Au bout du suspense et du spectacle, Rune remporte le duel de la jeunesse face à Sinner et rejoint Rublev en finale de Monte-Carlo
Dominé en début de match puis nettement plus conquérant, Holger Rune a fini par faire plier Jannik Sinner (1-6, 7-5, 7-5) dans une magnifique deuxième demi-finale de Monte-Carlo, ce samedi. Le Danois tentera dimanche de remporter, face à Andrey Rublev, son deuxième Masters 1 000.
Si c’est ça l’avenir du tennis, on signe tout de suite ! Et on en redemande, encore et encore… Le duel de la jeunesse entre Jannik Sinner et Holger Rune a tenu toutes ses promesses et même un peu plus que ça ce samedi à Monte-Carlo, tournant finalement à l’avantage du Danois 1-6, 7-5, 7-5 en 2h46 d’un match à réchauffer n’importe quel corps engourdi par la fraîcheur d’une soirée polaire, et achevé à presque 22h. A 19 ans, quelques mois après son sacre au Rolex Paris Masters, Rune se qualifie ainsi pour sa deuxième finale en Masters 1 000, stade auquel il défiera Andrey Rublev, vainqueur un peu plus tôt de Taylor Fritz.
Entre les deux demi-finales, un point commun : une interruption pluvieuse, survenue ici pendant trois quarts d’heure durant le deuxième set, alors que Rune menait 3-0 après avoir sèchement perdu le premier set. Mais en termes de qualité et de spectacle, pas photo : celle-ci fut bien supérieure, tenant en haleine jusqu’au bout du suspense et du spectacle les courageux spectateurs restés jusqu’au bout de cette soirée glaciale, émerveillés par la simplicité technique et la justesse tactique de ces deux jeunes champions qui, chacun dans leur style, se sont rendus coup pour coup.
Le public, forcément majoritairement Transalpin, soutenait Sinner mais c’est bel et bien Rune qui méritait de l’emporter dans ce troisième set qu’il aura nettement dominé “aux points”, se procurant trois balles de break à 1-2 puis deux autres à 3-4 avant de finalement faire la différence à 5-6, dans un jeu où Sinner menait pourtant 30-0 avant de craquer.
Rare spectacle d’un Sinner énervé par son adversaire
Pendant longtemps, pourtant, c’est l’Italien qui marchait sur le match, avant que Rune ne se mette à tisser peu à peu sa toile et lâcher davantage ses coups. La pluie sembla d’ailleurs elle aussi profiter davantage à Sinner qui, mené alors 3-0, revint avec d’autres intentions et recolla finalement à 5-5. Mais c’est en allant chercher le public, avec des gestes de provocations à la Medvedev, que Rune déclencha le shot d’adrénaline dont il avait besoin.
C’est aussi aussi à ce moment-là que le match bascula dans une autre dimension, pour devenir vraiment superbe. Et parfois aussi tendu, parce qu’il faut quand même y aller pour voir Sinner “énervé”, comme ce fut le cas après son adversaire lorsque celui-ci faillit le percuter en renvoyant (involontairement mais un peu trop brusquement) une balle qui était sortie des limites du court.
Au final, Rune l’a emporté peut-être justement parce qu’il est plus à l’aise pour gérer les ambiances électriques, sans doute aussi parce que la terre battue est une surface un peu plus naturelle pour lui qu’elle ne l’est pour l’Italien, dont le jeu cadencé n’était pas aidé, non plus, par la lourdeur des conditions.
Reste qu’à 21 ans, Jannik Sinner devra encore attendre pour décrocher son premier Masters 1 000 tandis que Holger Rune, lui, devient le premier teenager à jouer la finale de Monte-Carlo depuis Rafael Nadal en 2006. S’il a récupéré physiquement et nerveusement, et sur l’impression générale laissée durant la semaine, il partira favori face à Andrey Rublev. Mais l’on sait bien qu’en tennis plus encore que dans n’importe quel domaine, la vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain.