Absence de Djokovic, incertitudes autour de Nadal, Medvedev sous pression : et si c’était l’US Open du renouveau ?
L’absence de Novak Djokovic conjuguée aux incertitudes autour la forme de Rafael Nadal et de Daniil Medvedev font de cet US Open 2022, qui débute lundi, un tournoi a priori plus ouvert que jamais chez les hommes. L’occasion unique, pour certains, d’ouvrir leur palmarès en Grand Chelem ?
Quand le chat n’est pas là, c’est bien connu, les souris dansent. S’il avait été là, fort de son titre à Wimbledon et de sa science du jeu sur dur, Novak Djokovic aurait été sans doute été assez unanimement considéré comme le favori de l’US Open. Mais Novak Djokovic n’est pas là, finalement empêché de pénétrer sur le territoire américain comme tous les ressortissants étrangers non vaccinés contre le Covid 19. Alors si Novak est absent, qui est en pole des pronostics pour remporter le titre ?
Vous nous direz qu’il reste un gros chat, et même deux : Rafael Nadal, quadruple vainqueur du tournoi et meilleur joueur de la saison, ainsi que Daniil Medvedev, le tenant du titre et n°1 mondial. Mais pour les deux, il y a un “mais”. Et même un gros pour Rafael Nadal qui n’a jamais remporté l’US Open sans la moindre victoire préparatoire sur dur, comme c’est le cas cette année puisqu’après sa déchirure abdominale et son forfait en demi-finale de Wimbledon, il n’a repris la compétition qu’à Cincinnati où il a été battu d’entrée par Borna Coric, futur vainqueur du tournoi.
Certes, l’Espagnol avait néanmoins affiché un niveau de jeu déjà très honorable pour une reprise, certes il a poursuivi depuis sa montée en puissance à l’entraînement, et certes il a gagné l’Open d’Australie en début d’année alors qu’il revenait à peine après plusieurs mois d’absence, tout comme il a gagné Roland-Garros alors qu’on le croyait moribond après la rechute de sa blessure au pied. A tout seigneur, tout honneur, il demeure néanmoins l’un des grands favoris sinon le principal favori du tournoi, d’autant qu’on sait bien que l’absence de Djokovic entraîne toujours un gros coup de boost dans son capital confiance.
Reste que les faits sont là : Nadal n’arrive pas dans les conditions optimales dans un tournoi où il a souvent payé les pots cassés de sa débauche d’énergie. Il a confirmé qu’il demeurait précautionneux au service par crainte pour ses abdominaux, encore fragiles et susceptibles de casser plus facilement qu’en temps “normal”. Sans parler du mystère concernant l’état de santé de son épouse, qui est enceinte de leur premier enfant – attendu pour octobre – mais qui aurait été admise dans une clinique de Palma de Majorque pour des complications liées à cette grossesse. On n’en sait pas plus.
Bref, s’il est impossible de sous-estimer l’incroyable force de vaincre de Nadal, on ne peut pas non plus occulter les questions qui demeurent à son sujet. Tout comme celles autour du véritable état de forme de Daniil Medvedev qui, malgré son titre décroché début août à Los Cabos, renvoie globalement l’impression d’être un poil moins saignant que l’an dernier quand, au paroxysme de son talent, il avait décroché son premier Grand Chelem en surclassant Novak Djokovic. Comme si sa dynamique avait été un peu stoppée par cette dramatique finale perdue en début d’année en Australie contre Rafael Nadal, sans parler d’une hernie inguinale opérée au printemps et de son éviction de Wimbledon en raison de la Guerre en Ukraine. C’est vrai, le protégé de Gilles Cervara n’a pas été épargné cette saison.
Je crois vraiment qu’un joueur va saisir sa chance cette année. Je verrais bien Nick Kyrgios.
Marion Bartoli, dans Match Points
Sachant qu’Andy Murray, Dominic Thiem, Stan Wawrinka et Marin Cilic, les quatre autres anciens vainqueurs de l’US Open dans le tableau, ne semblent pas ou plus pouvoir à l’heure actuelle prétendre à un statut de favori, l’heure n’est-elle donc pas venue d’assister au couronnement d’un tout nouveau vainqueur en Grand Chelem ?
Notre consultante Marion Bartoli, en tout cas, y croit dur comme fer. “On l’a vu à Cincinnati : quand Novak n’est pas là, quand Nadal est moins en forme, cela laisse la porte ouverte à un très grand nombre de joueurs qui subitement croient beaucoup plus en leurs chances, analyse l’ancienne championne de Wimbledon dans le dernier épisode de notre podcast Match Points. Je crois vraiment qu’on va avoir des surprises cette année dans le tableau masculin et qu’un joueur va en profiter pour saisir sa chance. Je verrais bien par exemple Nick Kyrgios, qui est dans la forme de sa vie.”
Quoi qu’il en soit, cet US Open, qui sera le premier sans Roger Federer ni Novak Djokovic depuis 1998, s’annonce plus ouvert que jamais, en rappelant aussi l’absence d’Alexander Zverev, pas encore tout à fait remis de son entorse de la cheville contractée à Roland-Garros. Il y aura des places à prendre, c’est une certitude. Et ça change, dans des tableaux masculins cadenassés depuis tant d’année par les cadors. “C’est sûr qu’il y encore cinq ans, à mes débuts sur le circuit, on retrouvait toujours Andy, Novak, Roger et Rafa dans le dernier carré, opinait hier Daniil Medvedev lors de sa conférence de presse. Pour les autres joueurs, ça devait être dur. Ils savaient qu’ils allaient forcément devoir les affronter à un moment ou à un autre…”
Près d’une dizaine de prétendants : Nadal, Medvedev mais aussi Alcaraz, Tsitsipas, Kyrgios voire Ruud, Sinner, etc.
Il faut croire que les temps ont commencé à changer, notamment à l’US Open qui, contrairement aux trois autres tournois majeurs toujours confisqués par le Big Three depuis plusieurs années, s’est ouvert ces deux dernières éditions à deux “primo” vainqueurs, Dominic Thiem en 2020 et Daniil Medvedev, donc, en 2021. Certes à chaque fois dans un contexte un peu particulier, mais tout de même : cela ne peut que renforcer la croyance d’un certain nombre de joueurs en leur capacité à décrocher la timbale à New York.
Combien sont-ils exactement à pouvoir gagner cette année ? Dur à définir précisément mais la liste des vainqueurs potentiels n’a jamais paru si longue. Outre Daniil Medvedev et Rafael Nadal qui restent en haut de la pile, on peut sans douter citer en premier lieu, par ordre de classement, Carlos Alcaraz, Stefanos Tsitsipas et Nick Kyrgios. Mais des joueurs comme Casper Ruud et Jannik Sinner ne semblent pas loin derrière et l’on se demande à quel point on doit croire en les chances d’outsiders comme Cameron Norrie, Hubert Hurkacz, Andrey Rublev, Taylor Fritz et Matteo Berrettini, sans oublier bien sûr Borna Coric. Un petit tour sur les sites de paris le montre bien : les positions ne sont pas clairement décantées. Jamais peut-être l’US Open n’aura si bien porté son nom.