Monfils : Les JO sont sa carotte, attention qu’ils ne deviennent pas son bâton
Battu par Carlos Alcaraz à Miami la nuit dernière, Gaël Monfils va aborder en position favorable la dernière ligne droite qualificative pour les JO de Paris 2024. Mais en faire une obsession ne serait peut-être pas une bonne idée…
Gaël Monfils, Jeux Olympiques, Roland-Garros, terre battue, Paris, fin de carrière… L’association d’idées est presque trop belle pour être vrai et c’est certainement la raison pour laquelle il devient quasiment impossible d’évoquer la saison 2024 du charismatique joueur français sans évoquer l’échéance olympique qui approche à grands pas (l’épreuve tennistique aura lieu du 27 juillet au 4 août). D’autant que Monfils lui-même a copieusement alimenté le fantasme des JO en déclarant publiquement en faire l’un des, sinon son principal objectif pour sa fin de carrière.
C’était il y a un an, Monfils émergeait d’une absence de sept mois en raison d’une blessure au pied qui allait le plonger jusqu’à la 394ème mondiale. Et il ne semblait plus vraiment savoir comment s’y prendre, à l’époque, pour gagner un match de tennis. Autant dire qu’à l’approche de ses 37 ans, les ténèbres de la fin de carrière semblaient devoir le happer beaucoup plus sûrement que la lumière olympique.
Un an plus tard, voilà le phénix parisien revenu à un niveau totalement inespéré, prêt à livrer un bouquet final à la hauteur de sa longue carrière. Rallumé par une mèche tirée depuis Roland-Garros l’année dernière et un succès rocambolesque sur Sebastien Baez, le feu s’est remis à cracher de belles étincelles comme ce quart de finale au Masters 1 000 de Toronto l’année dernière puis ce titre que l’on n’attendait plus à Stockholm en fin de saison.
Et la flamme ne s’est donc pas éteinte au passage de l’année 2024, avec une belle demi-finale à Doha et une tournée américaine satisfaisante, faite d’une courte défaite face à Casper Ruud en huitième à Indian Wells, puis d’une défaite somme toute honorable face à Carlos Alcaraz la nuit dernière au troisième tour de Miami.
“Je sais que c’est bizarre pour les gens d’entendre ça alors que j’ai pris 2 et 4, mais j’ai fait un bon match”, a estimé le Français dans des propos rapportés ce mardi par l’Equipe. “C’est juste que le mec en face m’impose quelque chose de particulier, une qualité de balle… Et puis une telle couverture de terrain. C’est ce qui m’a le plus impressionné, et je sais de quoi je parle. (…) Il faisait tout un peu mieux que moi et je n’ai pas réussi à tenir assez pour l’emmener un peu plus loin.”
N’empêche que le bilan des courses est très satisfaisant. Un an après le lancement de son contre-la-montre olympique, “la Monf” est revenu dans le cut qualificatif pour les JO, qui impose la double condition de figurer parmi les 56 meilleurs joueurs du monde et dans les quatre meilleurs de son pays au moment de la “deadline” fixée au 10 juin prochain, au lendemain de Roland-Garros. Gaël Monfils coche les deux cases pour l’instant, avec quasiment aucun point à défendre et un matelas d’avance très confortable sur les premiers “non qualifiés” qui sont Arthur Rinderknech, Arthur Cazaux et Alexandre Muller.
Rien n’est encore joué, beaucoup de gros points restant encore à être distribués d’ici le verdict final. Mais autant dire que sauf nouvelle blessure ou catastrophe, Gaël Monfils a toutes les chances d’être de la partie. Rendons donc grâce aux Jeux Olympiques qui auront sans nul doute été sa carotte, celle qui l’a guidé dans le chemin du retour vers le plus haut niveau sans jamais le faire dévier de sa ligne de conduite, comme cela a pu être son cas par le passé. C’est une formidable nouvelle, non seulement pour le tennis français mais aussi mondial, il n’y a qu’à voir l’engouement suscité partout à chacune de ses apparitions pour s’en rendre compte.
Mais maintenant que l’objectif est en passe d’être atteint, il est peut-être temps de lâcher un peu la bride olympique. En début de saison, Monfils avait fait part de son intention de jouer beaucoup, cette année, dans l’optique de cette qualification parisienne. On n’a rien contre le fait de le voir beaucoup en tournois, bien au contraire. Mais on connaît aussi les risques, notamment de de blessure, toujours accrus avec lui.
L’année de ses 38 ans, et même s’il a affiché ces dernières semaines un niveau physique extrêmement intéressant – voire franchement hallucinant pour un joueur de cet âge -, l’ancien numéro 6 mondial se voit plus que jamais contraint de trouver un équilibre délicat entre le fait de préserver son état de fraîcheur et d’enchaîner les matches, malgré tout, pour continuer à engranger de la confiance et à gommer les petits détails qui le séparent encore des touts meilleurs – détails parfaitement mis en exergue par Carlos Alcaraz.
J’ai envie d’augmenter mon niveau de jeu et arriver à être plus tenace contre des mecs comme Carlos.
Gaël Monfils
Sorti sans casse de Miami, malgré une douleur bégnine à la cheville face à l’Espagnol, Gaël Monfils semble avoir lui-même, dans son discours, commencé à modifier un peu le fil de ses priorités du moment. A Miami, il a plutôt évoqué l’envie de retrouver un statut de tête de série dans les gros tournois pour éviter de se “coltiner” des Carlos Alcaraz au troisième tour ; ainsi que celle de retrouver le classement symbolique de 15ème mondial pour dépasser celui qui était le sien début 2022 avant de se blesser.
“Le bilan est positif, mais j’en veux plus. J’ai envie d’augmenter mon niveau de jeu et arriver à être plus tenace contre des mecs comme Carlos”, a-t-il conclu auprès de l’Equipe pour qualifier sa tournée américaine, sans évoquer cette fois l’échéance des JO.
On connaît, de toute façon, la propension du garçon à toujours être là où ne l’attend pas, et bien souvent aussi l’inverse, malheureusement. Raison de plus d’arrêter de trop l’attendre aux JO, pour se focaliser uniquement sur sa prochaine échéance : ce sera à priori le tournoi d’Estoril, où Monfils a prévu d’attaquer dès la semaine prochaine sa saison sur terre battue, avant d’enchaîner à Monte Carlo, où il est forcément dans la “short list” des wild cards. A moins, bien sûr, que ses plans changent d’ici là…