Choc de titans et enjeux historiques : Djokovic-Alcaraz, la lutte de classe
Comme l’an dernier, Novak Djokovic et Carlos Alcaraz vont s’affronter ce dimanche en finale de Wimbledon. Une affiche somptueuse, encore une fois bardée d’histoire, de prestige et de suspense.
Attachez vos ceintures. Si ce Wimbledon 2024 n’a pas donné lieu à de grands frissons jusque-là chez les hommes, hormis la litanie de matches en cinq sets (36, un record en Grand Chelem) et la bonne tenue générale des joueurs français, il va déboucher en revanche sur l’épilogue le plus croustillant qui soit : une finale entre le tenant du titre Carlos Alcaraz et le maître des lieux Novak Djokovic, qui joueront un peu plus qu’un match, dimanche.
Evidemment, un Jannik Sinner, n°1 mondial qui le restera quoi qu’il arrive lundi (devant Djokovic et Alcaraz), n’aurait pas dépareillé dans le décor. Mais Djokovic-Alcaraz, c’est peut-être ce qui se fait de mieux en terme de prestige, actuellement. D’abord parce que les deux joueurs seront le septième couple à s’affronter au moins deux fois d’affilée en finale du plus grand tournoi du monde, après Borg-Connors (1977-78), Borg-McEnroe (80-81), Becker-Edberg (1988-90), Federer-Roddick (2004-05), Federer-Nadal (2006-08) et Federer-Djokovic (2014-15). Que des trucs pas trop vilains.
Et puis, Alcaraz-Djokovic, c’est à peu près l’assurance d’un grand match, à l’image de leur finale 2023, remportée en cinq sets par l’Espagnol au terme d’un combat titanesque. Au total, les deux hommes se sont affrontés à cinq reprises (3-2 pour Djokovic) et l’on n’a jamais été déçu, si l’on excepte leur dernier rendez-vous en date, en match de poules du Masters 2023, où Alcaraz était “cramé”.
Leur tout premier duel, en demi-finale du Masters 1 000 de Madrid en 2022, avait été dantesque (victoire d’Alcaraz en 3h36 au tie break du troisième set), tout comme leur finale de Cincinnati l’année dernière (revanche de Djokovic en 3h49 au tie break du troisième set !). Et d’une certaine manière, leur premier match en Grand Chelem, en demi-finale de Roland-Garros en 2023, marqué par les crampes de stress de “Carlitos”, avait été épique, aussi. Comme le disait Djokovic après son succès face à Lorenzo Musetti en demi-finale, on ne s’attend à rien d’autre qu’à un nouveau morceau de légende, dimanche.
Cela dit, les deux hommes sont arrivés en finale de Wimbledon par des voies bien différentes. La route de Carlos Alcaraz, bardé de confiance depuis son sacre à Roland-Garros, semblait tracée, elle s’est d’autant plus dégagée lorsque Daniil Medvedev l’a “débarrassé” d’un Jannik Sinner un peu patraque en quart. Tandis que la présence de Novak Djokovic, opéré du genou il y a un mois au lendemain de son forfait en quart de finale de Roland-Garros (lésion méniscale), tient du miracle. “Quelque part, c’est surréaliste”, a concédé le joueur serbe, qui jouera ici… sa première finale de l’année 2024.
Peu de chances toutefois qu’il s’en contente, tout comme il y a peu de chances que Carlos Alcaraz se laisse grignoter le cerveau par l’adversaire et par l’événement, comme tant d’autres avant lui. Une seule certitude : l’on devrait vivre un sacré moment de sport et d’histoire…
S’il gagne, Djokovic :
- Deviendra le co-recordman (masculin) du nombre de titres à Wimbledon (8), à égalité avec Roger Federer. Chez les femmes, Martina Navratilova en compte 9.
- Remportera son 25ème titre du Grand Chelem, record amélioré.
- Améliorera aussi son record de vainqueur le plus âgé de l’histoire de Wimbledon (37 ans, 53 jours) qu’il détient depuis l’an dernier.
- Décrochera le 99ème titre de sa carrière au total, toujours plus près de Jimmy Connors (109) et Roger Federer (103).
S’il gagne, Alcaraz :
- Deviendra le 4ème joueur de 21 ans ou moins à compter quatre titres du Grand Chelem à son palmarès, après Björn Borg, Mats Wilander et Boris Becker (ère Open).
- Deviendra le 3ème joueur de 21 ans ou moins à compter plusieurs Wimbledon à son palmarès, après Björn Borg et Boris Becker (ère Open).
- Deviendra le 6ème joueur à réussir le doublé Roland-Garros Wimbledon après Rod Laver, Björn Borg, Rafael Nadal, Roger Federer et Novak Djokovic (ère Open).
Ils ont dit
Novak Djokovic : “Carlos nous a tous surpris l’an dernier. En tant qu’Espagnol, et vu la manière dont il joue, le voir gagner à Roland-Garros ou même à l’US Open était moins surprenant que de le voir gagner Wimbledon. Je vois beaucoup de similitudes entre lui et moi dans cette capacité à s’adapter à chaque surface. Je dirais que c’est sa principale caractéristique : il a les armes pour jouer aussi bien sur toutes les surfaces et quel que soit son adversaire. Il est très complet. Ce qu’il a déjà accompli à son âge est impressionnant. On est tous d’accord pour dire qu’il gagnera encore beaucoup de Grands Chelems. Donc j’espère qu’il me laissera celui-là, et ensuite je l’encouragerai !”
Carlos Alcaraz : “L’an dernier, c’était un match extrêmement difficile contre Novak, il m’a vraiment posé de gros problèmes. Au moins, je sais ce que ça fait de jouer contre lui. Je l’ai déjà affronté plusieurs fois en finale de Grand Chelem ou de Masters 1 000. Je sais ce que je dois faire. Et je suis sûr qu’il sait ce qu’il doit faire pour me battre. Cela va être un match intéressant, c’est certains. Mais je suis prêt à relever le challenger et donner le meilleur de moi-même.”