Djokovic : “Affronter Nadal à Roland-Garros, c’est un défi ultime”

Mercredi, lors de son media day à Rome, Novak Djokovic a été interrogé sur Rafael Nadal et sa participation espérée à Roland-Garros.

Rafael Nadal etNovak Djokovic, après la victoire de l’Espagnol en finale à Rome en 2019 (Inside / Panoramic)

Mathieu Canac

8 mai 2024

Battre Rafael Nadal à Roland-Garros, sans remporter le tournoi, ou gagner un ATP 250, voire un ATP 500 ou même un Masters 1000 ? Qu’est-ce qui aurait le plus d’impact dans le monde du tennis, et sonnerait comme le plus prestigieux dans la carrière d’un joueur ?

S’il faut prendre le temps de réfléchir pour répondre à cette question et aiguiser ses arguments, c’est parce que le monument espagnol a établi une domination sans égal sur terre battue. À tel point que le vaincre sur ocre, et plus particulièrement porte d’Auteuil, est devenu une ligne de palmarès en soi. Dans l’histoire, jamais un joueur n’avait régné en maître aussi incontesté sur une surface.

Nadal : 97,4 % de victoires à Roland-Garros

Depuis le début de sa carrière, avant de commencer le Masters 1000 de Rome 2024, le gaucher des Baléares a compilé 478 victoires pour 47 défaites sur brique pilée. Soit 91,05 % de succès. Un record dans l’ère Open, devant Roger Federer, avec 86,9 % sur gazon, et Björn Borg, 86,1 % sur terre battue. Au meilleur des cinq sets – Roland-Garros, Coupe Davis, finales de Masters 1000 et ATP 500 jusqu’en 2006 –, il a établi un ratio encore plus “extra-terrien” : 137 duels gagnés, 3 perdus. Personne n’a fait mieux, évidemment.

Les trois revers ont eu lieu à Paris. Face à deux hommes. Robin Söderling en 2009, puis Novak Djokovic en 2015 et 2021. Les 112 autres fois où le quatuordécuple vainqueur du tournoi est entré sur le terrain à la lisière du bois de Boulgne, il s’est imposé. 97,4 % de réussite. Le plus haut pourcentage de l’histoire dans un Majeur, devant Borg – qui a eu une carrière beaucoup plus courte – avec 96,1 % à Roland-Garros et 92,7 % à Wimbledon.

Jouer contre Nadal à Roland-Garros, c’est le plus grand défi que vous pouvez avoir.
Novak Djokovic

Des statistiques éloquentes qui ont fait dire à Djokovic, avant d’affronter, et de battre, Nadal en demi-finale de “RG” éditon 2021 : “Ce n’est pas un match comme les autres. Ne nous voilons pas la face, jouer contre Nadal sur terre battue, sur le court où il a eu le plus de succès dans sa carrière, c’est le plus grand défi que vous pouvez avoir. A fortiori dans les derniers tours, vous ne pourrez pas en trouver un (défi) plus grand que celui-ci.”

De passage devant les médias à Rome ce mercredi, le Serbe aux 24 titres du Grand Chelem, questionné sur la participation espérée du Majorquin à l’évènement parisien, a itéré ses propos. “Jouer Rafa à Roland-Garros, c’est l’un des plus grands défis que vous pouvez avoir à relever dans le tennis”, a-t-il répondu. “On connaît ses records là-bas. Je suis probablement celui qui l’a le plus affronté sur ce court (Philippe-Chatrier).”

Quand il (Nadal) est dans la zone à Roland-Garros, vous avez parfois l’impression qu’il est infranchissable, comme un mur
Novak Djokovic

Bien vu. Devant Federer, six duels, Djokovic est l’obstacle que Nadal a le plus souvent trouvé sur son chemin à Roland-Garos. Dix fois, pour un bilan de 8-2 en faveur du roi du “Vamos !”. “Le court (Philippe-Chatrier) est plus grand, il y a plus d’espace (derrière les lignes), ce qui impacte beaucoup le jeu visuellement et les sensations du joueur”, a expliqué le surnommé “Nole”. “Il (Rafael Nadal) aime rester assez loin derrière sa ligne au retour.”

“Quand il est dans la zone, dans son rythme, qu’il ne fait pas beaucoup d’erreurs, vous avez parfois l’impression qu’il est infranchissable, comme un mur”, a-t-il ajouté. “C’est un défi ultime de l’affronter à Roland-Garros. C’est une athlète incroyable. La ténacité et l’intensité qu’il met sur le terrain, particulièrement là-bas, c’est quelque chose qu’on avait très rarement vu auparavant dans l’histoire de ce sport.”

Djokovic et Nadal pourraient s’affronter dès le premier tour à Roland-Garros

“Je suis sûr que ce sera un tournoi (Roland-Garros 2024) chargé d’émotions pour lui, comme ça l’a probablement été à Madrid ou comme ce le sera sans doute ici (à Rome)”, a-t-il continué. “Mais encore davantage à Roland-Garros, en raison de son historique.”

Fin mai, ou début juin, lors de la grand-messe de la terre battue, le sort, en raison d’un Rafael Nadal non tête de série, pourrait opposer les deux vieux rivaux dès les premiers tours. Le joueur le plus titré de l’histoire en Grand Chelem en simple, face au pape de la surface. Le genre de match culte prêt à dépasser la chapelle du tennis et aller jusqu’à mettre en transe les profanes de ce sport.