Nadal : « Mes chances de victoires ne sont pas éternelles »
Rafael Nadal n’a pas eu de difficulté à présenter sa défaite contre Novak Djokovic en demi-finale de Roland-Garros comme un échec important. Mais l’Espagnol, âge de 35 ans, a surtout cherché à la dédramatiser.
A peine avait-il quitté le court Chatrier après un salut solennel au public, que ce message tombait sur les smartphones des journalistes accrédités : « Conférence de presse de Rafael Nadal maintenant ». Djokovic n’avait pas encore dit un mot au micro de Cédric Pioline sur le court de son tout frais exploit.
Voir un joueur assumer ses obligations médiatiques à chaud, juste après une défaite, n’est pas rare. Mais ce n’est jamais aussi rapide – cinq minutes en général – et dans ce cas, le premier message envoyé par l’intéressé(e) est qu’il ou elle n’a pas envie de s’apesantir à ressasser sa défaite.
Rafael Nadal, pourtant, dans les mots livrés au public après la défaite la plus spectaculaire de sa carrière à Roland-Garros, est resté plus de 16 minutes (dont 11 en espagnol, une partie de sa conférence étant diffusée en direct sur la radio madrilène Cadena Cope), en donnant plutôt l’impression d’avoir envie de parler de ce moment unique dans son immense carrière.
Si ce n’est pour lui, Nadal l’a fait, au moins, pour ces milliers d’admirateurs dans le monde, probablement plus atteints que lui par la troisième défaite de sa carrière à Roland-Garros.
Ni lui, ni Djokovic à son meilleur niveau selon Nadal
Nadal, a d’abord parlé de tennis. En rupture avec les enthousiasmes sans limite recensés sur les réseaux sociaux, l’Espagnol a exprimé que ne lui ni Novak Djokovic n’avaient évolué, à ses yeux, à leur meilleur niveau et que cela constituait sa principale explication à la défaite en plus de son regret.
« Mon adversaire aujourd’hui était un des meilleurs joueurs de tous les temps. Il mérite sa victoire. Bravo à lui, que dire de plus ? C’est la réalité factuelle. »
Nadal avait, en réalité, plus à dire, et notamment un regret à exprimer, celui de ne pas avoir évolué à son meilleur niveau quand il en avait besoin. « Le court était un peu plus lourd, ce qui enlève un peu de vivacité à ma balle. Je ne vais pas chercher ça comme excuse, un joueur de tennis doit s’adapter aux conditions et il l’a fait mieux que moi. J’ai tout donné, en tennis on sait que la défaite et la victoire sont deux options possibles. »
« En vérité je pense avoir fait un bon match, mais il manquait quelque chose à ma qualité de balle. Contre lui, il faut être encore plus précis dans les échanges. Je me suis battu, à certains moments j’ai produit du très bon tennis, mais pas assez. C’est le genre de match qui peut basculer d’un côté ou de l’autre, ça n’a pas été pour moi. Je sais que je peux mieux jouer et j’ai fait trop de fautes de façon générale (55 contre 37 à son adversaire, dont 8 doubles fautes, ndlr) »
“Le fait d’avoir gagné 13 fois le tournoi rend la déception plus acceptable.”
Rafael Nadal
Interrogé sur le niveau de jeu de Djokovic, Nadal a opposé un « non » franc quand il lui a été demandé s’il avait vu le numéro un mondial à son meilleur niveau face à lui. « Non, ce n’est vraiment pas mon sentiment, et lui non plus ne m’a pas eu à son meilleur niveau en face. »
Rafael Nadal, marqué par l’effort, reconnaît un échec majeur dans sa saison, lui qui cherchait le quatorzième titre à Roland-Garros et le vingt-et-unième en Grand Chelem qui auraient été un record. « Le fait que j’ai bien joué ici dans les tours précédents ne me console pas. L’objectif était clair, il était de gagner le tournoi. L’objectif n’est pas atteint. Je m’étais promis de tout donner sur le court. Physiquement je l’ai fait, mentalement je crois aussi, mais je suis triste d’avoir perdu lors de ce qui est mon plus grand objectif de l’année. Dans un sens, le fait d’avoir gagné 13 fois le tournoi rend la déception plus acceptable. »
Nadal philosophe : “Juste une défaite sur un court de tennis”
« Mes chances de victoires ici ne sont pas éternelles, a aussi lâché Nadal dans une phrase d’une rare franchise. Plus les années passent et plus mes chances de victoires s’amenuisent. Je n’allais pas indéfiniment gagner quinze, seize titres et ainsi de suite. »
Mais Nadal n’a mis que quelques secondes à replacer cette défaite dans une perspective plus large. « La vie continue. Je ne suis pas du genre à me lâcher quand je gagne. Je ne suis pas non plus du genre à dramatiser après une défaite. Ça reste un match perdu sur un court de tennis. Samedi je serai à la maison avec la famille et les amis et tout ira bien. »
« C’est sûr qu’il n’y a pas de quoi être content. Mais il n’y a pas de quoi en faire un drame non plus. Il y a une voix médiane. »
Nadal n’a donné aucune précision sur la suite de son programme. « Je vais me reposer, d’abord physiquement, mentalement aussi, et ensuite je verrai. »