Bogdan parle de sa dépression et Stephens de celles qui “souffrent en silence” : Les langues se délient au sujet de la santé mentale
Emboîtant le pas à Naomi Osaka, Ana Bogdan s’est confiée sur un épisode de dépression et d’anxiété vécu en début d’année. Sloane Stephens estime que ce ne sont pas des cas isolés et appelle à une meilleure prise en charge de la santé mentale sur le circuit.
Désormais loin de l’effervescence de Roland-Garros, rentrée chez elle à Los Angeles, Naomi Osaka n’a pas probablement pas la tête au tennis et à la vie du circuit. Mais la Japonaise a bien réussi à faire de la santé mentale des joueuses et des joueurs un sujet central de la quinzaine parisienne. Au moment de se retirer du tableau lundi, la numéro 2 mondiale avait confié ses soucis et partagé son désir d’ouvrir une porte dans laquelle les autres pourraient s’engouffrer pour faire évoluer la prise en charge de ce problème par les instances.
Ces derniers jours, les langues se sont déliées, aussi parce que les journalistes orientent régulièrement leurs questions en conférence de presse sur ce dossier longtemps laissé sous le tapis. Battue de justesse par Paula Badosa vendredi, Ana Bogdan était celle qui avait indirectement profité du retrait d’Osaka, en se retrouvant au troisième tour sans avoir à jouer. Mais la Roumaine était partagée quand elle a appris ce que vivait la Japonaise.
“D’un côté, bien sûr que j’étais heureuse, disons-le comme ça, parce que je savais que j’étais qualifiée pour le troisième tour, a reconnu la 102e mondiale. Mais d’un autre côté, je n’étais pas heureuse quand j’ai vu ce qui lui arrivait et ce qu’elle a écrit, parce que j’ai traversé une phase de dépression et d’anxiété cette année, en début d’année, et ce n’est très facile à gérer. J’espère qu’elle trouvera une issue et qu’elle reviendra bientôt sur le circuit.”
Stephens : “Il ne s’agit pas seulement de davantage se soutenir entre nous, il faut aussi que le circuit puisse nous soutenir”
Les confidences de Bogdan ne sont pas encore la norme. Et pourtant, Sloane Stephens est persuadée qu’Osaka et la Roumaine ne sont pas des cas isolés. Loin de là.
“J’ai le sentiment que beaucoup de joueuses sur le circuit souffrent en silence, et je trouve que ce n’est pas cool ni juste, a confié l’Américaine, qualifiée pour les huitièmes de finale de Roland-Garros, une première pour elle en Grand Chelem depuis 2019. Nous devrions avoir une approche différente, parce que chacun gère les choses différemment, à sa façon. Plus il y a du soutien, mieux c’est. Il ne s’agit pas seulement de davantage se soutenir entre nous, il faut aussi que le circuit puisse nous soutenir de différentes manières, ce serait d’une grande aide. Nous vivons dans un monde avec Internet, il y a des gens qui disent que vous êtes un bébé, toutes ces choses qui vous rentrent dans la tête.”
Stephens appelle à plus de solidarité entre joueuses, qui sont finalement celles qui partagent le plus de temps ensemble, avec la vie itinérante et intense du circuit.
“En tant que compétitrices et en tant que collègues, je pense que c’est important de se soutenir parce qu’honnêtement, nous sommes sur la route toutes les semaines, nous sommes tout les unes pour les autres. On voit les mêmes visages tout le temps. Donc je pense que c’est super important de pouvoir se soutenir pendant les hauts et les bas, parce que le tennis est très psychologique.”