Nadal : « Un autre épisode de la saga »
Au même titre que son futur adversaire Roger Federer, Rafael Nadal se félicite à l’avance des retrouvailles avec le Suisse, vendredi en demi-finales sur la terre battue de Roland-Garros, huit ans après la dernière confrontation entre les deux hommes Porte d’Auteuil. Toutefois, le vainqueur du tournoi à onze reprises ne sait pas réellement où il mettra les pieds face à un joueur que beaucoup considèrent plus fort que jamais sur la surface préférée de l’Espagnol.
Rafael Nadal, des matchs expéditifs, une nouvelle demi-finale à Roland-Garros et ces retrouvailles contre Roger Federer qui se profilent, votre quinzaine a tout idyllique jusqu’à maintenant, non ?
Pour être honnête, personnellement, pour moi, la chose la plus importante est d’être en demi-finales. Comment j’ai joué, c’est très positif. Je joue très bien. Je joue solide. Je gagne de gros matchs contre des adversaires difficiles, comme aujourd’hui (mardi). Je suis très heureux de cela. Bien sûr, jouer contre Roger en demi-finales, c’est un bonus. On a partagé les moments les plus importants de nos carrières, ensemble, sur le court, l’un contre l’autre. C’est un autre épisode de cette saga. Je suis heureux de ça. Ce sera un moment particulier, ce match. Je vais essayer de me préparer pour cela.
Allez-vous préparer cette demi-finale contre Federer différemment de vos matchs précédents compte tenu de l’adversaire ?
Je viens de finir mon match. J’ai deux jours de libre, je vais m’éloigner un peu de tout ça et demain (mercredi), je vais commencer à penser à ça un peu. Avoir un peu de liberté d’esprit, m’entraîner un peu, profiter de la famille et m’entraîner sans objectif, juste pour toucher la balle. Ensuite, après-demain (jeudi), on réfléchira à ce que l’on veut faire. C’est toujours un gros match contre lui. Vous devez jouer votre meilleur tennis. Je joue bien, mais je dois jouer très bien jouer contre lui. J’espère que je pourrai le faire. Chaque adversaire est un défi. Ensuite, j’essaie juste de faire mon travail personnel de la bonne manière pour être prêt pour le prochain adversaire. Je me suis amélioré pendant toute la saison de terre battue, à chaque fois un peu plus à chaque tournoi. Maintenant, c’est le moment de jouer au plus haut niveau, j’espère pouvoir le faire.
Comment imaginez-vous cette demi-finale ?
Il n’y a pas deux matches identiques, tous les matchs sont différents. Nous essayons toujours des choses. On va voir ce qu’il va se passer. Je m’attends à ce qu’il joue agressivement, qu’il change de rythme, qu’il vienne au filet. C’est mon sentiment. Je pense qu’il va essayer de jouer de cette manière. Il joue bien, il a le tennis pour le faire. Je vais devoir être solide, frapper les balles assez fort pour ne pas lui permettre de faire des choses d’une bonne position. Je dois le faire jouer en position difficile, pour qu’il ait moins de possibilités d’aller au filet et qu’il puisse moins jouer son jeu agressif. De toute façon, il va bien jouer, et si j’arrive à bien jouer mes coups droits et revers, je vais pouvoir le mettre en difficulté.
Federer a avoué après sa victoire contre Wawrinka que s’il était revenu sur terre battue, c’était pour pouvoir vous défier de nouveau sur votre surface préférée, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Non ce n’est pas vrai, ce n’est pas pour ça. Il est revenu sur terre battue parce que c’est un joueur qui est complet sur toutes les surfaces. Et sur terre battue, il a de bonnes chances de gagner. Il se sent physiquement prêt, il revient parce qu’il a envie et s’il se sent bien physiquement, il ne doit pas laisser de côté une partie importante de la saison. Je pense que la principale raison de son retour (sur terre battue), cest celle-là. Après, on peut rajouter des petites fioritures, comme celle-ci. Effectivement, ça va être un match spécial, pour lui comme pour moi. Ce sont toujours des matchs spéciaux. Là, ce sera encore plus particulier, c’est vrai, et important. Il sera prêt à donner le maximum, moi aussi.
Nadal : « C’est pour ces moments-là que l’on travaille au quotidien »
Doit-son s’appuyer avant cette demi-finale sur les statistiques de vos cinq derniers matchs, tous gagnés par Federer, ou sur vos cinq victoires contre lui à Roland-Garros et vos deux défaites uniquement sur vos quinze confrontations sur terre battue ?
Vendredi, nous le saurons. Pour l’instant je ne peux pas m’avancer. Malheureusement, je ne peux pas faire de pronostic. La seule chose que je peux faire, c’est d’essayer de faire du mieux possible pour que les victoires que j’ai remportées sur cette surface contre lui pèsent pour quelque chose. Il fera tout pour que ces dernières victoires contre moi pèsent aussi. On verra. C’est un match vraiment particulier. Nous le savons tous. Mais au bout du compte, cela reste quand même un match de tennis. Celui qui jouera le mieux aura le plus de chances de gagner ce match. Un match effectivement entre les meilleurs du monde. Après, celui qui sera le plus près aura le plus de chances de gagner.
Comment expliquez-vous que vous avez plus de 30 ans tous les deux et que vous continuez de dominer votre sport ?
Le mérite, je pense qu’il est dans l’envie et la passion pour ce que nous faisons. Je crois que dans mon cas, encore plus que dans son cas, après tous les problèmes que j’ai traversés. Ce qui entretient la flamme, c’est cette envie de faire du sport, de jouer sur les grandes scènes sur lesquelles j’ai joué au tennis toutes ces années en comprenant que cela ne dure pas toute la vie. Je veux me donner un maximum de chances avec le corps que j’ai, avec l’esprit aussi, parce que l’esprit suit toujours un peu le corps et la condition physique.
N’êtes-vous pas lassé parfois depuis toutes ces années ?
Tant que je serais heureux en faisant ce que je fais, tant que je me lèverai avec l’envie d’aller faire chaque jour ce que je fais, je continuerai d’être là. Pour l’instant, les choses fonctionnent bien. Cela marche. Je profite de toutes ces opportunités. Et puis, j’ai cette chance de vivre des moments particuliers dans l’histoire de notre sport. Le fait d’avoir rencontré tant de fois Novak (Djokovic), il y a deux semaines et quelques à Rome encore, de pouvoir me retrouver en demi-finale une fois encore contre Roger ici, ce sont des moments pour lesquels on travaille au quotidien et pour lesquels on se prépare au maximum pour, au-delà du fait de gagner ou pas, pouvoir être compétitif et se battre de la manière la plus correcte, et pouvoir en profiter.
Pensez-vous que Roger Federer soit plus fort aujourd’hui qu’il ne l’était avant de faire l’impasse sur la terre battue ?
C’est le genre de questions auxquelles je ne peux pas répondre. Si je l’avais affronté deux, trois fois à Madrid, à Monte-Carlo et à Rome, je pourrais répondre à la question. Je pourrais te dire comment je le sens. En fait, je ne l’ai pas rencontré. Je n’ai pas eu de match contre lui. Ces choses-là, je les ressentirai sur le court. Cela fait de nombreuses années que nous jouons sur terre battue, que nous nous retrouvons dans les matchs qui nous opposent l’un à l’autre. La dernière fois, c’était ? En 2011 ? 2013 ? Mais ici, 2011, non ? Bon, 2013 (NDLR: En réalité, le dernier affrontement entre les deux hommes à Roland-Garros remonte bien à 2011, avec la victoire de Nadal en quatre sets en finale). Cela fait quand même beaucoup de temps, d’années. Je ne sais pas comment on est, comment on se sent. Ce que je sais, c’est que l’on est en demi-finales, c’est sûr. Nous faisons partie des quatre meilleurs du tournoi. C’est la réalité. Au-delà, ce sont toujours des matchs très durs, quel que soit l’adversaire. Avec Roger, je sais que ce sera encore un cran au-dessus.