Classés de la 115e à la 517e place, ils rêvent d’un parcours à la Gaston : qui sont les sept wilds-cards françaises pour Roland-Garros ?
Sept joueurs français ont hérité d’une invitation pour le tableau final de Roland-Garros, qui débute dimanche prochain. Certains sont en pleine bourre et auront peut-être un coup à jouer en début de quinzaine.
Grégoire Barrère, cap de faire un 3e tour ?
Âge : 27 ans (né le 16 février 1994 à Charenton-le-Pont, dans le Val-de-Marne)
Classement : 122e
Profil : Droitier, revers à deux mains
Son parcours : A 27 ans, il est désormais bien installé dans le paysage d’un tennis français qui l’avait notamment découvert à Roland-Garros en 2019, où il avait remporté son premier match en Grand Chelem face à Ebden, avant d’opposer une belle résistance à Khachanov.
Il a ensuite confirmé jusqu’à accéder au 80e rang mondial, classement plus qu’honorable – même s’il a un peu baissé depuis – pour un joueur qui envisageait d’arrêter le tennis deux ans plus tôt, lassé par une spirale négative. Finalement, ce grand copain de Lucas Pouille, Mathias Bourgue et Laurent Lokoli, avec lesquels il a été formé à l’INSEP et plané sur l’Europe dans les catégories jeunes, a rebondi au sein de la All in Academy de Thierry Ascione, où il est désormais entraîné par Marc Gicquel et Nicolas Copin (après Mathieu Rodrigues).
Ce grand fan du PSG au tennis percutant à la Paul-Henri Mathieu, dont il était fan plus jeune, a du feu dans sa raquette qui lui permet, dans un bon jour, de pouvoir élever très haut son niveau.
Ce serait quoi, pour lui, un bon Roland ? Il a atteint le 2e tour de tous les Grands Chelems mais encore jamais le 3e tour. Let’s go, c’est le moment…
Son adversaire au premier tour : Fabio Fognini, 29e mondial et tête de série numéro 27
Arthur Rinderknech, le meilleur espoir
Arthur Rinderknech
Âge : 25 ans (né le 23 juillet 1995 à Gassin, dans le Var)
Classement : 117e
Profil : Droitier, revers à deux mains.
Son parcours : On peut sans hésiter lui remettre l’Oscar de la révélation française de l’année. Quoi qu’Arthur progresse régulièrement depuis trois ans, il a définitivement explosé en 2021, notamment à l’Open 13 de Marseille où, qualifié pour la première fois sur un ATP 250, il a battu Kukushkin et Davidovich Fokina avant d’obtenir une balle de match en quarts face à Ugo Humbert.
Si son grand gabarit (1,96 m) et son tennis offensif (gros service, gros coup droit) en font plutôt a priori un joueur de dur, il s’est illustré notamment à Lyon (victoire contre Jannik Sinner) sur terre battue, surface sur laquelle il a beaucoup joué dans son enfance à Saint-Mandé, dans le Val-de-Marne. Après quoi, faute d’être intégré par la FFT, il a migré pendant quatre ans (entre 2014 et 2018) à la Texas A&M University, où il semble s’être forgé un “think positive” à l’américaine qui se reflète dans son attitude.
Désormais entraîné à Rennes par Sébastien Villette, le tennis coule dans ses veines : il est le fils de Virginie Paquet, qui a flirté dans le top 200 dans les années 1980, le cousin éloigné de Chloé Paquet, autre wild-card française de ce Roland-Garros, et le cousin au premier degré de Benjamin Balleret, l’ancien joueur monégasque devenu coach de Pierre-Hugues Herbert…
Ce serait quoi, pour lui, un bon Roland ? Il progresse tellement vite, il a l’air tellement serein qu’on ne lui fixe aucune limite. On le voit bien gagner au moins un match, malgré un adversaire difficile, mais s’il passe un ou deux tours de plus, le tirage aidant, on ne serait pas plus étonnés…
Son adversaire au premier tour : Marin Cilic, 47e mondial
Benjamin Bonzi, l’autre grand espoir
Âge : 24 ans (né le 9 juin 1996 à Nîmes, dans le Gard)
Classement : 115e
Profil : Droitier, revers à deux mains
Son parcours : Il est, avec Arthur Rinderknech, l’autre grande révélation française de l’année 2021, qui l’a vu notamment remporter ses deux premiers Challengers, à Potchefstroom (Afrique du Sud) et Ostrava (République tchèque). Sans les conséquences inhérentes au contexte sanitaire, avec la mise en pause du circuit l’an dernier et le gel du classement, il n’aurait certainement pas eu besoin d’une wild-card pour intégrer le tableau final (toujours comme Rinderknech). Et aurait sans doute fait partie du top 100.
