De machine à gagner à joueur vulnérable et fragile : ça fait 10 ans que Nadal n’est plus le même après Roland-Garros
En 2010, Rafael Nadal remporte l’US Open et finalise sa quête de tous les Grands Chelems. À partir de l’année suivante, son investissement sur la deuxième partie de saison a commencé à décliner. Tennis Majors a analysé les performances et les choix de l’Espagnol après Roland-Garros sur les dix dernières saisons.
L’annonce de l’absence de Nadal à Wimbledon et aux Jeux Olympiques a suscité chez les fans de l’Espagnol une émotion légitime. Déjà marqués par la défaite de l’Espagnol en demi-finale de Roland-Garros et les propos de son coach Carlos Moya sur son usure mentale, ils commencent à susciter l’idée que Nadal, 35 ans, va se faire de plus en plus rare sur le circuit.
Pourtant l’absence de Nadal sur le circuit jusqu’à nouvel ordre ne devrait pas étonner plus de quelques secondes. L’Espagnol ne donne plus sa pleine mesure en deuxième partie de saison depuis bien longtemps et ce type d’impasse, choisie ou subie, est la règle depuis plus de dix ans. Depuis 2010 et son premier sacre à l’US Open, qui lui avait permis de remporter le dernier tournoi du Grand Chelem qui manquait à son palmarès, le natif de Manacor gagne moins, se blesse plus, au point d’être une force discrète du circuit. Jamais, en tout cas, il n’est en mesure de competir (l’un de ses mots préférés) de façon constante.
21 titres “seulement” en deuxième partie de saison
Ce n’est un secret pour personne, Nadal a remporté l’immense majorité de ses titres sur terre battue. Sur ses 88 trophées en carrière, il en a glané 62 sur sa surface favorite, tous entre février et la mi-juin. L’ancien protégé de Toni Nadal a également remporté cinq titres supplémentaires sur dur sur la première moitié de la saison (Open d’Australie, Acapulco, Dubaï, Indian Wells à deux reprises), portant son total à 67 titres sur le premier entre janvier et Roland-Garros.
Passé le rendez-vous de la Porte d’Auteuil, le roi de la terre battue affiche un palmarès plus ordinaire. Sur ses 88 titres, le double vainqueur de Wimbledon n’en a remporté “que” 21 après Roland-Garros. Les défaites les plus improbables de sa carrière ont même souvent eu lieu dans la foulée du majeur parisien comme celles face à Gilles Müller, Lukas Rosol ou encore Dustin Brown à Wimbledon
17 forfaits ou abandons sur dur depuis 2017
Depuis 2011, Nadal a manqué cinq tournois du Grand Chelem pour cause de blessure (hors abandon en cours de tournoi). Dont quatre en deuxième partie de saison : à Wimbledon en 2016, et à l’US Open en 2012, 2016 et 2020. Le Majorquin avait également fait l’impasse sur l’Open d’Australie en 2013. En prenant en compte les abandons en cours de tournoi, le numéro 3 mondial a jeté l’éponge à l’Open d’Australie en 2018, à l’US Open en 2018 et à Roland-Garros en 2016.
Nadal donne l’impression de tirer sur la corde avec son programme sur terre battue, de se mettre sur le précipice à Roland-Garros pour s’imposer tel un rouleau compresseur à ses adversaires. Quitte à ce que son corps le lâche sur surface rapide, notamment à l’US Open. À Flushing Meadows, le joueur de 35 ans n’a pas pu défendre ses chances pendant quatre ans. Une statistique encore plus édifiante sur dur : depuis 2017, Nadal a déclaré forfait ou abandonné à 17 reprises sur 20 tournois disputés !
Genou, dos, appendicite : des blessures à la pelle
Le gaucher espagnol a connu des saisons où il n’a pas été épargné par les blessures après Roland-Garros. En 2012, après une élimination au deuxième tour de Wimbledon face à Rosol, Nadal annonçait son forfait pour le reste de la saison. Il souffrait d’une rupture partielle du tendon rotulien au genou gauche.
Deux ans plus tard, en 2014, après un quart de finale à Bâle, perdu face à Borna Coric, le Majorquin mettait un terme à sa saison à cause de douleurs au dos, qui l’avait déjà beaucoup gêné à l’Open d’Australie en début de cette même année. Il avait aussi été opéré de l’appendicite. En 2016, Nadal ne pouvait pas continuer son parcours à Roland-Garros à cause d’une blessure au poignet gauche et avait renoncé avant d’affronter Marcel Granollers au troisième tour. L’année suivante, il se retirait du Masters de Londres après un revers face à David Goffin, parce qu’en délicatesse avec son genou droit : “C’était déjà un miracle de jouer ce match”, avait expliqué le principal intéressé après la rencontre.
Alors qu’il jouait une demi-finale à l’US Open en 2018, Nadal avait abandonné face à Juan Martin del Potro, parce que son genou droit grinçait. Cette année, même s’il n’est pas officiellement blessé, il souhaite “préserver son corps pour prolonger sa carrière” et annonce qu’il ne figurera pas à Wimbledon et aux Jeux olympiques de Tokyo.
Beaucoup moins de finales après Roland-Garros
Lors de ses premières parties de saison, l’Espagnol va plus souvent au bout des tournois sur lesquels il s’aligne. Depuis 2011, son nombre de finales est huit fois plus élevé. Il n’y a qu’en 2015 qu’il a disputé plus de finales après Roland-Garros. En 2019, il avait fait aussi bien.
Années | Finales jusqu’à Roland-Garros | Finales après Roland-Garros |
2011 | 7 | 3 |
2012 | 5 | 0 |
2013 | 9 | 5 |
2014 | 7 | 0 |
2015 | 2 | 4 |
2016 | 3 | 0 |
2017 | 7 | 3 |
2018 | 4 | 1 |
2019 | 3 | 3 |
2020* | 3 | 0 |
2021 | 2 | ** |
**À déterminer
Ces statistiques plus ordinaires en deuxième partie de saison, quoi qu’extraordinaires pour un joueur qui ne ferait pas partie du Big Three, semblent désormais devoir s’inscrire dans le temps.