Un Djokovic insubmersible s’adjuge un 19e titre du Grand Chelem
Novak Djokovic a remonté un retard de deux sets contre Stefanos Tsitsipas pour finalement s’imposer en cinq manches en finale de Roland-Garros dimanche (6-7, 2-6, 6-3, 6-2, 6-4). Le Serbe entre encore plus dans la légende, avec ce 19e titre du Grand Chelem qui le rapproche de Roger Federer et de Rafael Nadal.
Roland-Garros (H) – Finale
Djokovic (N°1) bat Tsitsipas (N°5) : 6-7, 2-6, 6-3, 6-2, 6-4
- L’information principale : Novak Djokovic a décroché son 19e titre du Grand Chelem en renversant Stefanos Tsitsipas en finale de Roland-Garros pour revenir à une longueur de Roger Federer et de Rafael Nadal.
- Vous apprendrez aussi : Le Serbe est devenu le premier joueur de l’ère Open à avoir remporté au moins deux fois chaque tournoi du Grand Chelem.
- Pourquoi il faut lire cet article : Pour comprendre comment Djokovic a encore renversé un match en sa faveur dans cette folle semaine parisienne.
Les yeux rivés sur l’histoire, Novak Djokovic n’aura rien laissé le faire dériver de son chemin. Le Serbe a ajouté dimanche un 19e titre du Grand Chelem à sa collection en remontant un retard de deux sets pour finalement vaincre Stefanos Tsitsipas en finale de Roland-Garros après 4h11″ jeu (6-7, 2-6, 6-3, 6-2, 6-4). Le numéro 1 mondial, déjà vainqueur de l’Open d’Australie en février et tenant du titre à Wimbledon, n’est plus qu’une seule victoire en Majeurs de ses deux plus grands rivaux, Roger Federer et Rafael Nadal.
Avant même d’éventuellement les égaler, voire de les dépasser, Djokovic a cimenté sa place à la postérité du tennis. Il est devenu le premier joueur à remporter au moins deux fois chaque tournoi du Grand Chelem dans l’ère Open. Rien que ça, c’est un exploit majuscule. L’avoir accompli en ayant passé la deuxième semaine de la quinzaine sur un fil l’est d’autant plus.
Parce que Djokovic était déjà mené de deux sets par Lorenzo Musetti en huitième de finale, avant de ramener le jeune Italien à la raison. Parce qu’il avait concédé le premier set contre Nadal vendredi en demi-finale, avant qu’elle ne devienne légendaire et qu’il finisse par imposer sa supériorité à l’Espagnol. Sa faculté à hausser son niveau de jeu dans les moments importants, en dépit de ses coups de tension et de ses creux physiques, l’aura porté jusqu’au titre à Paris.
Tsitsipas d’abord récompensé de son tennis offensif
Ce que Djokovic a produit sur les trois derniers sets, où il n’a pas concédé la moindre balle de break, est ahurissant. Surtout à mettre en comparaison avec ce à quoi avaient assisté les spectateurs du court Philippe-Chatrier durant les deux premiers. Tout sauf impressionné par sa première finale de Grand Chelem, Tsitsipas était bien entré dans le match. Plus saignant physiquement, à même d’imposer ses schémas, le Grec montrait qu’il était bien à sa place. Il a laissé l’orage passer le temps que le coup de chaud de Djokovic au service ne se calme (13 premiers points sur son engagement remportés) et a engagé le bras de fer pour de bon.
Bousculé dans tous les secteurs, le Belgradois a bien cru s’en sortir à l’expérience dans la première manche. Il a sauvé une balle de break qui était aussi une balle de set, à 5-4, et a breaké lui-même dans le jeu suivant. Djokovic s’est alors retrouvé en position de servir pour le gain de la manche. Mais le Serbe, visiblement gêné par le soleil, n’était pas dans le contrôle et la maîtrise qui sont habituellement siens dans une telle situation. Débreak immédiat et double-faute d’entrée d’un tie-break où les deux hommes ont suivi une trajectoire sinusoïdale.
