10 juin 2000 : Le jour où Mary Pierce a remporté Roland-Garros
Le 10 juin 2000, Mary Pierce terrasse Conchita Martinez et devient la première Française de l’ère Open vainqueure de Roland-Garros.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Mary Pierce remporte Roland-Garros
Ce jour-là, le 10 juin 2000, Mary Pierce devient la première (et jusqu’à présent la dernière) Française de l’ère Open à remporter Roland-Garros. Pour réaliser cet exploit, Pierce domine l’Espagnole Conchita Martinez (6-2, 7-5), après avoir battu la numéro un mondiale, Martina Hingis, en demi-finale (6-4, 5-7, 6-2). Aucune Française n’avait soulevé le trophée à Paris depuis Françoise Dürr, en 1967. Pierce, qui était déjà devenue la première Française de l’ère Open à remporter un tournoi du Grand Chelem, à l’Open d’Australie 1995, s’impose également en double (associée à Hingis), un exploit que personne n’a réalisé depuis.
Les actrices : Mary Pierce et Conchita Martinez
- Mary Pierce, déjà un Open d’Australie en poche
Mary Pierce est née en 1975 à Montréal, au Canada, mais elle a choisi de représenter la France, le pays de sa mère. A l’époque, elle est la plus jeune joueuse de l’histoire à faire ses débuts professionnels, à l’âge de quatorze ans et deux mois, mais c’est en 1991 qu’elle atteint le plus haut niveau en remportant son premier titre à Palerme avant de terminer l’année à la 26e place mondiale. Le début de carrière de Mary Pierce est fortement marqué par le comportement violent de son père, Jim, qui, en 1993, amène la WTA à l’interdire de stade, et amène Mary à demander une ordonnance restrictive à son encontre.
En 1994, sa carrière décolle vraiment lorsqu’elle atteint la finale de Roland-Garros, battue par Arantxa Sanchez (6-4, 6-4) après avoir écrasé Steffi Graf, la numéro un mondiale incontestée, en demi-finale (6-2, 6-2). L’année suivante, elle devient la première Française depuis Françoise Dürr en 1967, et la première de l’ère Open, à remporter un titre du Grand Chelem, en battant Sanchez en finale de l’Open d’Australie (6-3, 6-2). Depuis lors, elle n’a jamais quitté le top 10 et, en plus des huit titres accumulés depuis, elle a disputé la finale de l’Open d’Australie en 1997 (battue par Martina Hingis, 6-2, 6-2). En avril 2000, elle envoie un premier avertissement aux autres joueuses en écrasant Sanchez en finale à Hilton Head (6-1, 6-0) et, à l’entame de Roland-Garros, elle est 7e mondiale.
- Conchita Martinez, un titre du Grand Chelem à Wimbledon
L’Espagnole Conchita Martinez est surtout connue pour avoir remporté son premier et unique titre du Grand Chelem à Wimbledon, en 1994, en battant Martina Navratilova en finale (6-4, 3-6, 6-3). Cependant, à ses débuts, on la considérait comme une spécialiste de la terre battue, et celle-ci est restée sa surface de prédilection, sur laquelle elle a remporté 19 de ses 32 titres, après avoir atteint trois fois les demi-finales de Roland-Garros (1994, 1995, 1996) et triomphé quatre fois de suite aux Internationaux d’Italie, à Rome (1993-1996).
Au fil des ans, elle a également obtenu des résultats remarquables sur les surfaces rapides, finaliste à l’Open d’Australie en 1998 (défaite contre Martina Hingis, 6-3, 6-3), et demi-finaliste à l’US Open en 1995 et 1996. Avec sa technique classique et son magnifique revers à une main, elle est entrée dans le top 10 en 1989 pour la première fois, et depuis, elle ne l’a jamais quitté plus de quelques semaines. En juin 2000, malgré une saison 1999 plutôt décevante, elle est toujours numéro 5 mondiale.
Le lieu : Roland-Garros
Cette histoire a lieu à Roland-Garros. Le stade, situé dans l’ouest parisien, à la lisière du bois de Boulogne, accueille les Internationaux de France depuis 1928. Ce fut le premier et désormais le seul tournoi du Grand Chelem sur terre battue, la surface la plus lente, ce qui en fait le tournoi le plus difficile à gagner sur le plan physique. Aucune joueuse française ne s’y est impose depuis Françoise Dürr, en 1967, et Mary Pierce est même la seule à y avoir atteint la finale, en 1994.
