La PTPA déclare la guerre pour de bon aux instances : « Le tennis est brisé »
La Professional Tennis Players Association (PTPA), le syndicat indépendant des joueurs et joueuses créé par Novak Djokovic, a intenté ce mardi une vaste action en justice à l’international contre l’ensemble des instances dirigeantes du tennis. L’ATP a déjà réagi.
On ne sait encore où tout cela mènera, mais sûrement pas vers l’union sacrée tant souhaitée de la gouvernance du tennis, toujours aussi fragmentée et aujourd’hui de plus en plus fracturée. La Professional Tennis Players Association (PTPA), le syndicat indépendant des joueurs et des joueuses créé par Novak Djokovic avec le Canadien Vasek Pospisil, a annoncé ce mardi avoir lancé une vaste action en justice aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et dans l’Union Européenne pour dénoncer un système « corrompu, illégal et abusif. »
Ce procès vise l’ensemble des instances gouvernantes du tennis, l’ATP, la WTA, la fédération internationale mais également l’ITIA, l’Agence internationale pour l’intégrité du tennis, qui gère les problèmes de dopage et de matches truqués. Dans un communiqué justifiant son action, la PTPA a dénoncé les excès de toutes ces instances qui « abusent, réduisent au silence et exploitent systématiquement les joueurs pour générer des profits personnels par le biais d’un contrôle monopolistique. »
Nous avons épuisé toutes les options de réforme par le dialogue, et les organes dirigeants ne nous ont pas laissé d’autre choix.
« Le tennis est brisé », a ainsi déclaré Ahmad Nassar, directeur exécutif de la PTPA. « Derrière le vernis glamour que les défendeurs promeuvent, les joueurs sont piégés dans un système injuste qui exploite leur talent, supprime leurs gains et met en péril leur santé et leur sécurité. Nous avons épuisé toutes les options de réforme par le dialogue, et les organes dirigeants ne nous ont pas laissé d’autre choix que de demander des comptes devant les tribunaux. »
La PTPA, qui revendique être soutenue massivement les 250 meilleurs joueurs et joueurs (dont les Français Corentin Moutet et Varvara Gracheva), étaye ses accusations en six points :
- Collusion pour réduire la concurrence.
- Plafonnement volontaire des prize-money.
- Système de points draconien.
- Horaires insoutenables.
- Mépris pour les joueurs.
- Exploitation de la vie privée des joueurs.
- Exploitation du droit à l’image.
Dans tout cela, le problème des prize-money semble être le nerf central de la guerre, souvent dénoncé par Novak Djokovic au nom des « seconds couteaux » qui gagnent beaucoup moins que lui. Dans son communiqué, la PTPA donne ainsi l’exemple de l’US Open qui, en 2024, aurait gagné 12,8 millions par le biais d’un seul de ses sponsors, soit plus que le prize-money combiné des deux vainqueurs, Jannik Sinner et Aryna Sabalenka. « Les joueurs de tennis ne sont payés que 17 % des revenus par rapport à d’autres sports comme le golf, le basket-ball et le football américain, qui varient entre 35 et 50 % », peut-on ainsi lire.
Selon Vasek Pospisil, cofondateur de l’instance dont il est désormais membre du comité exécutif, « il ne s’agit pas seulement d’argent, mais aussi d’équité, de sécurité et de dignité humaine fondamentale ». « Je me considère comme un joueur chanceux et pourtant, j’ai encore dû dormir dans ma voiture lorsque je me rendais à des matchs au début de ma carrière », poursuit l’ancien vainqueur de Wimbledon en double. « Imaginez un joueur de la NFL à qui l’on dirait de dormir dans sa voiture lors d’un match à l’extérieur. C’est absurde ! Aucun autre sport majeur ne traite ses athlètes de cette façon. Les instances dirigeantes nous forcent à conclure des contrats injustes, imposent des horaires inhumains et nous punissent quand on s’exprime. Il est temps pour elles de rendre des comptes. »
la PTPA peine à s’imposer comme un acteur significatif du tennis, ce qui explique sa décision d’engager une action en justice.
L’ATP n’a pas tardé à réagir en publiant à son tour un communiqué dans lequel elle déclare s’être « concentrée sur la mise en œuvre de réformes bénéfiques pour les joueurs à tous les niveaux quand la PTPA a systématiquement privilégié la division et la diversion par la désinformation plutôt que le progrès. Cinq ans après sa création en 2020, la PTPA peine à s’imposer comme un acteur significatif du tennis, ce qui explique sa décision d’engager une action en justice à ce stade sans surprise. »
Entre l’instance tenancière des intérêts du jeu et la structure dissidente du duo Djokovic-Pospisil, ce n’est donc plus seulement une scission et des divergences de vue. C’est aujourd’hui bel et bien une guerre.