Moutet : “Beaucoup d’amour avec le public, j’espère qu’il m’a découvert sous une forme différente”
Après son élimination en huitième de finale de Roland-Garros, Corentin Moutet a fait le bilan, en parlant de ses ambitions et de sa relation avec le public.
Certes, le feu fait fondre la glace, mais celle-ci, une fois liquide, peut éteindre les flammes. S’il a d’abord enflammé le match en passant à un point de flanquer un 6-0 à Jannik Sinner alias l’homme au sang aussi froid que les eaux arctiques, Corentin Moutet a fini par s’incliner 2-6, 6-3, 6-2, 6-1 en huitième de finale de Roland-Garros. Son premier à Paris, son deuxième en en Grand Chelem après l’US Open 2022.
La fin d’un parcours au cours duquel il a enchanté le public, en propageant la folie de son jeu dans les tribunes au rythme de ses coups de pattes magie pour élimine Nicolás Jarry -16e mondial et finaliste du Masters 1000 de Rome -, Alexander Shevchenko et Sebastian Ofner. De quoi lui permettre d’être virtuellement 56e mondial en attendant l’issue du tournoi.
Je garde les souvenirs, même s’il ne faut pas se satisfaire de ça. Huitième de finale de Grand Chelem, c’est une routine pour les meilleurs.
Corentin Moutet
Soit à cinq rang de son meilleur classement atteint en janvier 2023. Avant de se rompre un tendon du poignet droit lors de l’Open d’Australie, d’être opéré, de manquer trois mois de compétition, et d’être restreint au slice car privé de son revers à deux mains. Avec ce retour aux portes du top 50 et son aventure parisienne, il a aussi nourri ses ambitions.
“J’ai envie de garder plein de choses”, a-t-il répondu en conférence de presse, au moment de faire le bilan après sa défaite contre Sinner. “Déjà, les souvenirs, même s’il ne faut pas se satisfaire de ça parce qu’au final, huitième de finale de Grand Chelem, les tout meilleurs, c’est leur quotidien, leur routine.”
Moutet a redoré son image
Par son comportement sur le court, le gaucher de 25 ans n’a jamais laissé personne indifférent. Certains l’ont toujours adoré, d’autres ont préféré prendre plaisir à le critiquer. Parce que le protégé de Petar Popović a parfois fondu un boulon au point, par exemple, d’expédier sa raquette à des hauteurs rivalisant avec celles atteintes par Armand Duplantis.
Des accès de colère, presque de la folie passagère, qui sont souvent l’apanage des joueurs très créatifs. À l’instar de Nick Kyrgios, Alexander Bublik, Benoît Paire, Fabio Fognini ou encore Roger Federer dans sa jeunesse et à ses débuts sur le circuit. “Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passé la lumière”, a écrit Michel Audiard. Néanmoins, pendant ce “Roland”, Corentin Moutet n’a pas cédé outre-mesure aux diablotins qui peuvent venir semer l’enfer sous son crâne.
je n’ai pris aucune avertissement en quatre matchs, ce qui ne m’arrive pas si souvent
Corentin Moutet
“J’ai eu un bon niveau de concentration, je n’ai pris aucun avertissement en quatre matchs, ce qui ne m’arrive pas si souvent”, a-t-il fait remarquer devant les journalistes. “Je suis aussi content d’avoir pu changer l’image – enfin, changer, je n’en sais rien – que les gens me collaient. Ce qui est assez difficile, parce qu’ils ne me connaissent que sur le terrain.”
“Je bosse super dur dans l’ombre avec mon équipe”, a-t-il ajouté. “C’est une belle aventure mais compliquée. Je suis content (de ce Roland-Garros). Il y a eu beaucoup de bienveillance, beaucoup d’amour, beaucoup de choses hyper saines pendant cette semaine. J’ai découvert un public différent. J’espère que les gens m’ont découvert sous une forme différente. C’est que du bon pour la suite.” Et la suite, avec le public français, pourrait bien avoir lieu aux Jeux olympiques.