Les cinq grandes questions que l’on se pose avant Wimbledon
A quelques jours du coup d’envoi de Wimbledon (3-16 juillet), voici les cinq principales questions que l’on peut se poser avant le Grand Chelem londonien. Les réponses, elles, n’engagent que nous.
Djokovic peut-il être battu ?
Spoiler : oui. Après s’être hissé au panthéon de son sport à Roland-Garros en décrochant son 23e Grand Chelem, Novak Djokovic est désormais considéré à peu près partout, y compris par certains de ses adversaires, comme l’incontournable prochain vainqueur de Wimbledon. C’est limite s’il ne faudrait pas lui donner à l’avance un cinquième titre consécutif, et un huitième au total qui lui permettrait d’égaler le record de Roger Federer.
Attention quand même : en 2016, année de son premier titre à Roland-Garros, Novak avait tellement puisé pour décrocher le seul Majeur manquant alors à son palmarès qu’il en avait payé ensuite les pots cassés à Londres, battu dès le 3e tour par Sam Querrey dans un match où il avait connu quelques soucis physiques. Cette année aussi, il jouait pour l’Histoire à Paris et tout Novak Djokovic qu’il est, il n’est pas à l’abri d’une nouvelle forme de décompression.
Par ailleurs, même si le palmarès du tournoi ne tend pas à le montrer et même si c’est moins vrai qu’à une certaine époque, l’herbe reste une surface “aléatoire”, où tout peut aller vite, dans un sens ou dans un autre. La moindre seconde de déconcentration et c’est un break, puis un set, qui s’envolent. Pour ultra-dominateur qu’il soit, le Serbe n’a pas le droit à l’erreur, ce qui le “condamne” à un exploit sans cesse répété dont on mesure peut-être mal la dimension.
Maintenant, que l’on ne nous fasse pas dire ce que l’on n’a pas dit : oui, le Serbe reste bel et bien le grand favori à Londres, où il est quadruple tenant du titre et où on ne voit encore pas grand monde cette année capable de se montrer plus fort que lui s’il est à son meilleur niveau. Mais l’on dit bien : s’il est à son meilleur niveau.
Pourquoi Swiatek a-t-elle autant de mal avec l’herbe ?
Royale sur terre battue, très efficace aussi sur dur, Iga Swiatek a en revanche un vrai souci à Wimbledon où elle a été battue au 3e tour l’an dernier par Alizé Cornet et où elle ne compte qu’un huitième de finale pour meilleur résultat, en 2021. Ce qui est évidemment indigne de son statut.
Le souci de la n°1 mondiale avec l’herbe est avant tout d’ordre technique : son coup droit de pure terrienne, jouée avec une prise extrêmement fermée, est aussi efficace sur sa surface fétiche – où son “spin” violent cause de gros dégâts – que fragile sur du gazon, un revêtement qui nécessite des frappes plus plates et fusantes. Par ailleurs, tout le monde sait que Swiatek est un peu plus vulnérable quand elle est privée de temps, une relative faiblesse bien exploitée par des joueuses comme Elena Rybakina ou Aryna Sabalenka ces derniers temps. Et sur gazon, du temps, elle en a forcément moins.
Iga Swiatek a donc besoin de procéder à des adaptations techniques qu’elle n’a pas toujours eu l’occasion de faire. L’an dernier, fatiguée après son sacre à Roland-Garros, elle n’avait pas joué jusqu’à Wimbledon. Cette semaine, elle est en lice à Bad Hombourg et c’est peu dire que cette semaine est importante pour elle, pour sa confiance comme pour son adaptation au gazon.
Doit-on “croire” Alcaraz quand il se place en position d’outsider ?
On a le droit de ne pas être d’accord avec lui, mais Carlos Alcaraz était sans aucun doute sincère lorsqu’il a déclaré, en début de semaine dernière, avoir “moins de chances de battre Djokovic sur gazon que sur d’autres surfaces”. Sa victoire au Queen’s, quelques jours plus tard, lui a certainement apporté un énorme boost en terme de confiance sur gazon. Mais sans foncièrement modifier son état d’esprit sur une surface où il a encore de moins de référence qu’ailleurs, et sur laquelle il s’estime toujours, à tort ou à raison, en phase d’apprentissage.
"Novak is coming to Wimbledon so…" 🤝@carlosalcaraz on being the number 1 seed at Wimbledon. pic.twitter.com/IlqYdQOBu8
— Tennis TV (@TennisTV) June 25, 2023
Se placer en position d’outsider plutôt que de patron correspond aussi à la mentalité de Carlos Alcaraz, et plus généralement des joueurs de tennis espagnols. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui qu’au-delà de la surface, celui qui vient de repasser n°1 mondial ne peut occulter le fait qu’il reste sur une déconvenue en Grand Chelem. Victime de crampes de stress lors de sa demi-finale perdue à Roland-Garros contre Novak Djokovic, c’est peut-être même la première fois de sa jeune carrière qu’il passe “à côté” (tout est relatif) d’un événement d’importance.
Parler de coup d’arrêt serait trop trop fort d’autant qu’Alcaraz a remis tout de suite les pendules à l’heure au Queen’s. Mais il reste logique, dans ces conditions, qu’il aborde le rendez-vous londonien en faisant profil bas.
Verra-t-on à Londres un gagnant (ou une gagnante) inédit(e) en Grand Chelem ?
On ne parierait pas notre chemise là-dessus. D’accord, les deux n°1 mondiaux, Carlos Alcaraz et Iga Swiatek, n’ont jamais dépassé les huitièmes de finale à Wimbledon. D’accord, Daniil Medvedev a lui aussi ses problèmes sur gazon. Mais tout de même. Parmi les principales têtes d’affiche encore jamais titrées en Grand Chelem, on trouve beaucoup de noms qui n’offrent pas toutes les garanties en ce moment, que ce soit pour des raisons physiques, de confiance ou d’herbo-compatibilité, voire tout cela à la fois. Et ce, aussi bien chez les garçons (par ordre de classement : Casper Ruud, Stefanos Tsitsipas, Andrey Rublev, Jannik Sinner, Taylor Fritz, Felix Auger-Aliassime…) ou chez les filles (Jessica Pegula, Caroline Garcia, Coco Gauff…).
Dans cette longue liste de joueurs et de joueuses en quête de leur première étoile, Holger Rune et Alexander Zverev, récemment demi-finalistes au Queen’s et à Halle, sont parmi les mieux placés, tout comme Ons Jabeur, finaliste sortante, chez les filles. Mais les deux tenants du titres Novak Djokovic et Elena Rybakina, ou encore Aryna Sabalenka voire la double gagnante de Wimbledon Petra Kvitova, paraissent tous en aussi bonne voire meilleure position pour triompher.
Qui pour crever l’écran cette année ?
Derrière Novak Djokovic qui “cadenasse” le tournoi depuis quatre ans, et maintenant que Roger Federer est parti, Wimbledon apparaît très ouvert et ce n’est finalement pas si surprenant que les deux dernières éditions aient débouché sur des finalistes “surprise”, Matteo Berrettini en 2021 et Nick Kyrgios en 2022. Considérant leurs déboires cette saison, il y a peu de chances de revoir l’un de ces deux crever l’écran à nouveau cette saison, même si l’on ne sait jamais.
Alors qui pour le faire à leur place ? On n’a pas de boule de cristal mais il y a une liste de dangers publics assez clairement identifiés que personne ne souhaitera croiser trop tôt sur sa route à Londres. Parmi ceux-là, il faut citer Alexander Bublik, qui vient de décrocher son premier ATP 500 à Halle, ou Frances Tiafoe, vainqueur pour sa part à Stuttgart face à Jan-Lennard Struff, qui joue le meilleur tennis de sa carrière.
Mais aussi bien sûr un Sebastian Korda, huitième de finaliste en 2021 pour sa seule participation à Wimbledon, sur une surface où, comme il le dit lui-même, il a tout pour bien jouer. Hubert Hurkacz, demi-finaliste cette même année 2021, reste lui aussi un poison. Et, côté “grosse cote”, pourquoi pas un Ben Shelton, qui n’a encore aucune référence sur gazon mais où son service et sa puissance peuvent causer de gros dégâts.
"She cannot believe it!"
— Wimbledon (@Wimbledon) July 8, 2019
World No.68 Karolina Muchova digs deep to send out the No.3 seed Karolina Pliskova 4-6, 7-5, 13-11 in three hours and 16 minutes to advance to the quarter-finals at a Grand Slam for the first time…#Wimbledon pic.twitter.com/xoM7inBrTH
Côté féminin, tout le monde a envie de (re)voir la finaliste de Roland-Garros Karolina Muchova, qui a toutes les armes elle aussi pour briller à Londres comme elle l’a d’ailleurs déjà prouvé en étant quart de finaliste en 2021. A suivre aussi des joueuses en forme comme Ekaterina Alexandrova (titrée à Bois-le-Duc), Jelena Ostapenko (Birmingham), Donna Vekic (finaliste à Berlin) ou Liudmila Samsonova, qui avait montré de très belles choses l’an dernier (huitième de finaliste).