Alcaraz en Hopman Cup, est-ce vraiment une bonne idée ?
Carlos Alcaraz, le n°1 mondial et tout récent vainqueur de Wimbledon, est la tête d’affiche de la Hopman Cup, cette fin de semaine à Nice. L’Espagnol tient à respecter ses engagements et c’est tout à son honneur. Mais ne risque-t-il pas de le payer ?
Difficile de croire qu’il n’y a pas pensé. L’an dernier, juste après avoir conquis à l’US Open son premier titre du Grand Chelem, Carlos Alcaraz avait tenu à respecter sa sélection pour la phase de groupe de Coupe Davis. Cinq jours après sa finale victorieuse face à Casper Ruud, il était donc à pied d’œuvre, à Valence, où son premier match en tant que n°1 mondial s’était soldé par une défaite face à Felix Auger-Aliassime. Derrière, il ne s’était jamais vraiment remis de cet enchaînement délicat jusqu’à une fin de saison achevée pour lui par un abandon au Rolex Paris Masters, puis un forfait au Masters de Turin et en phase finale de Coupe Davis.
Dix mois plus tard, voilà l’Espagnol exactement dans la même situation. Cinq jours après avoir conquis un historique deuxième titre du Grand Chelem à Wimbledon, il sera déjà sur le pont vendredi à l’occasion de son premier match de Hopman Cup face à David Goffin. Lequel lui rappellera d’ailleurs quelques mauvais souvenirs puisqu’à l’automne dernier, durant sa laborieuse fin de saison 2022, le Belge l’avait cueilli au 1er tour du tournoi d’Astana.
Oui, difficile de croire que Carlos Alcaraz n’a pas repensé à tout ça alors qu’il s’apprête à conduire la formation espagnole sur les terrains du Nice Lawn Tennis Club, où se produit cette fin de semaine (jusqu’à dimanche) le grand retour de la Hopman Cup. Théoriquement, le n°1 mondial doit disputer au moins deux simples et deux doubles mixtes entre vendredi et samedi (la deuxième rencontre face à la Croatie de Borna Coric), aux côtés de sa compatriote Rebeka Masarova. Plus éventuellement deux matches supplémentaires dimanche, en cas de finale.
Alcaraz et Rune à Nice, Ruud et Rublev à Bastad, les autres cadors à la plage
Un brusque changement de contexte auquel s’ajoute un brusque changement de surface, puisque “Carlitos” va aussi devoir remettre les chaussures de terre battue. Il va falloir digérer tout ça, physiquement et mentalement. Sans penser au fait que pendant ce temps, la plupart de ses congénères du top 10 seront en train de se dorer la pilule en vacances. A l’exception de Casper Ruud et Andrey Rublev, tous deux engagés à Bastad cette semaine, mais aussi de Holger Rune, qui dispute également la Hopman Cup, la plupart des cadors sont désormais en pleine coupure de juillet. Celle à laquelle il doit, lui aussi, légitimement aspirer.
Dans une interview donnée hier au quotidien sportif espagnol Marca, Alcaraz a pour sa part déclaré qu’il était très content de participer à la Hopman Cup, et estimait avoir suffisamment de temps de repos avant son entrée en lice. Il n’allait pas dire l’inverse, c’est entendu. Ce mercredi, il était tout de même le seul absent de la grande photo de famille des participants prise par l’organisation lors du cocktail de bienvenue, signe de son besoin de souffler un peu plus.
Que l’on ne nous fasse pas dire ce que l’on n’a pas écrit : nul ne saurait reprocher à Carlos Alcaraz de participer à la Hopman Cup. D’autres que lui auraient peut-être très vite prétexté une blessure pour se désengager, ce qu’il n’a (en tout cas pour l’heure) pas fait. Bravo à lui. Engagé de longue date, l’Espagnol est un (jeune) homme de parole et l’on ne peut que s’en féliciter. D’autant que c’est un coup de boost énorme, sur le plan marketing, pour l’agence organisatrice, Tennium, dont le co-directeur n’est autre que Sébastien Grosjean. Mais sur le pur plan sportif, il faut appeler un chat un chat : ce n’est pas forcément l’idée du siècle.
La question maintenant est de savoir si Carlos Alcaraz la paiera. Et, si oui, quand ? Le n°1 mondial, finaliste à Hambourg l’an passé, ne reviendra pas en Allemagne la semaine prochaine. Il aura donc deux semaines pleines pour recharger les batteries en vue de la tournée nord-américaine. A priori, on devrait le revoir au Masters 1 000 de Toronto, du 7 au 13 août. Où l’on aura une idée forcément un peu plus nette de son état de forme par rapport à la Hopman Cup, dont le prestige historique et la qualité du plateau ne doivent pas faire oublier qu’elle ne met pas en jeu de points ATP ou WTA.
Carlos Alcaraz a le privilège de ses 20 ans, et des facultés de récupération sans doute encore au-dessus de la moyenne, malgré une propension à se blesser. S’il devra rester très vigilant sur ce dernier point, il est possible que ce petit détour niçois reste pour lui sans conséquence. Mais que les spectateurs du Nice LTC, qui hébergeront la Hopman Cup jusqu’en 2027, en profitent : ils n’auront sûrement pas chaque année le privilège de voir jouer le vainqueur sortant de Wimbledon.