De Leconte à Tsonga, via Recouderc et Mina, les destins incertains des meilleurs juniors français à Roland-Garros
Tennis Majors a analysé les performances des demi-finalistes juniors français de Roland depuis 1978, alors que quatre Tricolores sont en demi-finale d’une historique édition 2021.
Quatre Français étaient en demi-finale de Roland-Garros juniors 2021 : Arthur Fils, Luca Van Assche – ils s’affrontent pour le titre – Giovanni Mpetshi Perricard et Sean Cuenin. Cette performance collective est exceptionnelle. Elle résonne particulièrement l’année où le tennis français semble avoir touché le fond. Il faut en tempérer l’impact : briller à Roland-Garros en catégorie junior ne garantit pas une carrière professionnelle faite de performances de marque en Grand Chelem et de titres remportés.
Depuis 1978, année jusqu’à laquelle l’ITF a remonté ses archives, 24 Français ont atteint les demi-finales de Roland-Garros juniors. Certains, plus tard, sont allés en deuxième semaine voire en demies ou finale de Grand Chelem (Tsonga, Leconte), d’autres ont gravité autour de la 100e place mondiale (Recouderc, Halys). D’autres, enfin, ne sont jamais parvenus à s’illustrer de manière significative dans un tournoi majeur (Huard, Mina).
Loin du top 100 et sans résultats en Grand Chelem
Dans les années 1980 et 1990, quatre Français aujourd’hui méconnus étaient parvenus, au moins en demi-finale du tournoi juniors de Roland-Garros. Un seul d’entre eux a disputé le tableau principal du Grand Chelem parisien : Stéphane Grenier, au mieux 192e mondial, qui s’était qualifié pour le 2e tour en 1990, quatre ans après avoir perdu en finale de l’édition juniors. Franck Février (au mieux 421e), demi-finaliste juniors en 1983, Nicolas Kischkewitz (260e à son meilleur), dans le dernier carré en 1992, et Maxime Huard (225e), à ce stade en 1994, n’ont pas eu cette chance.
Plus récemment, quatre sont allés en demi-finale sans réussir à s’illustrer sur le circuit principal. Gianni Mina, finaliste de l’édition 2009 contre un autre inconnu, Daniel Berta (637e au mieux), avait reçu une invitation pour le tableau principal et s’était incliné sur le Suzanne-Lenglen contre Rafael Nadal, dans le grand tableau, l’année d’après. 219e au mieux, il a arrêté sa carrière cette saison.
“J’avais réussi un bon match, mais je n’avais rien fait, a-t-il déclaré récemment à L’Equipe. Le public, les directeurs de tournois, les médias… On vous donne une stature que vous n’avez pas demandée et que vous devez assumer. Ça rajoute beaucoup de pression.” Mina vient d’arrêter sa carrière.
Si Tristan Lamasine (demi-finaliste en 2011), Corentin Denolly (demi-finaliste en 2015) et Geoffrey Blancaneaux (vainqueur en 2016 contre Auger-Aliassime) sont encore en pleine carrière, ils ne se sont, pour l’heure, pas illustrés sur le circuit principal et restent à distance du top 100 : Lamasine (252e, au mieux 181e) a disputé un match en Grand Chelem, Denolly (353e, au mieux 289e) n’a pas dépassé le 2e tour des qualifs à Roland, et Blancaneaux (319e, au mieux 264e), s’était incliné au premier tour de l’US Open 2016 après avoir reçu une invitation.
Ils ont gravité autour du Top 100 et ont gagné en Grand Chelem
Ceux-là ont vécu ou vivent une carrière autour des 100 meilleurs joueurs mondiaux, avec quelques matches gagnés en Grand Chelem, voire des finales sur le circuit. Loïc Courteau, finaliste en 1982 contre son compatriote Tarik Benhabiles, a été 93e mondial au pic de sa carrière avec comme meilleur résultat un troisième tour à Wimbledon, en 1983 et un deuxième tour Porte d’Auteuil.
Cinq ans après sa finale en juniors, Laurent Recouderc, invité en qualifs en 2007, en était sorti et s’était payé Sam Querrey, 67e mondial, alors qu’il était 306e mondial. Il avait ensuite pris une manche à Novak Djokovic, 6e mondial, qui avait déclaré : “Laurent a des qualités indéniables et mérite d’être mieux classé. Il m’a donné du fil à retordre.” Le Toulousain a atteint son meilleur classement (124e) en 2009, et se sera illustré sur les circuits secondaires : 3 titres en Challenger, 13 titres en Future.
