Roland-Garros se jouera bien avec du public, mais pas les night-sessions (sauf une)
Roland-Garros a confirmé mercredi que le tournoi pourra accueillir du public pendant toute la durée de la quinzaine, sous réserve que l’épidémie reste sous contrôle d’ici là. Seules les sessions de nuit, faute d’exception au couvre-feu, devront se dérouler à huis-clos, en dehors de celle du 9 juin.
Le pari de Roland-Garros est en passe d’être gagné. A moins de trois semaines du début du tournoi, les organisateurs du Grand Chelem parisien ont affiché mercredi leur optimisme quant à la présence de public pendant les quinze jours de compétition pour les tableaux principaux, même si les autorités publiques n’ont pas autorisé la FFT à déroger au droit commun, comme l’avait laissé entendre Jean-Michel Blanquer.
5 000 spectateurs par jour, puis 13 000 pour la fin du tournoi
En France, la jauge sera limitée, à compter du 19 mai, à 35% de la capacité d’accueil dans une limite de 1 000 spectateurs maximum pour chaque Etablissement Recevant du Public en Plein Air. Roland-Garros pourra se diviser en six zones dites “ERPPA”, ce qui permettra d’accueillir jusqu’à 5 388 spectateurs par jour sur l’ensemble du site entre le 30 mai et le 8 juin, et 1000 personnes par court, Chatrier inclus (ou 35% pour les courts de moins de 3500 personnes).
“Il y aura une régulation plus forte que d’habitude, a indiqué Amélie Oudéa-Castera. Nous avons garanti aux pouvoirs publics qu’il n’y aura pas plus de 1000 personnes par ERP grâce à nos personnels. Roland-Garros ne sera pas une free zone. Par un système de rustines sur les sièges et de bâches, il sera facile de visualiser les places restantes. Nous avons un stade de 12 hectares.” La FFT, au cours d’une conférence de presse d’1 heure 30, a indiqué que les travaux d’agrandissement de Roland-Garros étaient achevés après six ans de travaux. Dans sa nouvelle configuration, le stade possède une allée centrale de 700 mètres de long et a pu doublé le volume de l’allée adjacente au court Chatrier, de 15 à 30 mètres.
“Nous avons été récompensés du choix que nous avons fait de reporter le tournoi de Roland-Garros d’une semaine, s’est félicité Gilles Moretton, le président de la Fédération française de tennis. Nous avions deux objectifs : le plus de spectateurs possibles et la garantie de la sécurité sanitaire. Nous avons déployé une énergie énorme pour y parvenir. Roland-Garros est un grand tournoi et le poumon économique du tennis français. Roland-Garros bénéficie à nos clubs, nos comités départementaux et nos ligues.”
Aucune exemption au couvre-feu, qui sera décalé de 19 heures à 21 heures à partir du 19 mai, n’a été accordée par le gouvernement. Les sessions de nuit, organisées cette année pour la première fois de l’histoire de Roland-Garros, se dérouleront ainsi à huis-clos jusqu’au 8 juin. Seule celle du 9 juin, la dernière au programme, pourra accueillir jusqu’à 5 000 spectateurs, la limite fixée par le gouvernement pour les événements sportifs à compter de cette date. A condition toutefois pour les spectateurs d’être en possession d’un pass sanitaire sur l’application Tous AntiCovid. Celle-ci devra renseigner d’un test PCR négatif de moins de 48 heures, une couverture vaccinale ou un certificat de rémission datant de moins de six mois. Les personnes venant de l’étranger devront fournir les mêmes documents pour être admis.
Un protocole sanitaire toujours aussi strict pour les joueuses et joueurs
Roland-Garros pourra ainsi recevoir jusqu’à 13.146 pour les cinq derniers jours de compétition. Les finales des tournois féminin et masculin feront l’objet d’une opération spéciale, “Tous en finale”, avec 5000 billets vendus sur le court Philippe-Chatrier et 5000 autres sur le court Suzanne-Lenglen, pour assister aux rencontres sur écran géant. Ainsi, Roland-Garros arrivera à un total de 118.611 billets vendus sur la quinzaine, contre 15.000 en 2021 et 500.000 en temps normal.
“Il reste un manque à gagner très significatif par rapport à une édition normale et notre budget prévisionnel qui prévoyait toutes les night sessions avec billetterie, a indiqué la directrice générale Amélie Oudéa-Castera. Nous sommes le seul Grand Chelem impacté deux fois par la Covid-19. Il y aura des enjeux d’assainissement financier de notre situation à gérer dans un deuxième temps.”
Les organisateurs ont aussi précisé les conditions d’accueil des joueurs, qui seront soumis à un protocole encore strict proche de celui de 2020, même si le mot de “bulle” n’a pas été prononcé. Guy Forget, le directeur du tournoi, l’a détaillé ainsi :
- Deux hôtels pour les joueuses et joueurs, sans exception (pas de maison privée ou de résidence alternative) ;
- Test PCR à l’arrivée puis tous les quatre jours ;
- … sauf pour les vacciné(e)s, même si Forget n’a pas été très précis sur l’inconditionnalité de cette mesure quand il a été relancé ;
- Présence au stade seulement pour jouer en compétition ;
- Deux accréditations pour l’entourage par joueuse et joueur du tableau final.
Forget a aussi précisé que le prize-money serait en légère baisse, pour se fixer autour de 34 millions d’euros. “Nous sommes le Grand Chelem avec le plus petit écart entre Nadal (ou le futur vainqueur, ndlr) et le perdant du 1er tour”, a-t-il soufflé, avec un rapport d’un pour 23. Les joueuses et joueurs éliminés au premier tour du tableau final toucheront 60.000 euros, avec l’objectif clairement affiché par la FFT de soutenir une partie des frais annuels des joueurs les moins bien classés.
Les dirigeants de la FFT se sont montrés extrêmement heureux, voire excités, par la perspective d’un événement capable de recevoir sept fois plus de public qu’à l’automne dernier. Mais leurs services ont aussi appris à gérer les contrariétés, eux qui espéraient, selon nos informations, 12.000 spectateurs par jour et qui ont dû réinventer le tournoi en catastrophe en 2020.
“Depuis l’an dernier, on sait que de mauvaises nouvelles peuvent arriver au dernier moment, a reconnu Amélie Oudéa-Castera. On l’a en tête. On avance pas à pas en toute transparence. L’agilité fait partie de notre vie maintenant. On croise les doigts pour qu’il n’y ait pas de mauvaise nouvelle (reprise de l’épidémie et mesures de freinage, ndlr), mais on sait que ça peut arriver. Le risque zéro n’existe pas.”