Moutet : “Pour gagner, j’aurais encore joué une heure”
Corentin Moutet a disputé, et perdu, le deuxième match le plus long de l’histoire de Roland-Garros, avec un dernier set de trois heures lundi face au qualifié italien Lorenzo Giustino (0-6, 7-6, 7-6, 2-6, 18-16).
Ce lundi, Corentin Moutet est rentré dans l’histoire de Roland-Garros. Il a effectué le deuxième match le plus long de l’histoire du tournoi, en 6h05. Mais il s’est incliné face à Lorenzo Giustino, en cinq manches. Le Tricolore a réagi en conférence de presse d’après-match.
Corentin, quel est votre ressenti ?
Mon ressenti, je ne sais pas, le match a été très long. Je ne ressens rien dans mon corps, je me sens vidé.
Le match a duré un peu plus de six heures. Est-ce que vous regardiez le chronomètre de temps en temps ? C’est le deuxième match le plus long de l’histoire à Roland-Garros, vous sentiez-vous de continuer encore le plus longtemps possible encore ?
Honnêtement, j’aurais préféré que ça dure un peu moins longtemps. Ce qui voudrait dire que j’aurais gagné mes jeux de service pour finir le match. Après, oui, j’étais prêt à continuer pendant plusieurs heures. Je ne sais pas si j’aurais tenu physiquement. Je pense qu’on était tous les deux fatigués. Ce sont des conditions très éprouvantes physiquement. Déjà, de jouer un match normal avec ces conditions, ce n’est pas facile. Quand on joue plus de six heures, c’est sûr que c’était compliqué à la fin. S’il fallait jouer encore une heure pour gagner, j’aurais joué volontiers une heure.
“C’est sûr que cette nuit, je vais le sentir”
Sur quoi est-ce que ça se joue du coup, à la fin, sur les derniers jeux ? Un peu de chance, un peu de petit bras ?
Sur pas grand-chose, des détails. Je ne sais même pas… Sur mes fautes directes, sur ses coups gagnants, sur plein de choses. J’ai eu des occasions, je ne les ai pas saisies. Pourtant, j’en ai eu pas mal. Voilà, j’ai perdu le match parce qu’il y a forcément eu des points qu’il a gagnés et que j’aurais dû gagner. Sur quoi précisément ça s’est joué, je ne sais pas trop. Il m’a posé beaucoup de problèmes avec son jeu. Il a très bien joué, c’est un très bon joueur. Même s’il sort des qualifications, ce n’est pas du tout péjoratif pour lui. Je pense que c’est un bon joueur. Il a déjà gagné quatre matchs. Franchement, je n’ai aucune honte d’avoir perdu contre ce joueur, à part la déception d’avoir perdu, comme ça aurait été le cas contre n’importe quel joueur. Bravo à lui. On a joué beaucoup et très longtemps. Est-ce qu’il a été plus courageux que moi, je ne sais pas… En tout cas, il a gagné, il a tenu physiquement et dans la tête. Donc bravo à lui.
Est-ce encore plus dur de perdre en six heures qu’en deux ou trois heures ?
C’est plus dur physiquement, déjà. C’est sûr que cette nuit, je vais le sentir. Je ne vais pas pouvoir faire de grandes folies (sourire). Mais physiquement, dans la tête, c’est sûr que ça fait plus mal, parce que j’ai passé beaucoup de temps sur le terrain. Sinon, ça fait toujours mal de perdre, surtout sur un tournoi du Grand Chelem à Paris. Il y avait quand même des spectateurs. C’était vraiment cool, ils sont venus me voir et m’encourager, malgré le public restreint. Merci à eux. Franchement, il y avait tout pour que je gagne, enfin tout le monde a tout fait pour. Mais je n’ai pas réussi. Après, si j’avais perdu en deux heures, je l’aurais peut-être plus senti venir, ça aurait sûrement fait un peu moins mal. Mais je pense qu’il ne faut pas être sorcier pour le deviner.
On imagine que la période est très dure. Allez-vous pouvoir retrouver vos proches ? Est-ce que c’est le seul petit point positif, peut-être ?
C’est compliqué, parce qu’on a peur. Moi, j’ai peur d’être testé positif, parce que si je suis positif, ça voudrait dire que je ne peux plus pratiquer mon métier. Donc c’est vrai que l’on est un peu poussés à rester tout seul, que ce soit en dehors des tournois ou pendant les tournois. C’est un peu compliqué de devoir rester à l’hôtel, loin de ses proches, surtout quand j’habite à trois minutes… Mais c’est pareil pour tout le monde. Je ne dis pas que je suis plus malheureux qu’un autre. Je dis juste que c’est compliqué de ne pas voir sa famille, de ne pas partager ça avec eux, alors que j’ai l’habitude de le faire chaque année. Ce n’était pas possible cette année, c’est dommage mais c’est pour le bien de tous, et c’est nécessaire. Il y a des choses qui sont plus importantes que notre bien-être, en tant que joueurs de tennis. Il faut faire avec. Mais c’est sûr que ce n’est pas facile. Déjà que sur le circuit, on est amené à être beaucoup seul, à ne pas voir beaucoup ses proches… Là, on les voit encore moins.