D’abord plus costaud, Tsitsipas a mené 5-2 avec deux services à suivre. Mais Djokovic a réagi, notamment avec un point exceptionnel, remporté d’une volée dans les pieds flirtant avec la bande avant de retomber du bon côté pour lui. C’est même le Serbe qui s’est procuré la première balle de set de ce jeu décisif. Mais Tsitsipas l’a sauvé d’un enchaînement service – coup droit de toute beauté et il a empoché trois points de suite pour faire la course devant au score. Sur la lancée de cette première manche, le Grec a appuyé quand Djokovic, qui n’avait gagné que 25% de points derrière sa deuxième balle dans le set inaugural, paraissait accuser le coup. Encore plus après une double-faute et une volée liftée trop longue pour lancer son premier jeu du deuxième set, concédant le break d’entrée.
Le passage par les vestiaires : la méthode miracle de Djokovic
Installé sur sa ligne de fond de court, distribuant le jeu avec un coup droit réglé à la perfection, Tsitsipas a alors déroulé. Il était d’une légèreté absolue dans ses déplacements, jamais pris à défaut par un Djokovic sans solution. Le Serbe a même donné le sentiment de lâcher le dernier jeu du deuxième set, comme pour pouvoir plus vite rentrer aux vestiaires pour se remettre la tête à l’endroit. Aussi pour casser le rythme d’un Tsitsipas dans la zone (27 coups gagnants pour 12 fautes directes, 8 aces, 5 points perdus sur son service dans la deuxième manche).
La méthode miracle a encore fonctionné pour Djokovic, qui en a profité pour changer de polo et passer au rouge, quand Tsitsipas gardait sa tenue pleine d’une terre héritée d’une chute, peut-être par sa superstition. Plus que dans cette interruption, la bascule s’est opérée sur le terrain, à 2-1 pour Djokovic dans la troisième manche. Les deux hommes ont disputé un jeu de plus de onze minutes, finalement remporté par le Serbe à sa cinquième balle de break, alors que Tsitsipas y menait 40-15. Un premier moment de fragilité dans la carapace alors si solide du cinquième joueur mondial. Ce n’est pas vraiment que son niveau a baissé (ratio coups gagnants – fautes directes positif dans les quatre premières manches), mais c’est que Djokovic a haussé le ton. Et de dizaines de décibels.
Une issue improbable devenue inexorable
Quand il a fallu serrer le jeu à 30-A au moment de servir pour le troisième set, le Serbe l’a fait. Même chose quand il a fallu enfoncer un Tsitsipas manipulé rapidement dans le bas du dos entre les troisième et quatrième manches, et accélérer pour vite se retrouver à 4-0 dans la quatrième manche. 25 coups gagnants pour 11 fautes directes, 11 points perdus sur son service : les statistiques de Djokovic sur ces deux sets étaient dignes d’un niveau “cosmic tennis”. Maintenant qu’il avait mis la main sur le match, Djokovic n’allait plus l’enlever, dans cette première finale de Roland-Garros en cinq sets depuis 2004. Gaston Gaudio avait alors renversé Guillermo Coria après avoir perdu les deux premières manches.
Djokovic l’a imité avec une conviction bluffante, breakant dès le troisième jeu, et une justesse impressionnante. C’était son tour de dicter les échanges, de prendre la balle aussi tôt que possible, d’imposer une cadence infernale à son adversaire. Jamais la tenaille ne s’est relâchée pour un Tsitsipas à court de forces physiques et d’idées tennistiques. Le Serbe a donné le sentiment dans le dernier set qu’il n’y avait aucun doute sur l’issue de la rencontre. Autant elle était inimaginable après une heure et demie de match, autant elle est devenue une évidence au fil des minutes qui ont suivi. C’est ça la force de ce Djokovic, rendre l’improbable inexorable. Ce qui est tout sauf un bon signe pour Federer et Nadal.