Moutet enflamme le Suzanne-Lenglen en se qualifie pour les 8es de finale à Roland-Garros
Corentin Moutet a dominé l’Autrichien Sebastian Ofner (3-6, 6-4, 6-4, 6-1) pour atteindre son deuxième huitième de finale en Grand Chelem en carrière. Le premier à Roland-Garros.
Un peu comme Richard Gasquet au premier tour, Corentin Moutet a transformé le court Suzanne-Lenglen en Parc des Princes un soir de Ligue des champions, vendredi soir à Roland-Garros. Le Français, dernier Tricolore en lice, s’est qualifié pour le premier huitième de finale de sa carrière dans le tournoi parisien, le deuxième en Grand Chelem après l’US Open 2022. Il a dominé l’Autrichien Sebastian Ofner (3-6, 6-4, 6-4, 6-1).
C’est la deuxième fois de la saison qu’il remporte trois matches consécutifs sur le grand circuit après sa demi-finale à Santiago.
Moutet a réalisé cette perf’ à sa manière, comme il a aimé le faire jusqu’ici sur le court Simonne-Mathieu, d’où le match a été déplacé : en pratiquent un tennis créatif, en haranguant la foule, en interagissant avec son box rempli d’une bonne vingtaine de potes-supporters, en chauffant tout ce qu’il pouvait chauffer pour faire corps avec son tempérament de feu.
“C’est un plaisir d’être sur ce court, Roland-Garros j’en ai rêvé quand j’étais petit, j’ai vu Nadal gagner 25 fois ici” a exulté Moutet lors de l’interview d’après-match, après avoir gratifié la foule d’un joli “on a été forts ce soir.”
Moutet se rapproche de son meilleur classement
Ofner a peut-être été victime de ses deux premiers tours disputés en cinq sets, en revenant de deux manches à zéro. Menant 6-3, 4-2, il n’a pas été capable d’achever un Moutet qui semblait alors tendu comme un arc et incapable de déployer durablement ce jeu tout en variation qui avait écœuré Nicolas Jarry, tête de série n°16, au premier tour.
Mais la dynamique du match s’est inversée en quelques points. Sept jeux consécutifs permirent au gaucher tricolore d’égaliser à un set partout et de se détacher au troisième. Malgré quelques moments d’impatience, Moutet conserva jusqu’au bout sa mainmise sur le match, déréglant Ofner avec des revers slicés à la chaîne, des services à la cuillère attirant l’Autrichien au filet pour mieux l’exécuter, et les angles fous avec lesquels il adore composer.
Sous le yeux de Gilles Moretton, président d’une FFT qui a privé Moutet d’un soutien financier et technique en novembre 2022, Moutet est en train de s’offrir, à 25 ans, le parcours qui matérialise son retour vers le haut niveau, dont il clame l’arrivée imminente depuis son retour après une opération du poignet début 2023. Il se rapproche de son meilleur classement ATP (51e) et conforte une place dans le Top 100 qui va l’éloigner du circuit Challenger, qu’il a encore fréquenté trois fois cette saison. Il sera au minimum 56e mondial le 10 juin.
L’un des plus grands défis de sa carrière l’attend dimanche, sur le Phillippe-Chatrier contre Jannik Sinner. L’actuel numéro un monial virtuel à l’ATP – il le sera tant que Novak Djokovic ne sera pas qualifié pour la finale – sera son prochaine adversaire. A Moutet de placer le plus grand court de Roland-Garros en mode Stade de France. “J’espère encore aller plus loin”, a-t-il dit sur le court. Deux fois.