Sinner remporte contre Rune l’un des plus étranges huitièmes de finale de Grand Chelem jamais vu
Jannik Sinner a su faire respecter la logique dans son huitième de finale face à Holger Rune (6-3, 3-6, 6-3, 6-2). Mais après un match marqué par de multiples arrêts.
Jannik Sinner qui domine Holger Rune en quatre sets (6-3, 3-6, 6-3, 6-2). Voici un résultat qui, dans son expression simple, même en rappelant que Rune a vendu chèrement sa peau (au point d’engager le match dans le plus beau point du tournoi) n’appelle pas de surprise particulière.
Le numéro un mondial a su imposer au Danois la puissance et le côté clinique de son jeu, qui en font un joueur quasiment imbattable sur le Tour depuis un an, dans ce choc des huitièmes de l’Open d’Australie. Mais il l’a fait en tremblant quelque peu – au propre comme au figuré – dans une après-midi marquée par plusieurs interruptions.
Le premier set fut une histoire classique. Un break blanc offert d’entrée par Rune à 1-0 contre lui. Quatre fautes directes. Il ne s’en remit jamais et perdit 6-3.
Le second set ne fut pas si éloigné, mais dans l’autre sens. Les deux hommes étaient engagés dans un match rendu équilibré par la capacité de Rune à bien varier les effets et les trajectoires sans donner trop d’angle. Sinner eut à son tour son jeu « horribilis » avec quatre fautes directes à 4-3 contre lui : 6-3 Rune à l’arrivée.
Quelque chose avait changé sur le court et Rune semblait tenir son destin entre les mains, en pratiquant ce tennis sans complexe qui le caractérise quand il est au dos au mur, suscitant chez Sinner des regards inquiets et des fautes inhabituelles en coup droit.
Les images impressionnantes des mains de Sinner
L’Italien, nous révélaient alors les images télé, était aussi en proie à des soucis physiques assez sérieux. Tremblement des mains impossible à contenir, mobilité contrariée sur le côté gauche… Le numéro un mondial dut faire venir le soigneur et demander un temps mort médical à 3-2 dans le troisième.
Commença alors un autre type de match. D’abord parce que Sinner, sans être irrésistible, avait retrouvé une stabilité qui le rendait capable de tenir son service et de saisir des occasions. A 4-3 Sinner, Rune eut une balle d’égalisation à 4-4. Double faute. Un break fatal allait suivre, et le gain du troisième set pour Signer (6-3).
« La pause m’a fait du bien », a-t-il reconnu en conférence de presse. « J’ai pris un médicament et c’est allé mieux. » Sinner a indiqué après la rencontre qu’il est réveillé dans un état inhabituel, qui s’est rendu au stade le plus tard possible et qu’il « savait qu’il aurait une journée difficile », sans donner beaucoup plus de détails.
Le match connu alors sa deuxième longue pause, à la demande de Rune cette fois, parti se rafraîchir et se changer dans les vestiaires. Mais ce ne serait rien à côté de l’interruption stupéfiante qu’eut à prononcer l’arbitre en raison du détachement du filet au niveau de son attache au sol après le premier jeu du quatrième set.
A 1-0, tout le monde était renvoyé au vestiaire pour ne pas inutilement subir les affres de la chaleur. Plus de 20 minutes furent nécessaires pour réparer la chose et les joueurs eurent même à se rééchauffer au moment de leur retour sur le court.
Quelque chose s’était cassé chez Rune et retrouvé chez Sinner. L’Italien boucla son affaire 6-2 pour obtenir son billet pour les quarts. « A 90% grâce au public, 10% grâce à moi » dit-il avec un peu de démagogie à une Rod Laver Arena remplie à ras bord pour la première fois depuis le début du tournoi.
Sinner s’est qualifié pour soin cinquième quart de finale consécutif en Grand Chelem, sorte de minimum syndical pour lui désormais, même quand il ne se trouve pas en pleine possession de ses moyens. Il devra encore confirmer son statut au prochain tour contre Alex De Minaur (n°8) ou Alex Michelsen.