Pourquoi ce Masters 1 000 de Shanghai était assez f(l)ou
Le Masters 1 000 de Shanghai, dont la finale oppose ce matin Andrey Rublev à Hubert Hurkacz, aura été quoi qu’il arrive une édition riche en surprises, et en faits inédits.
Hurkacz est le vainqueur le plus mal classé de l’histoire du tournoi
Et de loin, même. Hormis sa toute première édition en 2009, qui avait été remportée par Nikolay Davydenko alors n°8 mondial, le Masters 1 000 de Shanghai s’était offert uniquement à l’un des quatre meilleurs joueurs du monde : le Big Four puis Daniil Medvedev en 2019, avant une absence du calendrier pendant trois éditions en raison de la pandémie de coronavirus.
Classé 17e mondial en début de semaine, Hurbert Hurkacz, vainqueur d’Andrey Rublev en finale, est donc devenu le vainqueur le plus mal classé de l’histoire d’un tournoi qui restait le seul Masters 1 000 à n’avoir jamais été remporté par des joueurs classés en dehors du top 10. Même s’il avait malgré tout, on va le voir, offert pas mal de surprises ces dernières années.
Le Polonais est par ailleurs le seul joueur en dehors du top 10 vainqueur cette année d’un Masters 1 000, le premier depuis Holger Rune (18e) l’année dernière au Rolex Paris Masters.
La finale était aussi la moins “cotée” de l’histoire du tournoi (Masters 1 000 depuis 2009)
Ce n’est pas complètement vrai sur un plan comptable. En 2014, Roger Federer, numéro 3 mondial, avait battu Gilles Simon, alors 29e mondial, en finale, soit un classement moyen de 16e entre les deux hommes. Andrey Rublev, 7e mondial, et Hubert Hurkcaz, 17e, présentaient eux un classement moyen de 12e. Mais le Suisse et le Français possédaient tous deux un meilleur classement supérieur à celui du Russe et du Polonais.
Il y a eu d’autres invités surprises en finale à Shanghai, comme Borna Coric en 2018 (battu par Novak Djokovic) ou Roberto Bautista Agut en 2016 (battu par Andy Murray). Mais, toujours selon le critère du classement moyen, la finale de 2023 restait moins bien cotée que ces deux éditions là.
En revanche, deux autres Masters 1 000 ont fait “mieux” (ou “moins bien”, c’est selon) cette année : le Masters 1 000 du Canada, avec le succès de Jannik Sinner (8e) contre Alex de Minaur (18e) ; et le Masters 1 000 de Madrid avec la sacre de Carlos Alcaraz (numéro 2 mondial) contre l’inattendu Jan-Lennard Struff (65e).
L’année 2022 avait fait fort aussi en la matière avec la victoire de Borna Coric (152e) au Masters 1 000 de Cincinnati contre Stefanos Tsitsipas (7e), ou de Pablo Carreno Busta (23e) contre ce même Hubert Hurkcaz (alors 10e mondial). Même la finale du Rolex Paris Masters entre Holger Rune (18e) et Novak Djokovic (alors 7e) était moins forte sur un strict plan comptable.
La palme de la finale de Masters 1 000 la plus surprenante, ces dernières années, revient toutefois sans doute à celle d’Indian Wells 2021 entre Cameron Norrie (26e) et Nikoloz Basilashvili (36e), dans un contexte il est vrai particulier avec un tournoi décalé au mois d’octobre en raison de la crise sanitaire. Quelques semaines auparavant, l’Open du Canada s’était une nouvelle fois “distingué” avec l’accession en finale de Reilly Opelka (32e mondial) contre Daniil Medvedev (2e).
Bref, les Masters 1 000 se sont ouverts aux surprises depuis quelque temps. Mais cette édition 2023 de Shanghai prendra une bonne place parmi ces éditions riches en surprises. La preuve, fait rarissime en Masters 1 000, Hubert Hurkacz n’a pas eu à battre le moindre joueur du top 20 pour arriver en finale.
