“Vulnérable” pour cet Open d’Australie, Nadal ? L’histoire prouve le contraire
Rafael Nadal a confié vendredi se sentir à la merci d’une sortie rapide à l’Open d’Australie, où il débutera lundi face à Jack Draper. Pourtant, Melbourne lui réussit généralement bien plus qu’on ne pourrait penser.
S’il y a (au moins) un mérite qu’il faut reconnaître à Rafael Nadal, c’est l’honnêteté et la transparence qui a toujours été la sienne vis-à-vis des medias. Lorsque l’Espagnol dit se sentir “vulnérable” et à la merci d’une sortie rapide pour l’Open d’Australie, comme il l’a fait vendredi lors de sa conférence de presse de pré-tournoi, il s’agirait de le prendre au mot, non ?
D’autant que son premier tour face à Jack Draper (lundi, pas avant 16h30, heure locale), l’une des valeurs montantes du circuit, s’assimile quasiment à une entrée en matière face à une tête de série, même si le Britannique est seulement 40e mondial.
Le gaucher anglais est jeune, puissant, exubérant et confiant, tandis que Nadal, du haut de ses 36 ans, a perdu six de ses sept derniers matches depuis l’US Open dernier. Et encore, son seul match gagné dans l’intervalle, face à Casper Ruud en phase de poules du Masters, comptait comme on dit pour du beurre puisque le Norvégien était déjà qualifié, et l’Espagnol déjà éliminé.
En résumé, il serait presque logique que la tête de série numéro 1 du tournoi – un rang dont Nadal a hérité après le forfait de son compatriote Carlos Alcaraz – se fasse éliminer d’entrée cette année à Melbourne. A une petite objection près : là, c’est de Rafael Nadal dont nous parlons…
Le Majorquin est le tenant du titre en Australie, où il a conquis l’an passé l’un des titres les plus sensationnels de l’histoire du tournoi à l’issue d’une finale renversante face à Daniil Medvedev, après avoir été mené deux sets à rien, break dans le troisième. Il a ainsi conquis son deuxième Open d’Australie pour rejoindre Roy Emerson, Rod Laver et Novak Djokovic dans le club des joueurs ayant remporté les quatre tournois majeurs au moins deux fois.
Nadal : “Je me sens prêt, honnêtement”
Le fait que Nadal ait bataillé aussi longtemps pour le faire en Australie laisse à penser qu’il pourrait s’agir du Grand Chelem où il se sent le moins à l’aise. Pourtant, un bref coup d’œil de son historique à Melbourne montre qu’il n’en est rien. A l’exception d’une défaite d’entrée face à son compatriote Fernando Verdasco en 2016, à une période où il était un peu dans le creux, il a atteint (au moins) les quarts de finale de toutes les éditions qu’il a jouées depuis 2007 (il était forfait en 2006 et 2013), c’est-à-dire depuis 16 ans.
En plus de ses deux sacres en 2009 et, donc, en 2022, Rafa y a atteint quatre fois la finale, en 2012, 2014, 2017 et 2019, s’inclinant trois fois contre Novak Djokovic et une fois contre Roger Federer (2017). Quand on y pense, c’est phénoménal. Dur de dire que Rafael Nadal n’est pas à l’aise sous la chaleur des antipodes.
Nadal a ceci de particulier que, contrairement à la plupart des joueurs, il n’hésite jamais à parler de quoi que ce soit qui puisse le chiffonner dans son jeu. Peu de ses confrères s’exposeraient autant à sa place en suggérant cette “vulnérabilité” du moment, quitte à donner à son adversaire un coup de pouce psychologique.
Mais l’Espagnol n’est pas inquiet à ce sujet. En fait, c’est peut-être aussi une manière pour lui de faire pression sur Jack Draper en lui “chipant” la tenue toujours plus confortable d’outsider. Sauf qu’outsider, Nadal ne l’est pas, bien sûr. Ne nous y trompons pas : il demeure le favori de ce match, d’autant qu’il s’estime dans une bien meilleure forme que le laisse suggérer sa récente feuille de résultats.
“Même si j’ai perdu mais deux premiers matches de l’année (contre Alex de Minaur et Cameron Norrie en United Cup, Ndlr), je n’ai pas si mal joué, estime l’homme aux 22 Grands Chelems. J’ai perdu contre deux bons joueurs, en me créant à chaque fois de bonnes chances de gagner. Depuis je me suis entraîné tous les jours avec les meilleurs. Cela devrait beaucoup m’aider. Je ne sais pas ce qui arrivera lundi (demain), mais de mon point de vue, globalement, ma situation est bien meilleure aujourd’hui qu’elle l’était en arrivant en Australie il y a trois semaines.”
Pas de quoi altérer néanmoins la décontraction de Nadal et encore moins son ambition. Le fait qu’il soit arrivé aussi tôt en Australie, et ce avec sa femme et son fils de trois mois, dit beaucoup de choses sur sa motivation à bien jouer ici et à concilier son nouveau rôle de père avec son métier de joueur, ce qu’il avait concédé avoir eu du mal à faire dans les premières semaines.
“Je me sens prêt, honnêtement”, a-t-il conclu. “La seule chose qui me manque pour l’instant, ce sont des victoires. J’aurais évidemment préféré arriver ici avec davantage de confiance. Pour le reste, je suis satisfait de ce que j’ai pu travailler ici et de l’état de mon jeu à l’entraînement. Je pense être prêt à produire du bon tennis lundi.”
Et ainsi créer la surprise face à Jack Draper ?