Sinner était malade, Medvedev intraitable : comment la finale de Miami a tourné court
Le choc attendu entre Daniil Medvedev et Jannik Sinner en finale de Miami n’a pas vraiment eu lieu ce dimanche : le Russe était à son “prime”, alors que l’Italien ne se sentait pas bien.
Six premiers jeux en plus de 35 minutes… A 3-3 dans le premier set, on était sur de bonnes bases et à ce stade, on pouvait légitimement penser que cette finale presque idéale de Miami entre le meilleur joueur du monde du mois et demi écoulé (Daniil Medvedev) et le tombeur du numéro 1 mondial en demi-finales (Jannik Sinner) allait proposer le bras de fer attendu. On n’aura pas mis longtemps à déchanter. Un jeu plus tard, l’Italien faisait appel au médecin. Quatre jeux plus tard, il “caviardait” son service et le set. Une grosse demi-heure plus tard, c’était fini.
Jannik Sinner l’a confirmé au micro lors de la cérémonie : il ne se sentait pas bien physiquement, sans que cela n’ait de rapport avec la chaleur très humide qui plombait Miami ce dimanche. Il s’était en réalité réveillé dans cet état fébrile. Aurait-il fait mieux à 100% de ses moyens ? Cela ne fait absolument aucun doute. Aurait-il battu ce Daniil Medvedev-là ? Rien n’est moins sûr. A tout le moins, il est fortement permis d’en débattre.
Car dès les premiers échanges, le Russe a évolué un voire plusieurs crans au-dessus de ce qu’il avait montré jusqu’à présent à Miami, où, hormis une demi-finale tout de même solide – sans être géniale – face à Karen Khachanov, il avait souvent semblé assez loin du niveau entrevu ces dernières semaines au gré de ses trois titres précédents conquis à Rotterdam, Doha et Dubai, sans parler de sa finale à Indian Wells où il n’avait pas aimé les conditions. A vrai dire, sa présence en finale tenait aussi beaucoup de son extraordinaire confiance du moment et des différents coups de pouce reçus en cours de tournoi, avec un tableau relativement clément surtout si l’on rajoute le forfait d’Alex Molcan au troisième tour.
Mais cette fois, on a senti un Daniil beaucoup plus saignant, rapide, précis et même parfois génial à l’image de ce somptueux passing de coup droit en bout de course (ci-dessus). Paradoxalement, c’est lui qui a encaissé le premier break du match (à 2-2), mais c’est surtout parce qu’il commit trois double-fautes dans ce jeu là, peut-être la seule petite faille dans sa mécanique actuelle (il en a commis six ce dimanche et six, déjà, en demi-finale). Malgré tout, sur la physionomie du début de match, c’était un peu contre le cours du jeu.
D’ailleurs, le Russe n’a pas eu à beaucoup forcer son talent pour débreaker dans la foulée et égaliser à 3-3, à un moment où l’on pensait donc que le bras de fer annoncé était en train de prendre forme. Sauf que c’était, plutôt, le début de la fin.
En face, le Sinner si électrique face à Alcaraz en demi-finale semblait cette fois éteint, sa balle allait moins vite, était prise moins tôt et surtout s’égarait beaucoup trop souvent en dehors des limites du court. Peut-être aussi une question de compatibilité (ou plutôt d’incompatibilité) technique. S’il s’était régalé face à l’Espagnol en se servant de la puissance adverse pour la lui recracher en pleine figure, debout sur la table, il semblait cette fois gêné par les balles plus cotonneuses de Medvedev, qui faisait ce qu’il fallait pour aspirer sa force de frappe tout en se montrant bien plus régulier, gagnant la plupart des longs échanges et se montrant clinique au filet (six points marqués en six montées).
6-0 : Daniil Medvedev, bête noire de Jannik Sinner ?
Il est possible que Daniil Medvedev ait quelque chose d’une bête noire pour Jannik Sinner, qu’il a battu désormais six fois en six rencontres, ce qui ne reflète pas vraiment le réel rapport de force entre les deux hommes. En attendant de prendre un jour sa revanche, l’Italien trouvera matière à se consoler ce lundi en constatant son retour dans le top 10, qu’il avait déjà atteint pour la première fois en 2021, année de sa première finale (perdue aussi) à Miami, face à Hubert Hurkacz.
Daniil Medvedev, lui, sera numéro 1 mondial à la Race et ce n’est que justice au regard de son impressionnant début de saison. Dans un pur style “Daniilien”, c’est-à-dire sans forcément impressionner à chaque coup de raquette, sans pétarader autant qu’un Carlos Alcaraz ni dominer autant qu’un Novak Djokovic, il s’est adapté à tout, façon caméléon, pour décrocher ces quatre titres en un trimestre, ce qui fait de son début de saison le plus impressionnant depuis celui, en 2016, de Djokovic, le grand absent de cette tournée américaine.
Depuis l’Open d’Australie – où il avait déçu en étant éliminé au troisième tour par Sebastian Korda -, c’est-à-dire en un peu plus de deux mois, le protégé de Gilles Cervara a d’ores et déjà marqué plus de points ATP (2 850) qu’il n’en avait marqué auparavant en un an, entre l’Open d’Australie 2022 et l’Open d’Australie 2023 inclus (2 750 points). S’il parvient à négocier mieux que d’habitude la saison sur terre battue, traditionnellement sa moins prolifique, il redeviendra un client très sérieux, à court terme, pour cette place de numéro 1 mondial au classement technique que récupère, ce lundi, Novak Djokovic au détriment de Carlos Alcaraz.