Coup par coup, les demi-finalistes d’Indian Wells passés au crible des statistiques
Spécialisée dans l’analyse statistique des matches, la start up britannique TennisViz nous a ouvert sa boîte à data pour nous permettre de passer au crible, secteur par secteur, les quatre demi-finalistes messieurs d’Indian Wells. Instructif.
Il y a le ressenti, toujours forcément un peu subjectif. Et il y a l’analyse, purement objective. Ici, la science confirme l’impression générale : Jannik Sinner a été l’homme dominant de la première partie du tournoi d’Indian Wells, dont il jouera ce soir une demi-finale choc contre Carlos Alcaraz, l’autre demi-finale mettant ensuite aux prises Daniil Medvedev à Tommy Paul.
Les analyses mises ici à notre disposition par TennisViz, en collaboration avec les données de Tennis Data Innovations, révèlent en effet une domination globale de l’Italien dans la plupart des secteurs analysés. Le vainqueur de l’Open d’Australie dispose du meilleur coup droit, du meilleur revers et du meilleur service, ce qui fait quand même beaucoup d’atouts.
Seul secteur dans lequel il est un peu pris à défaut à Indian Wells : le retour, où il est (un peu) à la traîne par rapport aux trois autres demi-finalistes, et par rapport à la moyenne de ses statistiques observées sur l’année écoulée.
Analyse de la « shot quality »
La « shot quality », en français dans le texte la qualité des coups, est notée par TennisViz sur une échelle de 1 à 10. Elle est calculée selon un savant algorithme mélangeant la vitesse, le spin, la profondeur et le placement latéral des frappes. En sachant, pour les coups du fond de court, que la qualité de la balle négociée est elle-même prise en compte.
On n’est pas surpris de voir Sinner dominer trois des quatre secteurs, mais on l’est un peu plus de voir Medvedev en dernière position au service. Il est même sous la note moyenne générale du circuit principal (« Tour avg »). Hormis en coup droit, le Russe, qui rappelait il est vrai avant le tournoi ses difficultés récentes au service, évolue globalement en deçà de ses standards habituels à Indian Wells. Pour l’instant…
Coup droit : Sinner (9.3), Alcaraz (9), Medvedev (8.6), Paul (6.8).
Revers : Sinner (8.6), Paul (7.7), Alcaraz (7.7), Medvedev (7.4).
Service : Sinner (8), Alcaraz (7.9), Paul (7.8), Medvedev (7.4).
Retour : Alcaraz (7.8), Paul (7.5), Medvedev (7.3), Sinner (7.1).
Analyse des situations de jeu
Si l’on regarde maintenant les situations de jeu, Sinner domine également trois des quatre secteurs analysés : « in attack » (en attaque), c’est-à-dire le nombre de coups joués en position offensive ; « conversion », soit le nombre de points remportés lorsque le joueur a été en attaque à l’échange ; enfin, c’est également lui qui remporte le plus de « baseline battles », c’est-à-dire les rallyes du fond de court.
Alcaraz, qui est celui soutenant le mieux la comparaison avec Sinner si l’on fait la synthèse de toutes ces analyses, est pour sa part en tête, largement, dans le secteur « steal », que l’on pourrait traduire par les points remportés après avoir été en situation de défense. Là non plus, ce n’est pas très surprenant vu ses invraisemblables qualités de contre-attaquant.
Plus globalement, les quatre demi-finalistes de ce premier Masters 1 000 de la saison se distinguent par la qualité de leur jeu de fond de court, et par leur réalisme lorsqu’ils sont en position d’attaque : ce sont les deux secteurs dans lesquels ils sont tous les quatre au-dessus de la moyenne générale du circuit.
En attaque : Sinner (26,5%), Alcaraz (25,5%), Paul (25,3%), Medvedev (20,8%).
Conversion : Sinner (76,1%), Alcaraz (74%), Medvedev (73,9%), Paul (70%).
Retournement : Alcaraz (47%), Medvedev (39%), Sinner (36%), Paul (32%).
Fond de court : Sinner (63%), Medvedev (61,5%), Alcaraz (61%), Paul (52%).