Depuis qu’il s’est établi fin 2019 à Aix-en-Provence, où il est parti s’entraîner avec Lionel Zimbler (l’ancien coach de Benoit Paire) et David Guez, ce fan de l’OM, préalablement passé par le CNE à Roland-Garros et une structure privée à Toulouse, a vu sa carrière grimper en flèche. En octobre dernier, rappelons-nous, il avait passé un tour à Roland-Garros aux dépens d’Emil Ruusuvuori, après s’être qualifié. Il l’avait fait aussi en 2017, cette fois au bénéfice (déjà) d’une wild-card, lorsqu’il avait poussé à l’abandon un certain Daniil Medvedev, victime de crampes.
Garçon stable et régulier, doté notamment d’un excellent revers, il n’est encore pas passé loin d’une très belle victoire récemment à Lyon sur Khachanov. Une preuve supplémentaire qu’il dispose désormais d’un niveau “moyen” largement suffisant pour avoir sa place en Grand Chelem.
Ce serait quoi, pour lui, un bon Roland ? Vu son début de saison, on attend de lui de passer au moins un tour. Et, si le tirage le permet, pourquoi pas deux, ce qu’il n’a jamais fait dans un tournoi majeur.
Son adversaire au premier tour : Facundo Bagnis, 101e mondial
Hugo Gaston, les rêves peuvent se produire deux fois
Âge : 20 ans (né le 26 septembre 2000 à Toulouse, en Haute-Garonne)
Classement : 141e
Profil : Gaucher, revers à deux mains
Son parcours : Est-il besoin de rappeler qu’il a été LA sensation du dernier Roland-Garros où, titulaire d’une wild-card, il avait atteint les huitièmes et battant Stan Wawrinka et en poussant le double finaliste sortant Dominic Thiem à un homérique combat en cinq sets ! Il est ainsi devenu le Français le plus mal classé (239e) à atteindre la deuxième semaine à Paris depuis Arnaud Di Pasquale en 2002, et le premier à le faire dès sa première participation depuis Patrice Dominguez en 1971.
Coup de génie prometteur ou “one shot” sans lendemain ? Evidemment, le Toulousain, entraîné depuis longtemps par Marc Barbier, n’a pas échappé au débat dans les semaines qui ont suivi. Il l’a laissé glisser sur lui avec sa “coolitude” habituelle. Après une période digestion quasi-obligatoire, il est bien reparti en 2021, remportant notamment son premier match en Masters 1 000 à Miami (Dominik Koepfer) avant d’atteindre la finale du Challenger de Rome en avril et d’accéder au top 150 (141e, meilleur classement)
Bref, l’ancien n°2 mondial juniors, tout frais demi-finaliste d’un autre Challenger à Oeiras, au Portugal, continue de suivre son bonhomme de chemin, certes plus discrètement qu’en octobre dernier à Paris, où l’on est déjà impatient de revoir à l’œuvre sa patte gauche enchanteresse.
Ce serait quoi, pour lui, un bon Roland ? Il sera sans doute la wild-card la plus attendue… Ce serait pourtant une erreur d’exiger de lui le même parcours que l’an dernier, un exploit presque “anormal” donc par définition rarissime. Son classement lui autorise plutôt de viser une ou deux victoires, ce qui, dans ces conditions, serait déjà une belle performance. Mais surtout, cette fois encore, qu’il s’éclate !
Son adversaire au premier tour : Richard Gasquet, 51e mondial
Enzo Couacaud, pour une première
Âge : 26 ans (né le 1er mars 1995 à Curepipe, à l’île Maurice)
Classement : 177e
Profil : Droitier, revers à deux mains
Son parcours : Dans sa jeunesse, cet ancien bon espoir du tennis français avait dû quitter son île Maurice chérie, où il a grandi et où il s’entraîne à nouveau régulièrement aujourd’hui, pour peaufiner son apprentissage du haut niveau, notamment au sein de l’académie Mouratoglou puis au CNE ainsi qu’auprès de divers entraîneurs privés français ou étrangers. Malheureusement, sa trajectoire ascendante a été sérieusement entravée par une grave blessure au coude qui a nécessité deux opérations en 2017 et 2018.
Couacaud, à qui les docteurs prédisaient qu’il ne rejouerait jamais au tennis, est un miraculé. Il a repris le fil de sa carrière jusqu’à atteindre la 164e place en 2019. Cette année, “Papycouac” (son surnom) s’est distingué en remportant le Challenger de Gran Canaria, en février, et tout récemment en atteignant la finale d’un autre Challenger à Biella (Italie), face à l’Australien Kokkinakis. Le Franco-Mauricien honorera sa première wild-card “tableau” à Roland-Garros, furieux de ne l’avoir pas eue en octobre dernier alors que ses résultats parlaient pour lui.