Quentin Halys (à droite sur la photo de tête) est un personnage connu du tennis français. Il s’est approché des 100 meilleurs mondiaux (102e), a passé un tour à l’Open d’Australie et à Roland-Garros en 2016, deux ans après sa demi-finale en juniors à Paris. Le pensionnaire du TC Paris, qui a disputé dix tableaux principaux en Grand Chelem, est actuellement 223e mondial, et s’est incliné au dernier tour des qualifications cette année.
Ils sont allés en deuxième semaine de Grand Chelem
Ils sont plusieurs, depuis 1978, à avoir atteint au moins les demi-finales de Roland-Garros juniors, et des deuxièmes semaines en Grand Chelem ainsi que le gain de quelques titres en seniors. Tarik Benhabiles, qui avait remporté Roland juniors en 1982, a atteint les huitièmes de finale Porte d’Auteuil en 1987, s’inclinant contre Mats Wilander. 22e mondial à son meilleur, il a disputé et perdu deux finales sur le circuit.
Fabrice Santoro (photo de tête) avait remporté l’édition 1989 à 16 ans, au bout du suspense contre l’Américain Jared Palmer. Le magicien, futur 17e mondial (en 2001), avait ensuite réalisé une belle carrière ponctuée de 6 titres, un huitième à Roland en 2001 et un quart de finale à l’Open d’Australie 2006.
Arnaud Di Pasquale a eu un moins bons classement que les deux précédemment cités (39e), mais a une ligne de palmarès dont peu peuvent se vanter : une médaille olympique, de bronze, acquise en Sydney, en 2000. Sa meilleure perf’ en Grand Chelem ? Un huitième de finale à Roland, en 2002, cinq après sa demie chez les juniors.
Paul-Henri Mathieu et Nicolas Mahut s’étaient partagés l’affiche de la finale en 2000. Le premier, vainqueur, a disputé six huitièmes de finale dont deux à Paris (2002 et 2008), atteint le 12e rang mondial et remporté 4 titres ATP. C’est le même total que l’Angevin, qui a réussi la prouesse de rallier à trois reprises le 3e tour de Roland-Garros (2012, 2015 et 2019) et les huitièmes à Wimbledon (2016), sur sa surface préférée, le gazon. Avec 4 Grands Chelems remportés et une place de numéro 1 mondial, Mahut fait partie des meilleurs joueurs du monde en double.
Ils sont allés au moins en demi-finale de Grand Chelem
Henri Leconte à la folie. “Riton” avait remporté Roland juniors en 1980 et perdu en demi-finale contre Wilander l’année suivante, avant de devenir l’un des meilleurs joueurs français de l’histoire. L’ex-5e mondial était parvenu en finale du Grand Chelem parisien en 1988, battu par ce même Wilander. On peut ajouter deux demies ici-même en 1986 et 1992, et une demie à Wimbledon en 1986.
Trois des quatre Mousquetaires ont atteint au minimum les demi-finales de Roland-Garros en juniors. Manque juste Gilles Simon. L’année où Wawrinka a triomphé, en 2003, Jo-Wilfried Tsonga était en demies. Il est devenu le plus grand tennisman français du XXIe siècle, avec 18 titres, une finale à l’Open d’Australie en 2008 et quatre demi-finales en Grand Chelem, à Roland-Garros (2013 et 2015) et à Wimbledon (2011 et 2012). Le Manceau est actuellement 77e.
L’année précédente, Richard Gasquet l’avait emporté contre son compatriote Laurent Recouderc. Le “Mozart du tennis français” a réalisé une carrière peut-être en-deçà des attentes, mais l’actuel 53e mondial a atteint trois demi-finales de Grand Chelem : Wimbledon en 2007 et 2015 et l’US Open en 2013, ainsi qu’un quart à Roland-Garros en 2016. Avec 15 trophées ATP remportés, il est l’un des tricolores les plus titrés.
Gaël Monfils a remporté 5 titres de moins et une demi-finale de Majeur en moins. Mais le vainqueur de l’édition juniors 2004 aura, comme Tsonga et Gasquet, marqué la période 2005-2020 et enchanté le public français à Roland-Garros, où il avait atteint les demies en 2008. Il est encore dans le top 20.
Loin, cependant, des rêves de titres en Grand Chelem manifestés par Fils, Van Assche et les autres depuis le début de la semaine.