Les quatre demi-finalistes l’étaient pour la première fois à Shanghai
Autre signe d’un renouvellement du genre lors du Masters 1 000 chinois : Andrey Rublev (tête de série n°5), Hubert Hurkcaz (n°16), Grigor Dimitrov (n°18) et Sebastian Korda (n°26) étaient tous en demi-finale pour la première fois à Shanghai. Et même, concernant ce dernier, pour la première fois tout court en demi-finale d’un Masters 1 000.
Sebastian Korda était aussi le premier Américain en demies à Shanghai
Mieux encore pour Sebastian Korda : il est aussi devenu, grâce à une victoire complètement folle en quarts face à son compatriote Ben Shelton, le premier Américain à rallier le dernier carré à Shanghai.
Il est vrai que le tournoi, on l’a dit, n’accueille un Masters 1 000 que depuis 2009 et n’a pas été disputé pendant trois éditions, entre 2020 et 2022, en raison du coronavirus. Mais tout de même : c’est mieux qu’Andy Roddick et Jack Sock, qui avaient atteint les quarts en 2011 et 2016.
Autre signe du « revival » du tennis américain : après la demi-finale de Tommy Paul cet été à Toronto, c’est la première fois que deux Américains atteignent, la même saison, le dernier carré d’un Masters 1 000 joué hors Etats-Unis depuis la doublette Pete Sampras/Michaeg Chang en 1990.
Fabian Marozsan était lui premier Hongrois en quarts de finale d’un Masters 1 000
On aurait pu penser cet honneur réservé à Marton Fucsovics, mais non : Fabian Marozsan est donc devenu le premier Hongrois à atteindre les quarts de finale d’un Masters 1 000 (catégorie de tournoi créée en 1990), grâce à des succès (notamment) sur Alex de Minaur et Casper Ruud.
Celui qui avait aussi terrassé Carlos Alcaraz à Rome, au printemps, est ainsi devenu le premier nouveau venu en quart de finale d’un Masters 1 000 depuis Dominik Koepfer à Rome en 2020.
Un seul top 10 en quarts, une première depuis 2006
Les meilleurs mondiaux qui ont cadenassé les Masters 1 000 pendant tellement d’années ont donc ouvert les vannes pour de bon à Shanghai : Andrey Rublev, numéro 7 mondial, était le seul joueur du top 10 (et même du top 17 !) rescapé des quarts de finale.
C’est la première fois que ce fait arrive en Masters 1 000 depuis celui de Toronto en 2006, remporté par Roger Federer.
Carlos Alcaraz a perdu avant les quarts de finale
Parmi la liste des victimes de marque avant les quarts de finale, on recense le nom de Carlos Alcaraz, battu en huitièmes par Grigor Dimitrov. C’est la deuxième fois cette année que le crack espagnol s’incline à un stade aussi précoce d’un tournoi, après celui de Rome où il avait perdu dès le troisième tour. Sur dur, il fallait remonter un an en arrière, au tournoi d’Astana 2022, pour voir ça (défaite d’entrée contre David Goffin).
La principale conséquence de sa campagne asiatique un peu décevante (défaite en demies à Pékin auparavant) est qu’Alcaraz voit s’éloigner ses chances de finir l’année numéro 1 mondial, ce qui était – et qui reste encore – son grand objectif de fin de saison.
Sept joueurs ont remporté leur premier match en Masters 1 000
La finale du Masters 1 000 de Shanghai sera aussi inattendue mais que ses premiers tours avaient été surprenants. Au total, sept joueurs, dont certains très loin au classement, y ont leur première victoire en Masters 1 000. Parmi eux, bien sûr, le jeune Français Terence Atmane, 21 ans, 148eme mondial et issu des qualifications. La liste complète :
- Sebastian Ofner (AUT), 49e
- Terence Atmane (FRA), 148e, qualifié
- Yu-Hsiou Hsu (TPE), 180e, qualifié
- Yunchaokete Bu (CHN), 186e, wild card
- Dane Sweeny (AUS), 273e, qualifié
- Beibit Zhukayev (KAZ), 302e, qualifié
- Chun-Hsin Tseng (TPE), 380e, qualifié