Nadal : “Le but est d’être en mesure de pouvoir tout donner, mourir sur le court à Roland-Garros”
Après son élimination à Barcelone, Rafael Nadal, de retour de blessure, a exposé clairement son objectif lors des prochaines semaines.
Tous les chemins mènent à Rome, paraît-il. Celui, prévisionnel, tracé par Rafael Nadal ne fait qu’y passer pour le mener à Paris. Mercredi, après sa défaite 7-5, 6-1 face à Alex de Minaur au deuxième tour de l’ATP 500 de Barcelone – son premier tournoi depuis janvier, le deuxième depuis un an et trois mois – l’Espagnol n’a pas fait de mystère. Dans sa situation actuelle, il n’a qu’un objectif, être en forme pour Roland-Garros. Le reste n’est que préparatif pour la grand-messe de la terre battue, où il espère pouvoir officier en tant que pape pour la 15e fois de sa carrière.
“Je pars (de Barcelone) en étant convaincu d’avoir fait un pas en avant”, a-t-il déclaré lors de la partie hispanophone de sa conférence de presse, comme l’a relayé Punto de break. “Ce n’était pas aujourd’hui (mercredi) que je devais tout donner pour mourir sur le court. Je dois me donner la possibilité d’en être capable dans quelques semaines. Si j’avais trop poussé, je me serais enlevé la chance de pouvoir le faire dans quelques semaines. Je dois évaluer mon corps avant de décider si je jouerai ou non à Madrid.”
“Si mon physique répond bien et que je peux accumuler les bonnes séances d’entraînements, je pourrai faire un pas en avant de plus à Madrid”, a-t-il ajouté. “Si mon corps peut assimiler les choses progressivement, je devrais pouvoir lui en demander de plus en plus. Le but est de progresser, mais je ne parle pas de gagner des matchs, seulement de me battre pou aller un peu mieux à Madrid, puis encore un peu mieux à Rome et de pouvoir tout donner à Roland-Garros.”
À l’heure actuelle, je ne peux pas jouer à un niveau compétitif pendant 2h ou 3h.
Rafael Nadal
Contre de Minaur, Nadal n’a pas montré un visage optimal dans les déplacements, notamment sur les amorties et les contre-pieds. “Le seul avantage que j’avais aujourd’hui contre Rafa sur terre à ce moment de sa carrière, c’était peut-être mon physique”, a d’ailleurs expliqué l’Australien lors de l’interview sur le court. “J’ai décidé de faire durer les rallyes, de me servir de ma vitesse et de le faire bouger.” Notamment parce que l’homme aux 22 titres du Grand Chelem n’a pas cherché à tirer sur la corde ; pour éviter qu’elle finisse autour de son cou et qu’une nouvelle blessure vienne tuer ses espoirs parisiens.
“Je sais très bien ce que je peux faire et ne peux pas faire”, a-t-il déclaré. “À certains moment moments, j’ai dû diminuer un peu ma vitesse (de déplacement), entre autres ajustements. (…) À l’heure actuelle, je ne peux pas jouer à un niveau compétitif pendant 2h ou 3h. Aujourd’hui, j’ai eu des opportunités, certains moments auraient pu tourner en ma faveur (il a eu une balle de 5-3 dans le premier set), mais j’ai commis des erreurs avec mon coup droit (nombreuses fautes avec ce coup à partir de la fin du 2e set). J’ai raté parce que j’ai très peu de compétition dans les jambes. Mais j’accepte la situation, je sais d’où je viens et j’essaie de rester constamment positif.”
Néanmoins, le gaucher des Baléares s’est accordé quelques bons points. “J’ai joué ce tournoi en me disant que c’était mon dernier à Barcelone, même si on ne sait jamais ce que l’avenir réserve”, a déclaré le duodécuple vainqueur de l’ATP 500 catalan. “Mes sensations sur le court on été bonnes, par moments j’ai joué à un niveau tout à fait correct. Mais l’essentiel, malheureusement, n’était pas de gagner mais de quitter le tournoi en bonne santé. Et c’est le cas.”
Nous étions tous conscient que l’objectif principal en jouant ici était la santé, en ne prenant aucun risque.
Rafael Nadal
“Il est parfois difficile de jouer en sachant qu’on ne va pas pouvoir se battre pendant tout le match, mais c’est comme ça, et ce sera peut-être encore le cas lors des prochaines semaines”, a-t-il continué. “Aujourd’hui (mercredi), après tout ce que j’ai vécu ces derniers mois, ce n’était pas le moment de chercher à être héroïque. Il faut être réaliste, chercher à faire les choses de manière plus prudente et logique. La réalité, c’est qu’en perdant le premier set, je savais que le match était fini.”
En outre, blessé au abdominaux à son retour de Brisbane en janvier où il avait repris la compétition après un an d’absence, le joueur de bientôt 38 ans – il est né un 3 juin – n’a pas voulu forcer sur cette partie du corps. Notamment au service. Lors de son entrée en lice contre Flavio Cobolli, sa première balle était en moyenne à 170 km/h, et la plus rapide n’a pas dépassé 186 km/h. Des vitesses prudentes conservées face à Alex de Minaur.
“Je n’ai pas pu servir pendant trois mois”, a-t-il expliqué. “Il m’était donc difficile de servir normalement pendant deux heures. Je ne l’ai pas fait depuis Brisbane. Avant de venir ici, je n’ai joué que quelques sets d’entraînements et le match à Las Vegas (exhibition avec Carlos Alcaraz). (…) Nous étions tous conscients que l’objectif principal en jouant ici était la santé, en ne prenant aucun risque. Même si ça va un peu à l’encontre de ma philosophie, de ma façon d’appréhender le sport depuis toujours, qui est d’aller au bout de mes limites à chaque match.” Une philosophie qu’il veut retrouver porte d’Auteuil, pour voir la lumière au bout d’un chemin qui n’a été que tunnel depuis 15 mois.