Ruud dompte Rune et devient le premier Norvégien en demi-finale de Grand Chelem
Casper Ruud a gagné trois manches à une (6-1, 4-6, 7-6 [2], 6-3) contre Holger Vitus Nodskov Rune, ce mercredi en quarts de finale de Roland-Garros. Il sera opposé au Croate Marin Čilić, tête de série n°20 en demi-finale.
Ce n’est plus une raquette qu’il a entre les mains, c’est une plume. Plus le temps passe, plus Casper Ruud écrit l’histoire du tennis de son pays. Meilleur joueur masculin – déjà, à 23 ans – depuis qu’il a surpassé son père et entraîneur, prénommé Christian, Casper Ruud est devenu la première personne norvégienne à atteindre les demi-finales d’un tournoi du Grand Chelem, en simple, depuis Molla Bjurstedt lors de l’US Open 1918. Titrée à New York pour la quatrième fois de suite cette année-la, cette dernière y avait également soulevé le trophée en 1920, 1921, 1922 et 1925, après avoir pris la nationalité américaine.
Lors d’un duel terminé un peu avant 1h du matin, après 3h15 de jeu, la tête de série numéro 8 a remporté le choc scandinave des quarts de finale de Roland-Garros. 6-1, 4-6, 7-6[2], 6-3 face à la surprise danoise Holger Rune, 19 ans et 40e mondial. “C’était la troisième fois que je l’affrontais (trois victoires)”, a rappelé le natif d’Oslo lors de l’interview sur le court. “Il a beaucoup progressé. Il est devenu plus dangereux, plus imprévisible. C’est un grand défi de l’affronter. Il va encore s’améliorer.”
L’an passé, Ruud avait croisé la route de Rune deux fois. Bilan, deux victoires écrasantes : 6-2, 6-1 à Monte-Carlo, 6-0, 6-2 à Bastad. Sur le court Philippe Chatrier, le scénario a d’abord commencé de façon similaire. Usant de son (sur)lift de coup droit – l’un des plus impressionnant dur circuit, “super lift” l’avait complimenté le fantasque Alexander Bublik à Madrid l’an passé -, il a enfoncé son adversaire du soir côté revers. Au point de rapidement mené 6-1, 3-2 break et 40-0 sur son service.
Maman Rune priée, par son fiston, de quitter les tribunes
Alors qu’il tenait la rencontre d’une poigne ferme, celui qui a vaincu Jo-Wilfried Tsonga pour l’ultime match en carrière du Français a relâché l’étreinte. Commettant trois fautes directes, il a concédé le débreak malgré le matelas moelleux qu’il avait dans ce jeu. Face à un adversaire revigoré, plus précis pour placer ses gifles et utilisant judicieusement son sens de l’amortie, essentiellement en revers, Ruud a craqué une nouvelle fois. A 6-1, 4-5, en voyant ainsi s’envoler la seconde manche.
Malgré ça, son calme et son faciès toujours neutre, comme taillé dans la glace, lui permettait de rester illisible, alors que son jeune rival, émotif, laissait tout transparaître en exultant après le gain d’un point important, ou en pestant après un raté. En réussissant le break à 6-1, 4-6, 3-3, Ruud a provoqué la foudre de Rune, qui s’est mis à hurler envers son box pour demander à sa mère de quitter les tribunes. A contrecœur, maman Rune s’est exécutée.
Une colère payante. Alors qu’il avait repris les commandes, le prénommé “Casper” a une nouvelle fois vu revenir le tombeur de Stéfanos Tsitsipás. Débreak. Malgré une occasion de s’emparer à nouveau de l’engagement adverse à 5-5, le Norvégien a dû passer par un jeu décisif, qu’il a survolé. En patron, sept points à deux. Puis, jusqu’au bout, il a su conservé l’ascendant psychologique contre un Danois dont l’attitude commençait un tantinet à l’agacer.
Rune a donné à Ruud une poignée de main glaciale
Rune ne cessant de contester les marques et de demander des vérifications sans lui faire confiance, Ruud, comptant parmi les joueurs les plus fair-play du circuit, avait fini par lui demander pourquoi il avait besoin de contester autant. Ce à quoi le Danois lui a répondu de se taire, comme l’a expliqué le vainqueur après la rencontre. Un épisode survenu à 4-3 dans le troisième acte, après que le “blondinet” venu de Copenhague, un poil dans l’exagération, se laissant emporter par son envie débordante de gagner, se soit avancé jusqu’au filet pour voir de plus près une trace très nettement dans le couloir. Si nettement que l’arbitre n’a même pas pris la peine de répondre favorablement au geste de Rune, lui demandant, de son index, de descendre de la chaise.
Lors du dernier round, après deux opportunités de se détacher d’entrée, le plus âgé des deux est parvenu à faire la différence, à 4-3. Sur sa sixième occasion du set. Quelques instants plus tard, sur un dernier coup droit autoritaire et une ultime contestation de son opposant, il pliait l’affaire, puis s’avançait au filet pour la poignée de main. Et il aurait dû préparer les gants. Celle-ci a été glaciale et l’a poussé, lui le placide Casper Ruud, a secoué légèrement la tête en signe de désapprobation.
En demi-finale, Casper Ruud affrontera Marin Čilić, tête de série numéro 20 et tombeur d’Andrey Rublev, 7e du classement ATP, plus tôt dans la journée. En cas de succès, il s’imposerait encore davantage en héritier de Molla Bjurstedt, dernière personne norvégienne à avoir atteint une finale de Majeur. En simple. Car, ce jeudi, une autre native d’Oslo est à l’honneur. Associée au Belge Joran Vliegen, Ulrikke Eikeri, 29 ans, dispute la finale du double mixte face à la paire tête de série numéro 2 composée de Ena Shibahara et Wesley Koolhof.
“Oui, c’est un grand jour pour la Norvège, mais il y déjà une Norvégienne en finale avant moi”, a rappelé Ruud devant le public. “Demain, j’irai sûrement voir jouer Ulrikke. Puis je me concentrerai sur ma demi-finale contre Marin.” Face à Čilić, il a remporté ses deux précédent duels. Un sur dur l’an passé, l’autre sur terre en 2020.
Les autres affiches des quarts de finale à Roland-Garros (Grand Chelem, Stade Roland-Garros, terre battue, 43.600.000 EUR, les résultats s’affichent du plus récent au plus ancien) :
- Marin Čilić – Andrey Rublev (N.7) : 5-7, 6-3, 6-4, 3-6, 7-6 [2]
- Rafael Nadal (N.5) – Novak Djokovic (N.1) : 6-2, 4-6, 6-2, 7-6 [4]
- Alexander Zverev (N.3) – Carlos Alcaraz (N.6) : 6-4, 6-4, 4-6, 7-6 [7]