Encore une belle annonce de la fft , 178 eme joueur mondial, 3eme français hors du top 100, 1-3 français à avoir joué une finale de challenger en 2020, il faut faire quoi pour être invité dans votre tournoi au juste ? Il faut être copain avec qui ? https://t.co/xjRM9fmYd1
— Enzo Couacaud (@lacouac) September 14, 2020
Il avait néanmoins passé deux tours en qualifications, comme en 2019. Doté d’un gabarit assez frêle mais très dynamique, malicieux et solide du fond, il est à l’aise sur terre battue et particulièrement à Roland-Garros.
Ce serait quoi, pour lui, un bon Roland ? Ce sera son premier match dans le tableau final d’un Grand Chelem, ne soyons pas trop exigeant avec lui. Mais s’il retrouve le niveau qu’il est capable d’atteindre certaines semaines, rien ne l’interdit de viser une victoire. Ce serait un coup de boost formidable au mitan de sa carrière.
Son adversaire au premier tour : Egor Gerasimov, 78e mondial
Mathias Bourgue, cinq ans après Murray
Âge : 27 ans (né le 18 janvier 1994 à Avignon, dans le Vaucluse)
Classement : 196e
Profil : Droitier, revers à deux mains
Son parcours : C’est un pur produit fédéral, formé successivement au Pôle France de Boulouris, à l’INSEP puis au CNE. A l’époque, il était l’un des tout meilleurs jeunes au monde, sacré plusieurs fois champion d’Europe individuel et en équipe avec Lucas Pouille, Grégoire Barrère et Laurent Lokoli, ses potes générationnels.
Chez les grands, Bourgue s’est fait définitivement connaître lors de Roland-Garros 2016 où, après avoir passé un tour, il avait livré un combat fantastique face à Andy Murray, futur finaliste. Mais ce match, finalement, l’a plus desservi qu’autre chose. Piège classique : trop de pression, trop de lumière d’un seul coup… Le Provençal n’a pour l’instant pas dépassé la 140e place mondiale en 2017, cantonné depuis au circuit Challenger.
Il ne cache rien des difficultés mentales qu’il a traversées et s’est d’ailleurs attaché les services d’un coach de vie pour les surmonter, en plus de son entraîneur “normal”, Marc Gicquel. Son début de saison 2021 a été plutôt solide avec notamment une finale au Challenger de Split en avril. Le talent, chez lui, est là, l’état d’esprit aussi. Reste à retrouver la confiance.
Ce serait quoi, pour lui, un bon Roland ? Pas de pression, pas de pression… Qu’il fasse un bon match, qu’il se lâche, et surtout qu’il se fasse plaisir ! Si tel est le cas, il a les moyens de passer un tour.
Son adversaire au premier tour : Dominik Koepfer, 57e mondial
Arthur Cazaux, la découverte du grand monde
Âge : 18 ans (né le 23 août 2002 à Montpellier, dans l’Hérault)
Classement : 517e
Profil : Droitier, revers à deux mains
Son parcours : Alors lui, on ne l’attendait pas, du moins pas si tôt ! Quelques mois à peine après avoir remporté son premier tournoi Future, fin 2020 en Espagne, il a subitement frappé à l’étage supérieur ce mois de mai, tout d’abord en battant Sebastian Korda (alors 65e) lors des qualifications du Masters 1000 de Madrid, puis en remportant à Genève son premier match sur le circuit principal face à son compatriote Adrian Mannarino (37e).
Avec sa casquette à l’envers et son air juvénile, on imaginait le Montpelliérain encore un peu “junior”, catégorie dans laquelle il avait atteint en 2020 la finale de l’Open d’Australie face à Harold Mayot. Mais il a manifestement mis à profit son passage au Centre national d’entraînement l’été dernier, où il est coaché par Boris Vallejo – il avait auparavant refusé les propositions de Pôle France, préférant rester dans sa région – pour prendre de l’épaisseur.
Les wild-cards qu’il a pu obtenir grâce à son agent influent (Gérard Tsobanian) l’ont évidemment aidé mais cette soudaine percée vers le plus haut niveau, c’est avant tout à son talent qu’il la doit, à ce tennis à la fois souple et relâché, subtil mélange de constance et de fulgurances. Et ce n’est qu’un début…
Ce serait quoi, pour lui, un bon Roland ? Ne commençons pas à lui mettre une pression excessive sur les épaules, qu’il a encore frêles. Mais puisqu’il a montré sa capacité à élever son niveau face aux meilleurs, souhaitons-lui de s’étalonner à un gros poisson, histoire de cerner encore un peu plus son potentiel.
Son adversaire au premier tour : Kamil Majchrzak, 126e mondial