Au bout du suspense, Hurkacz terrasse Rublev en finale et remporte à Shanghai son deuxième Masters 1 000
Au bout d’une finale longtemps monotone avant de s’animer sur la fin, Hubert Hurkacz est venu à bout d’Andrey Rublev pour conquérir ce dimanche à Shanghai son deuxième Masters 1 000, 6-3, 3-6, 7-6(8). Le Polonais, qui a sauvé une balle de match, peut rêver du Masters…
Entre le meilleur serveur du tournoi (98 aces réussis par Hurkacz au total dont 21 ce dimanche) et le meilleur relanceur (18 break réalisés par Rublev dont un seul aujourd’hui), deux hommes par ailleurs tous deux à la recherche de leur deuxième titre en Masters 1 000, la finale de Shanghai a longtemps hésité à choisir son camp.
Elle a basculé dans celui du Polonais après une ultime volte-face : vainqueur 10 points à 8 dans le tie break du troisième set après y avoir été mené 5 points à 2 et sauvé une balle de match, Hubert Hurkacz a finalement raflé la mise 6-3, 3-6, 7-6(8) en 2h06.
Le géant de Wroclaw (1,96 m) remporte ainsi le septième titre de sa carrière. Son deuxième Masters 1 000 après celui de Miami en 2021, année où il avait aussi – sans le savoir – mis un terme à la carrière de Roger Federer, présent ce dimanche dans les tribunes du Qi Zhong Stadium (dont le stade en forme de magnolia avait fermé les pétales de son toit pour cette finale), en étant le dernier joueur à le battre en match officiel, en quart de finale de Wimbledon.
Le tie break, surtout dans un set décisif, est-il une loterie ? On ne répondra pas ici à cette sempiternelle et épineuse question. Mais toujours est-il que celui offert ce dimanche par les deux hommes a été chargé en rebondissements, constituant à vrai dire le temps fort d’une finale jusque-là assez monotone, bien que marquée par l’ovation réservée à Federer.
Pour faire court, chacun des deux joueurs avaient eu sa période. Injouable au service, Hurkacz avait logiquement remporté la première manche en breakant en milieu de set. Rublev avait répliqué dès l’entame du deuxième set en augmentant soudainement l’intensité de ses frappes et en profitant aussi d’une chute drastique du pourcentage de premières balles adverses (de 90% dans le premier set à 57% dans le deuxième).
Le “coup de gueule” de Rublev contre un photographe !
Restait donc à faire la décision dans ce troisième set, qui fut équilibré avec une seule balle de break obtenue de part et d’autre. Aux points, Rublev semblait au-dessus vu qu’il remportait la plupart des échanges, quand ceux-ci voulaient bien s’instaurer. Mais la seule balle de break à laquelle il dut faire face tomba au pire moment : elle était synonyme de balle de match, à 5-4 contre lui. Après avoir poussé un énorme coup de gueule contre un photographe, coupable selon lui d’avoir bougé en plein échange (ce qui lui valut aussi un avertissement), il l’a sauvée d’un ace « challengé » qui mordit la ligne pour quelques millimètres !
Enfin, la finale s’animait et allait donc connaître son épilogue dans l’ultime tie break. Le Russe sembla y prendre une option décisive en se détachant 5 points à 2. Mais Hurkacz sortit alors la mitraillette au service et le poussa à la faute pour reprendre son mini break de retard. C’est aussi évidemment d’un ace (extérieur) qu’il sauva à son tour une balle de match, à 6 points à 5.
Dans la foulée, le Polonais manqua deux nouvelles balles de match à 7-6 et surtout 8-7 sur son service. Mais il conclut finalement service adverse, à 9-8, après un long échange au bout duquel Rublev expédia un coup droit dans le filet.
« Ça été une superbe bataille, très dure sur le plan émotionnel, l’un de ces matches où il faut juste rester dedans et y croire jusqu’au bout. J’y suis parvenu et je suis extrêmement heureux de l’avoir fait », a réagi à chaud le vainqueur, toujours plus à l’aise raquette en mains que devant les micros.
Pas épargné par les surprises, le Masters 1 000 de Shanghai en aura donc connu une (petite) dernière en forme d’épilogue avec ce titre de Hubert Hurkacz qui souffle donc à Rublev le privilège de décrocher avant lui un second titre en Masters 1 000. Ce n’est pas rien, à l’échelle d’une carrière, quand on sait que des champions comme David Ferrer, Jo-Wilfried Tsonga ou Tomas Berdych se sont arrêtés à un.
Un titre qui a son importance, également, en terme mathématique. Il permet en effet à “Hubi” de faire un bond de cinq places à la Race pour se retrouver désormais 11e, à seulement 335 points de Holger Rune, actuellement 8e et dernier virtuel qualifié pour le Masters.
Or, il reste encore un Masters 1 000 à jouer (à Bercy) et avec le niveau qu’il a en cette fin de saison, avec aussi son efficacité en indoor et dans une catégorie de tournois qui lui réussit décidément particulièrement, le Polonais sera une menace considérable pour décrocher cet ultime strapontin pour le tournoi des maîtres.