Struff : “Je ne voulais pas le laisser jouer”
Jan-Lennard Struff n’a pas réussi à battre Carlos Alcaraz dimanche en finale de Madrid, mais il l’a bien bousculé en pratiquant un tennis ultra-offensif qui faisait partie d’un plan de jeu bien étudié.
Comment battre Carlos Alcaraz, spécialement sur terre battue cette saison ? A défaut d’avoir causé cet exploit dimanche en finale de Madrid, où il a été battu en trois sets, Jan-Lennard Struff a peut-être livré quelques éléments de réponse lors de cette finale où il a néanmoins marqué les esprits en prenant un set au phénomène espagnol, mais surtout en le bousculant sérieusement au moyen d’un tennis offensif à l’extrême.
Le colosse allemand, premier lucky-loser à atteindre la finale d’un Masters 1 000, a été très loin d’y faire de la figuration. Il a réussi la prouesse d’inscrire plus de points gagnants qu’Alcaraz (26 à 19), ce qui n’est pas donné à tout le monde, avec une sorte de “hourra tennis”, frappant à pleine puissance quasiment chacun de ses coups et se ruant à la moindre occasion au filet, où il a fait quelques merveilles notamment en volées de revers. Un style d’attaque à outrance que l’on croyait bel et bien disparu sur terre battue.
“J’ai déjà joué deux fois contre Carlos auparavant (une victoire à Roland-Garros en 2021, et une défaite à Wimbledon l’an dernier, Ndlr), et j’ai pratiqué à chaque fois ce style très agressif. Je crois que c’est qui me convient le mieux face à lui”, a expliqué en conférence de presse le joueur de 33 ans, selon qui c’était sa seule chance d’inquiéter le numéro 2 mondial.
Le problème est que si on le laisse jouer, si on lui laisse du temps, il est trop bon.
Jan-Lennard Struff, à propos de Carlos Alcaraz
“Le problème est que si on le laisse jouer, si on lui laisse du temps, il est trop bon, trop rapide, trop physique, trop agressif aussi. Je ne voulais pas ça donc j’ai essayé de le priver de temps”, a détaillé ensuite celui qui bat cette semaine son meilleur classement (28e) grâce à cette finale totalement inattendue. “Comme il se tenait loin derrière la ligne de fond en retour, j’avais le sentiment qu’il voulait engager l’échange mais le plan était justement de l’éviter. C’est pour ça que j’ai fait pas mal de service-volée, même si je me suis fait passer pas mal de fois, j’ai senti que globalement ça a altéré sa qualité de retour.”
Un plan de jeu qui lui a permis, donc, de sérieusement inquiéter Alcaraz en le dominant au deuxième set et en se créant la première opportunité de break au troisième set. Sa puissance colossale et les conditions de jeu madrilènes, avec cette légère altitude et cette impression de “semi-indoor” qui rendent le jeu beaucoup plus rapides, l’ont évidemment aidé. Et pas seulement en attaque, d’ailleurs. Struff a été impressionnant aussi en retour, où sa grande taille (1,93 m), lui a permis de bien endiguer le fameux kick d’Alcaraz au service, qui rebondit d’autant plus haut à Madrid.
Finalement en vain, au bout du compte. Mais à défaut de l’emporter, Struff a peut-être ouvert une voie tactique du style à pratiquer contre le phénomène de Murcie. Même si bien sûr, tout le monde n’a pas ses armes offensives. Et même si à Rome, et plus encore à Roland-Garros, ça ne sera plus vraiment les mêmes conditions.