Djokovic dompte Musetti et tient sa revanche contre Alcaraz en finale de Wimbledon
Implacable Novak Djokovic ! Le Serbe s’est qualifié pour sa 10ème finale de Wimbledon en maîtrisant la fougue et le talent de Lorenzo Musetti (6-4, 7-6(2), 6-4), ce vendredi. Comme l’an dernier, il défiera Carlos Alcaraz pour le titre.
Cela ressemble au match ultime. Le joueur le plus titré de l’histoire face au joueur le plus titré de la nouvelle vague, un duel extrême des générations, une opposition de styles absolue, le tout dans le plus légendaire des courts de tennis : comme en 2023, Novak Djokovic et Carlos Alcaraz vont se défier en finale de Wimbledon après que le Serbe, implacable, a ramené à la raison Lorenzo Musetti (6-4, 7-6(2), 6-4), ce vendredi, pour rejoindre l’Espagnol, vainqueur auparavant de Daniil Medvedev.
Novak Djokovic se qualifie ainsi pour sa 37ème finale du Grand Chelem (!), améliorant ainsi son propre record, dont 10 à Wimbledon, à deux unités du record de Roger Federer (12), qu’il tentera surtout d’égaler dans la légende avec un huitième sacre au All England Club.
Battu deux fois en cinq sets par Djokovic à Roland-Garros, Musetti, sur ce qu’il avait montré depuis le début de la saison sur gazon et spécialement sur ce Wimbledon, estimait à juste titre qu’il aurait une chance face à son prestigieux rival. Il en a eu une, du reste, notamment lors d’un deuxième set qui fut le plus serré des trois et où il a démontré, sur certains points de folie, l’étendue de son génie. Mais Djokovic a fait du Djokovic : il a fortifié les contours de son château, posé des barricades aux abords du jardin et dégainé ses flèches empoisonnées au travers des meurtrières aussitôt qu’il voyait l’Italien s’approcher trop près du pont-levis. Jusqu’à l’expédier, pour de bon, dans la fosse aux crocodiles.
Pour sa première demi-finale en Grand Chelem, Musetti, 22 ans, a fait comme les copains, comme tant d’autres avant lui : il a eu le malheur de tomber sur l’un des boss finals du jeu, et devra donc repasser. Ce qu’il fera sans nul doute s’il continue de pratiquer un tennis aussi enchanteur. Mais là, pour cette fois, c’était un peu court. Surtout face à un tel Djokovic, revenu à un niveau inespéré pour son tournoi de “reprise”, un mois après avoir subi une petite intervention chirurgicale pour réparer une lésion méniscale contractée à Roland-Garros.
La belle reaction de Musetti
Dans ce match qui présentait le plus grand écart d’âge jamais vu dans une demi-finale de Wimbledon (ère Open), le numéro 2 mondial a tenu à montrer tout de suite qui était le maître, et qui était l’élève. Breakant rapidement à 3-2, il semblait parti pour survoler le premier set quand il se détacha 5-3, 40-15, avant de connaître un premier petit accroc en concédant alors son premier (dé)break du match. Sans conséquence : c’était pour mieux conclure, derrière, sur le service adverse.
Mais Musetti tirait néanmoins profit de cette fin de première manche encourageante pour relever la tête et se dresser enfin sur ses ergots. Il tirait un joli feu d’artifice de points gagnants au début du deuxième set pour breaker d’entrée et se détacher 3-1. Repris au score, il réitérait sa menace en menant 0-30 à 5-5, mais il voyait alors quelques premières balles d’une précision diabolique lui siffler aux oreilles. Et dans le jeu décisif, Djokovic, bien entendu, mettait en place son catenaccio de circonstance pour creuser l’écart.
A deux sets à rien, cela devenait mission impossible pour l’Italien, une nouvelle fois breaké d’entrée puis mené 5-3. Il connut alors son ultime rémission, superbe, en sauvant trois balles de match sur son service avant d’obtenir, dans la foulée, une inespérée balle de 5-5. Mais c’est là qu’il eut, aussi, sa part de responsabilité en commettant une vilaine faute en coup droit au terme d’un échange qu’il avait en main. Djokovic, cet aspirateur de cerveau, lui avait soufflé ses dernières gouttes de lucidité.
Et dire que cet homme, le 5 juin dernier, était sur une table d’opération d’une clinique parisienne pour se faire nettoyer l’articulation… Impossible à voir à l’œil nu, si ce n’est bien sûr via ce bandage au genou droit et une filière de jeu particulièrement offensive – mais il l’est de plus en plus, à Wimbledon. Car outre son éternelle force mentale sur les points importants, Djokovic a gagné aussi grâce à sa qualité de première balle – seulement deux aces mais beaucoup de service gagnants aux bons moments – et une grande réussite au filet, avec un excellent 17/19 dans l’exercice. Une leçon de tennis sur gazon. Une leçon de tennis tout court.
A 37 ans et 53 jours, Novak Djokovic va donc tenter, dimanche, de devenir l’homme le plus âgé de l’histoire à gagner Wimbledon. Et surtout l’homme le plus titré de l’histoire de Wimbledon, avec un huitième sacre qui ferait de lui l’égal de Roger Federer. Problème : il aura face à lui le jeune joueur face auquel son emprise naturelle est la moins prégnante, en la personne de Carlos Alcaraz, qui l’a battu en cinq sets en finale, ici, l’année dernière.
“Alcaraz est le plus grand joueur de 21 ans qu’on n’ait jamais connu. C’est sûr, il gagnera beaucoup d’autres Grands Chelems, mais peut-être pas dans deux jours. Il devra attendre que je sois à la retraite pour cela !”, s’est-il amusé au micro. “Blague à part, c’est un immense champion, un joueur très complet et très charismatique. Il m’a battu ici en cinq sets l’an dernier et je m’attends cette fois à un combat tout aussi difficile. Mais j’espère une fin différente…”
Novak Djokovic et Carlos Alcaraz seront le neuvième “couple” de joueurs à s’affronter à plusieurs reprises en finale de Wimbledon. Et les premiers à le faire deux fois d’affilée depuis, bien entendu, ce même Novak Djokovic et Roger Federer en 2014-2015.