Comment la peur du test positif à la Covid-19 affecte les joueurs
A Roland-Garros, certains joueurs sont obsédés par la crainte d’être testés positifs au Covid-19. Une peur qui parasite leurs pensées alors qu’ils devraient se concentrer sur le tennis.
Disputer un Grand Chelem est généralement considéré comme quelque chose que chaque joueur attend avec impatience, avec la possibilité de s’exprimer sous la lumière des projecteurs. Cette année cependant, certains des participants au tableau final de Roland-Garros peinent à se motiver, étant davantage inquiets d’être testés positifs à la Covid-19 que préoccupés par leur état de forme sur le court.
Comme lors de l’US Open, les joueurs ont été soumis à un strict protocole sanitaire. Ils ont été testés à leur arrivée à Paris et confinés dans une chambre d’hôtel pendant 24 heures avant de connaître le résultat. Ils devront ensuite subir de nouveaux tests tous les quatre ou cinq jours aussi longtemps qu’il seront engagés dans le tournoi.
Tous ont été répartis dans deux hôtels. Mais le fait que ces deux établissements soient aussi occupés par des clients n’ayant rien à voir avec Roland-Garros laisse entendre que la bulle n’est pas entièrement sécurisée. Cette situation pousse certains joueurs à bout.
Goffin: « Des règles différentes chaque semaine »
« L’inquiétude plane en permanence, a déclaré David Goffin, qui a été battu au premier tour par l’Italien Jannik Sinner dimanche. Avant chaque tournoi, on ne sait pas si on peut être faux-positif, faux-négatif… C’est la même chose pour le staff. Il y a des règles différentes chaque semaine. Dans la vie privée non plus, ce n’est pas simple à gérer. Pour moi, la chose la plus difficile à gérer est de rester frais mentalement et de conserver mon énergie pour tout donner sur le court. (…) Ce dimanche, j’étais comme vidé, je n’avais pas d’énergie. »
Pour Paire, des hauts et des bas
Personne n’a expérimenté les montagnes russes de ces protocoles sanitaires autant que Benoît Paire. Il a été testé positif à la veille du début de l’US Open et, après avoir été retiré du tableau, a dû observer une quarantaine de dix jours dans sa chambre d’hôtel.
« A New York, j’ai été testé positif deux fois puis négatif à six reprises. A Paris, j’étais négatif. A Rome : trois fois négatif. Je suis arrivé à Hambourg, le premier et le deuxième tests ont été positifs, le troisième a été négatif. Enfin, j’ai encore été négatif lors de mon retour à Paris. »
« Si je suis de nouveau testé positif, je rentre à la maison. Honnêtement, je préférerais être chez moi, ça fait six semaines que je ne suis pas rentré, j’ai envie de voir mon chien, mes parents, ma famille. D’habitude je me fais des petits restaurants dans Paris, là il faut rester dans sa chambre, sans voir personne. »
Paire est parvenu à remporter son match contre Kwon Soonwoo, mais toute cette incertitude l’a épuisé :
« Quand vous être positif, négatif, positif, négatif… vous ne savez jamais vraiment. Par conséquent, ce n’est pas si facile mentalement de se concentrer quand vous êtes conscient que vous risquez de ne pas pouvoir jouer. Je ne suis pas à 100% maintenant. »
Seppi : « Chaque semaine est accompagnée d’un point d’interrogation »
Andreas Seppi est d’accord avec Paire. Selon l’Italien, chaque joueur peut être exclu du tournoi à n’importe quel moment :
« Tout le monde sait que ces conditions ne sont pas normales, et ce n’est évidemment pas facile pour nous. Aller disputer un tournoi, être testé, attendre le résultat pendant une journée dans une chambre d’hôtel… Et comme cela est déjà arrivé, un joueur peut être testé positif puis être de nouveau négatif ensuite. Chaque semaine est donc accompagnée d’un point d’interrogation. Mais bien sûr que l’on veut jouer ce genre de tournois ! »
Pas de problèmes pour Azarenka
Victoria Azarenka, elle, ne semble pas du tout préoccupée par ce contexte. L’ancien numéro 1 mondiale, de retour à son meilleur niveau après avoir remporté le tournoi de Cincinnati et atteint la finale de l’US Open, a révélé qu’elle n’avait pas besoin de lutter pour trouver sa motivation :
« Pour être honnête, j’ai connu des moments difficiles au cours des années écoulées donc, d’une certaine manière, après beaucoup de doutes liés à la pandémie et à ma façon d’aborder les choses, ce que je vis actuellement m’apporte une réelle bouffée d’air frais. Je dirais que j’étais beaucoup plus malheureuse quelques années auparavant que je ne le suis maintenant. »
- A lire aussi : Protocoles Covid-19 : Les quatre situations inquiétantes avant Roland-Garros
- A lire aussi : Ils ont marché sur un Roland lunaire : Le recap de la 1re journée
Traduction : Raphaël Brosse