Paire était « déjà surpris de passer un tour »
Benoit Paire, malgré son élimination au deuxième tour de Roland-Garros contre Federico Coria (7-6, 4-6, 6-3, 6-1), tenait un discours assez enjoué, presque soulagé d’en terminer avec une période aussi étrange.
Epuisé physiquement et mentalement, Benoit Paire, éliminé mercredi au deuxième tour de Roland-Garros par Federico Coria, le petit frère de Guillermo (7-6, 4-6, 6-3, 6-1), a délivré un discours étonnamment “vraiment positif”.
“Je veux juste faire une saison 2021 au top, assure le Français, 26e joueur mondial. Je vais essayer de tout faire pour me préparer et être bien pour la saison prochaine. J’espère que ça va se jouer dans des conditions normales. Je n’avais pas misé gagner Roland-Garros cette année, j’étais déjà très surpris et content de passer un tour. L’objectif principal, je le répète et je l’ai dit avant le tournoi, c’est 2021. J’essaie de me préparer en fonction pour être en forme en début d’année. Dans des conditions normales, ce match, je ne le perds pas.”
Ecarté des autres joueurs à l’US Open car testé positif au Covid-19, Benoit Paire a vécu une année 2020 peu enviable sur le circuit. A Roland-Garros, le Français n’espérait pas se relancer mais semblait désabusé par sa saison et le contexte actuel ne permettant qu’un accueil limité du public Porte d’Auteuil. Un élément perturbateur pour un joueur ayant l’habitude de beaucoup s’appuyer sur la foule.
“Ce n’est pas le style de saison qui me fait plaisir : jouer devant personne, en faisant des tests toute la journée et en étant confiné dans une chambre à ne pas pouvoir faire un resto avec nos potes, à ne rien pouvoir faire, en étant là et en jouant juste avec trois personnes dans notre box… C’est compliqué. Ce n’est pas pour ça que je joue au tennis, ce n’est pas comme ça que je prends du plaisir à jouer sur un court. C’est en partageant avec les gens, en prenant un peu d’adrénaline avec eux. J’ai vécu de belles émotions à Roland-Garros l’an dernier, donc revenir comme ça dans un stade à moitié vide, c’est compliqué. Je vais juste essayer de récupérer, partir sur cette fin d’année avec deux ou trois tournois comme ça, et après on verra.”
“Je suis très content de rentrer chez moi, alors que normalement je suis effondré”
Le n°2 français veut “juste aller faire un resto, même si ça ferme à 22h et que ce n’est pas possible de rester plus tard, juste pouvoir vivre sans masque toute la journée en étant chez moi tranquillement”. Prolixe, il s’est également exprimé sur le climat, froid et humide, et les conditions de jeu, avec des balles plus molles que d’habitude : “Je trouve dommage et grave de parler de l’amortie comme le coup le plus important du tournoi, ce n’est pas normal. On sert de toutes nos forces, la balle part à 185 km/h et l’autre est dessus, ce n’est juste pas normal pour un Roland-Garros. Ça n’a jamais été comme ça. Les conditions de Roland, c’est toujours un peu rapide avec des hauts rebonds. Là, ce sont des balles molles en septembre.”
Pas de fin de cycle chez les Français pour Paire
Enfin, Paire juge “ridicule” le débat sur une éventuelle fin de cycle chez les joueurs français historiques : “On a quand même un mec qui est dans le top 10 mondial et on arrive à dire que la génération est finie. Je suis désolé, mais quand on voit Monf en début d’année, on le mettait favori pour Roland-Garros. Pendant le confinement, ce n’est pas le plus sérieux, il ne s’est pas non plus entraîné de dingue, il aime le tennis mais il aime jouer devant du monde. Quand il rentre sur un Lenglen sans bruit, quand il a connu ce qu’il a connu, c’est très compliqué. Avant notre confinement à l’US Open, Richard Gasquet était très, très bien physiquement. Gilles Simon est capable de gagner de très bons titres… Il faut arrêter les débats comme ça. C’est très rare d’avoir des mecs dans le top 10, profitons-en déjà.”
L’Avignonnais évoque aussi la victoire de Dominic Thiem à l’US Open : “Il n’y avait pas Rafa, et Djoko s’est fait disqualifier. Il faut remettre les choses dans leur contexte, il n’y avait personne dans le stade. Ce n’est pas les mêmes ambiances quand on rentre contre Rafa et qu’il est poussé du début à la fin. Il faut se méfier. Donc c’est comme en France, il ne faut pas non plus se demander ce qu’il se passe. Ça m’énerve un peu. Si Gael Monfils joue bien en début de saison prochaine, on dira encore que c’est son année ! Alors que trois mois avant, vous aviez dit que c’était peut-être la fin des Mousquetaires. Elle ne veut rien dire, cette saison. Je vais rentrer chez moi et je suis très content, alors que normalement, quand je perds à Roland, je suis effondré. S’ils font tous une mauvaise saison 2021, on dira peut-être que c’est la fin.”