Il l’a fait : Sinner terrasse Djokovic au Masters et prend une option pour les demies
Porté par un public turinois bouillant et son invraisemblable qualité de frappe, Jannik Sinner a créé l’exploit ce mardi soir en terrassant Novak Djokovic (7-5, 6-7(5), 7-6(2) en 3h09) après un match de toute beauté. L’Italien est aux portes des demi-finales, mais rien n’est encore fait.
C’est ce qu’on appelle avoir le sens du timing, à tous les sens du terme. Chez lui à Turin, dans « son » Masters où il suscite un superbe engouement qui rappelle les grandes heures du tennis italien, Jannik Sinner a livré ce mardi soir une prestation colossale pour mettre fin à la série d’invincibilité de Novak Djokovic à l’issue d’un match d’une folle intensité (7-5, 6-7(5), 7-6(2) en 3h09). L’Italien, avec deux victoires en deux matches, prend ainsi une option pour la qualification pour les demi-finales, même si rien n’est encore joué dans ce groupe Vert.
Sinner a joué un match presque parfait pour stopper un Djokovic qui restait sur 19 succès de rang depuis sa finale perdue à Wimbledon cet été. Un seul bémol, pour chipoter : ce deuxième set perdu contre le Serbe, alors qu’il n’avait pas eu la moindre balle de break à sauver dans cette deuxième manche et comptait un mini break d’avance dans le jeu décisif, lui “coûte” la qualification directe pour les demi-finales. Il lui faudra ferrailler lors de la dernière journée contre un Holger Rune qui s’est relancé, dans l’après-midi, grâce à l’abandon de Stefanos Tsitsipas, tandis que Novak Djokovic devrait jouer son destin contre un Hubert Hurkacz pas concerné par la qualification.
Mais c’est vraiment tout ce que l’on peut reprocher au jeune Italien, auteur pour le reste d’une prestation majuscule à l’issue de ce qui restera comme l’un des plus grands matches de l’année. Pendant plus de trois heures jouées à une vitesse dingue, les deux hommes se sont renvoyés parpaings sur parpaings, frappant coup gagnant sur coup gagnant (83 au total) pour un total ridiculement faible de fautes directes (25), vu la cadence des échanges.
Sinner et Djokovic, décidément pas anciens skieurs pour rien tous les deux, ont slalomé à travers ce déluge de balles supersoniques en restant au coude à coude jusqu’au portillon final. Ils ont marqué 109 points gagnants tous les deux, ne se sont breakés que trois fois (un seul break pour Djokovic, ce qui est rarissime, et deux pour son adversaire). Il fallait bien un vainqueur et c’est finalement Sinner qui a réussi à donner le dernier coup de rein lors d’un jeu décisif où il s’est montré quasiment parfait, créant un véritable exploit dans l’exploit : faire craquer Djoko dans le money time.
A vrai dire, Sinner aurait peut-être pu gagner plus vite. Après avoir sauvé d’un ace la première balle de break de la partie à 3-2 contre lui dans le premier set, il a élevé son tennis à un niveau ahurissant, servant le plomb et distribuant gifles sur gifles à un Djokovic qui résistait toutefois superbement, lui aussi en grande partie grâce à sa qualité de premières balles (20 aces). L’Italien ne concédait plus de balle de break jusqu’à 6-6 dans le deuxième set, moment où il a entrevu la victoire en menant 3-2, service à suivre. Il connut alors un premier hoquet à la conclusion avec quelques fautes qui ont finalement permis à “Djoko” de revenir.
Dans la troisième manche, le numéro 4 mondial prenait une option encore plus nette en breakant pour se détacher 4-2, service à suivre. Et là encore, débreak immédiat du Serbe qui revissait évidemment tous les boulons de son jeu quand son jeune rival, lui, dévissait un peu à la frappe. A ce moment-là, cela commençait à sentir la quatrième défaite en quatre confrontations face à Djokovic pour un Sinner qui, en plus, semblait commencer à piocher un peu physiquement.
Et quand le Serbe, évidemment chahuté par un public turinois chaud bouillant, commençait à chambrer celui-ci en réclamant sa dose de sifflets comme on réclame sa dose de caféine un lendemain de soirée, oui, clairement, on se disait de plus en plus qu’on avait déjà vu le film. Mille fois. Le prédateur serbe, qu’un succès même en trois sets aurait de facto expédié en demies, allait encore fondre sur sa proie, aussi talentueuse qu’encore un peu tendre.
Et puis, finalement, non. Sinner tint bel et bien le choc. On guettait la touche finale qui aurait pu transformer le chef d’œuvre en bouillie. Bien au contraire. Elle le magnifia. Le jeune Italien joua un ultime jeu décisif quasiment parfait, offensif et audacieux, quand Novak Djokovic commit une ou deux fautes à ce moment-là qui achevèrent de précipiter sa perte.
Après 3h09, Jannik Sinner scella ce qui pourrait bien constituer pour l’heure la plus belle victoire de sa carrière, ou pas loin, en termes de niveau de jeu comme de prestige. Une victoire dont l’histoire ne retiendra rien, toutefois, si elle n’est pas suivie d’effet lors de son troisième et dernier match de poules contre Holger Rune. Voire lors d’une possible revanche en finale contre ce même Djokovic. On en est encore très loin, évidemment. Mais au vu du spectacle livré ce soir par les deux hommes, la perspective est alléchante.