Fils-Mpetshi Perricard, les “frérots” de la nouvelle vague

Arthur Fils et Giovanni Mpetshi Perricard, 20 ans tous les deux, joueront tous les deux leur premier 3ème tour en Grand Chelem ce samedi à Wimbledon. Ils se connaissent depuis l’enfance et leur passage commun au Pôle France de Poitiers, où ils ont noué une profonde amitié.

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On va attendre un peu avant de sonner le clairon du cocorico, mais tout de même. Ça sent le Wimbledon sinon historique, du moins très réussi pour le tennis masculin français. Six représentants au troisième tour, déjà, ce n’était arrivé qu’une seule fois dans l’ère Open à Londres, en 2010. La présence à ce stade d’Arthur Fils, 20 ans depuis le mois dernier, et de Giovanni Mpetshi Perricard, qui aura 21 ans le 8 juillet, rend l’ensemble du tableau encore plus historique : c’est la première fois que l’on retrouve deux Français aussi jeunes au troisième tour d’un même Grand Chelem depuis l’Open d’Australie 2007, avec le duo Gasquet-Monfils, noyau dur de la génération “big French”.

Au milieu du joyeux melting-pot tricolore présent en masse aux portes de la deuxième semaine londonienne, Fils et Mpetshi Perricard sont donc les deux bizuths bleus à ce stade de la compétition. Mais certainement pas des invités surprises, même si le second nommé a bénéficié d’un coup de pouce en étant repêché des qualifications après le forfait d’Alejandro Davidovich Fokina. A vrai dire, cela fait un moment qu’ils étaient attendus à pareille fête. Surtout le premier nommé qui a éclos bien avant le second, lequel rattrape son retard à grandes enjambées cette saison – il a notamment remporté son premier titre à Lyon, juste avant Roland-Garros.

Finalement, les voilà arrivés au même moment à la porte de l’ascenseur vers l’élite. Et c’est un beau symbole, avant d’affronter ce samedi respectivement Roman Safiullin et Emil Ruusuvuori, deux adversaires dangereux sans être injouables. Les deux jeunes “Frenchies”, vainqueurs ensemble du double juniors à Roland-Garros en 2021, se connaissent en effet depuis l’enfance et leur passage commun, entre 2017 et 2018, au Pôle France de Poitiers. Un passage marqué par le développement d’une forte amitié qui a largement résisté, et semble même s’être renforcée, au passage dans le grand monde pro.

je pense qu’il sera très prochainement l’un des meilleurs joueurs du monde.

Arthur Fils sur Giovanni Mpetshi Perricard

“Avec Giovanni, on est presque comme des frères”, disait jeudi le benjamin, qui est par ailleurs le plus jeune Français à atteindre le troisième tour de Wimbledon depuis le même duo Gasquet-Monfils en 2005, et le deuxième plus jeune Français vainqueur d’un top 10 en Grand Chelem (Hubert Hurkacz) depuis Monfils face à James Blakes à Roland-Garros en 2006. “J’ai grandi avec lui. On a tout joué ensemble, on est partis plein de fois en vacances ensemble, on est arrivés en même temps sur le circuit… C’est un grand champion, et je pense qu’il sera très prochainement l’un des meilleurs joueurs du monde. Et puis, avec son énorme service, il m’a appris à mieux retourner !”

” Lui, il m’a appris à être patient dans les échanges, à mieux construire les points. En fait, on s’est aidés mutuellement”, répondait en écho le grand “Gio” (2,03 m). C’est vrai qu’on se connaît depuis toujours. On s’est souvent affrontés, on a joué beaucoup de doubles ensemble. Notre relation est très forte. C’est comme mon frère, c’est mon meilleur ami.”

Quand l’un joue, l’autre n’est jamais très loin, parfois même au bord du court. Et le soir, les deux rookies mangent quasiment toujours ensemble. Des habitudes nées, donc, de leurs années de formation poitevines, poursuivies ensuite au Centre national d’entraînement, et de ces nombreuses tournées jouées en commun, souvent à l’étranger, souvent sous le même maillot de l’équipe de France.

Ces liens d’amitié sont très importants en arrivant sur le circuit. A poitiers, on a connu la même émulation avec les Mahut/Benneteau, Simon/Tsonga ou Pouille/Bourgue.

Patrick Labazuy (ancien responsable du Pôle France Poitiers)

“Ces liens d’amitié sont très importants en arrivant sur le circuit. Quand je vois qu’ils les ont conservés, cela me fait extrêmement plaisir parce que c’est ce que l’on a toujours cherché à développer à Poitiers”, se souvient Patrick Labazuy, qui était responsable de la structure au moment de l’arrivée de Mpetshi Perricard, avant de passer le relais à Olivier Soulès. “C’est pour cela que je suis très favorable, dans ces années d’âge, aux groupes d’entraînement plutôt qu’aux projets individuels. Cela permet aux jeunes de vivre une adolescence normale, en partageant tout avec des copains d’enfance dont ils se rappelleront toute leur vie. On a connu la même émulation avec les Mahut/Benneteau, Simon/Tsonga ou Pouille/Bourgue. Alors qu’être toujours tout seul avec son entraîneur, à 15 ans, je trouve ça triste.”

Entre Giovanni et Arthur, “l’aventure a vraiment commencé à Poitiers”, complète dans les colonnes de l’Equipe Jean-Baptiste Dupuy, qui a entraîné les deux joueurs. “Là-bas, il y avait une émulation positive, ils se sont toujours tirés vers le haut. Il n’y a jamais eu de rivalité. Quand l’un gagnait, l’autre était content pour lui et se disait : ‘pourquoi pas moi ?’ Ils étaient vraiment solidaires. Pour preuve, avant leur Roland-Garros 2021, ils sont venus tous les deux se préparer à Poitiers, au calme.”

La seule chose qu’Arthur Fils et Giovanni Mpetshi Perricard n’ont pas encore vécu ensemble, finalement, c’est un affrontement sur le circuit principal (ils se sont joués deux fois en Future et sur les qualifications d’un Challenger, pour deux succès de l’aîné). Si la chose devait se faire à Wimbledon cette année, ce ne serait pas avant le stade des demi-finales. On rigole, on rigole, mais on y pense, quand même…

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