit être la sienne à l’idée de “claquer” un nouveau truc en Grand Chelem laisse envisager un exploit possible.
En bas, Adrian Mannarino, numéro 1 français et quart de finaliste à Cincinnati, peut défier au deuxième tour Richard Gasquet, lui-même quart de finaliste à Winston-Salem. Le tout pour un éventuel troisième tour contre Frances Tiafoe, qui a buté à ce stade lors de tous les Grands Chelem cette année. Alors pourquoi pas… Nous, en tout cas, on veut croire au rêve américain.
8/ Caroline Garcia va-t-elle défendre sa demi-finale de l’an dernier ?
Non. On veut bien croire au rêve américain, mais jusqu’à un certain point. Contrairement à l’année 2022 où elle s’était appuyée sur un été meurtrier, marqué en point d’orgue par un sacre à Cincinnati, pour atteindre à New York sa première demi-finale en Grand Chelem, Caroline Garcia débarque cette année lestée de trop de doutes et d’incertitudes pour rééditer sa performance.
Le jeu de “Caro” est une mécanique ultra-fine qui demande à la fois beaucoup de confiance et de légèreté d’esprit. Or, depuis le début de la saison, la Française n’est ni en confiance, ni délestée du poids qu’elle continue de se mettre sur les épaules en raison de son statut de top 10. Quant à son tableau vers le dernier carré, qui lui promet théoriquement Anastasia Potapova au troisième tour, Marketa Vondrousova en huitièmes et Jessica Pegula en quarts, on peut le qualifier de dense…