Le récit : Mary Pierce éblouit le central et écrit l’histoire
Mary Pierce, qui est née et a grandi en Amérique du Nord, ne s’est probablement pas vraiment sentie chez elle lors de ses premières apparitions à Roland-Garros, où elle ne recevait pas le même soutien que les autres joueuses françaises, mais elle a désormais été adoptée par le public depuis longtemps – précisément, depuis qu’elle a atteint la finale en 1994. Cette année-là, le public français a vu pour la première fois tout son potentiel, lorsqu’elle a démoli l’imbattable Steffi Graf en demi-finale (6-2, 6-2). Depuis, Pierce a remporté l’Open d’Australie 1995, mais elle n’a pas accompli de nouveaux exploits à Roland-Garros.
En 2000, elle arrive à Paris en tant que 7e mondiale, et elle est la meilleure chance française du tableau féminin. Elle passe en trombe ses quatre premiers tours, n’abandonnant que 13 jeux, et elle retrouve ainsi la numéro 3 mondiale, Monica Seles, en quart de finale. Malgré la perte du premier set, Pierce réalise un match époustouflant, réussissant un célèbre lob gagnant entre les jambes dans le tout premier jeu du match, et s’impose 4-6, 6-3, 6-4. En demi-finale, elle dispute un autre match accroché pour éliminer la numéro un mondiale, Martina Hingis (6-4, 5-7, 6-2). Sur le papier, le plus dur est fait, mais sa dernière adversaire, l’Espagnole Conchita Martinez, était encore numéro 5 mondiale, déjà titrée en Grand Chelem et grande joueuse de terre battue.
En 1994, Pierce avait déjà traversé tout le tableau sans encombre, mais elle avait été rattrapée par la pression lors de sa première finale en Grand Chelem. Cette fois, lorsqu’elle entre sur le court pour affronter Martinez, elle est dans un bien meilleur état d’esprit. “Beaucoup de choses se sont passées depuis 1994, beaucoup de tournois, beaucoup d’expérience”, dira-t-elle à rolandgarros.com en 2020. “J’ai essayé de rester calme, de garder les mêmes routines, comme si c’était un match ordinaire, même si je savais que c’était la finale de Roland-Garros. Même sur la balle de match, je me suis dit : “Ok, c’est juste un autre point, essaie de le gagner”.
En conséquence, la vice-championne du monde 1994 domine largement le premier set (6-2), et même lorsque Martinez se rebelle dans le deuxième set, elle ne panique pas. Elle efface un break de retard et reprend le contrôle des échanges pour conclure, 7-5. Elle est la première Française depuis 33 ans à triompher à Roland-Garros.
“C’était mon rêve de gagner ici. C’est ce que j’ai toujours voulu accomplir en tant que joueuse de tennis. C’était mon rêve de petite fille”, résume Pierce. “Et en plus, j’ai aussi gagné le double, avec Hingis.”
La postérité du moment : Deux championnes à la retraite en 2006
Mary Pierce ne jouera pas beaucoup au cours des deux années suivantes, touchées par diverses blessures. Elle reviendra à son meilleur niveau en 2005, atteignant la finale à Roland-Garros (battue par Justine Henin, 6-1, 6-10), à l’US Open (battue par Kim Clijsters, 6-3, 6-1) et à la Masters Cup (où elle s’inclinera face à Amélie Mauresmo, 5-7, 7-6, 6-4). Fin 2006, elle sera victime d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche lors d’un match contre Vera Zvonareva à Linz, et elle ne se remettra jamais de cette blessure. Ce sera son dernier match, même si Mary Pierce n’annoncera jamais officiellement sa retraite. Depuis son triomphe à Roland-Garros, aucune joueuse française n’a soulevé le trophée, et aucune autre joueuse n’a réussi le doublé simple/double dans un tournoi du Grand Chelem.
Atteindre la finale de Roland-Garros en 2000 restera le dernier grand résultat de Conchita Martinez. Éjectée définitivement du top 10 en 2001, elle ne remportera pas un seul tournoi jusqu’en 2005, décrochant le dernier de ses 33 titres à Pattaya, mais atteindra tout de même les quarts de finale à Wimbledon en 2001, et à Roland-Garros en 2003. Elle prendra sa retraite en 2006.