Visa annulé pour Djokovic, qui obtient un sursis jusqu’à lundi
Novak Djokovic n’a pas été autorisé à pénétrer sur le territoire de l’Australie après avoir passé la nuit en rétention auprès des autorités douanières.
Novak Djokovic, selon toute probabilité, ne disputera pas l’Open d’Australie 2022. Le numéro un mondial n’a pas été autorisé à pénétrer sur le territoire de l’Australie, mercredi aux alentours de 22h30 en France (8h30 jeudi heure de Melbourne).
L’intention de l’Australie était de le renvoyer en Serbie sans délais. Mais Djokovic conteste sa décision en justice. Le juge Anthony Kelly, mandaté pour examiner l’affaire, a ajourné l’audience à lundi 10 heures locales (minuit en France).
Djokovic restera donc sur place jusqu’à ce qu’une décision définitive soit prise. Le meilleur joueur de tennis du monde a été transféré au Park Hotel à Melbourne où se trouvent aussi des demandeurs d’asile actuellement en détention.
Ses conditions de rétention ont été contestées par sa famille lors d’une conférence de presse, jeudi. Elle affirme que le numéro un mondial, privé de ses affaires personnelles, est incapable de trouver le sommeil et évolue dans des conditions de salubrité dégradantes.
Tennis Australia a demandé une décision avant mardi pour des raisons logistiques liées à l’organisation de l’Open d’Australie, mais rien n’indique que ses enjeux pourront influencer les autorités australiennes.
Djokovic, non vacciné, avait cru à son exemption
Le statut vaccinal de Djokovic est à l’origine de cette décision de la police aux frontières, qui dépend de l’état central australien. Le Serbe pensait, dans des conditions qui restent à éclaircir et qui constituent désormais un fiasco magistral, avoir obtenu une exemption de la part de l’état de Victoria, où se trouve Melbourne.
La vaccination est obligatoire pour entrer sur le territoire australien mais le Serbe, ouvertement sceptique sur la vaccination depuis ses propos au New York Times en avril 2020, a fait comprendre mardi qu’il ne s’était pas protégé contre le Covid-19. Il refusait jusqu’ici de révéler son statut vaccinal.
“Monsieur Djokovic a échoué à fournir les éléments nécessaires”
“L’ABF (Australian Border Force) peut confirmer que Monsieur Djokovic a échoué à fournir les éléments nécessaires à son entrée sur le territoire australien, en conséquence de quoi son visa a été annulé”, indique le communiqué de la douane australienne.
“Les non-ressortissants qui ne possèdent pas de visa ou dont le visa est annulé font l’objet d’une mesure de rétention puis sont expulsés d’Australie. L’ABF va continuer à œuvre pour s’assurer que tous ceux qui se présentent à nos frontières respectent la loi australienne et satisfont aux conditions d’entrée sur le territoire.”
Les règles sont les règles, plus encore quand il s’agit de nos frontières, et personne n’est au-dessus des règles.
Scott Morrison, Premier ministre australien
Les autorités douanières affirment que Novak Djokovic a conservé son téléphone pendant sa nuit sous surveillance à l’aéroport mais nous maintenons nos informations selon lesquelles il en a été privé pendant environ trois heures.
Interpellé à son arrivée à Melbourne mercredi à 23h20 locales (13h20 en France), Djokovic a été retenu, isolé dans une pièce surveillée et a fait l’objet des investigations des agents des douanes toute la nuit. Les documents fournis par le nonuple vainqueur de l’Open d’Australie n’ont pas suffi à assurer son entrée.
“Les règles sont les règles, plus encore quand il s’agit de nos frontières, a tweeté le Premier ministre Scott Morrison. Personne n’est au-dessus des règles. La force de notre police aux frontières est une des raisons primordiales pour lesquelles notre pays a enregistré l’une des plus faibles mortalités au monde à cause du Covid. Notre vigilance est constante.”
L’exemption “n’avait pas la robustesse nécessaire”
Ce qui est devenu l’affaire Djokovic avait pris une autre tournure mercredi aux alentours de 10 heures en France, 20 heures en Australie, quand la ministre de l’Intérieur Karen Andrew et le Premier ministre lui-même avaient fait savoir que la loi nationale australienne était susceptible d’avoir une force supérieure à la décision de l’état de Victoria de lui attribuer une exemption.
L’existence de cette exemption avait été partagée publiquement par Djokovic lui-même la veille, puis confirmée par Tennis Australia et l’état de Victoria. Tout en encourageant Djokovic à révéler les raisons légitimes qu’il avait à avancer pour jouer l’Open d’Australie, les deux institutions vantaient la rigueur des travaux de deux commission médicales indépendantes.
“Il y avait une exemption accordée par l’état de Victoria, a reconnu le ministre de la Santé Greg Hunt jeudi à la télé australienne, mais qui clairement n’avait pas la robustesse nécessaire pour répondre aux preuves minimale exigées par la police aux frontières australienne. C’est dur, mais c’est équitable.”
Le long suspense maintenu par Djokovic
La raison avancée par Djokovic pour bénéficier d’une exemption n’est pas connue. Un faisceau de présomptions mène à la possibilité d’une infection au Covid-19 après le 31 juillet.
Djokovic laissait planer un suspense constant sur sa participation à l’Open d’Australie depuis que la vaccination avait été rendue obligatoire en Australie, fin 2021. Les critiques qui se sont abattues sur ses tentatives pour disputer le tournoi en demandant une exemption ont entraîné une politisation de son cas. Elle est même devenue une affaire diplomatique entre la Serbie et l’Australie au petit matin.
Le pouvoir central australien s’est saisi de cette affaire pour envoyer un signal de fermeté dans un contexte d’explosion des contaminations, sur un territoire qui a subi l’un des confinements les plus longs du monde en 2020 et où la vaccination de masse ne rencontre pas de résistance.
D’autres joueurs ou joueuses sont-ils rentrés avec la même exemption ?
Avec plus de 40.000 contaminations par jour depuis le début de l’année environ, le Covid circule à une vitesse jamais vue en Australie, malgré une mortalité faible de 2271 personnes en deux ans.
Reste à savoir si d’autres joueurs ou joueuses ont pu pénétrer sur le territoire australien en bénéficiant d’une exemption de même nature avant Djokovic. Craig Tiley, patron de Tennis Australia laisse entendre que oui quand il évoque le nombre de 26 demandes d’exemption pour tous les accrédités. Des recherches sont en cours pour les identifier, selon le quotidien The Age.
Soit Tiley a menti pour asseoir sa communication, soit les autres joueurs avaient d’autres motifs que ceux de Djokovic, soit Djokovic avait les mêmes motifs mais des documents moins convaincants. Dans tous les cas, il reste des éléments cruciaux à éclaircir sur ce sujet qui faisant, jeudi, la “une” de l’actualité internationale.
Sur le plan sportif, Novak Djokovic ne portera pas à vingt-et-un son nombre de victoires en Grand Chelem ce mois-ci, ce qui aurait constitué un record absolu dans le tennis masculin. Recordman du nombre de victoires à Melbourne (neuf titres entre 2008 et 2021), il se sentait comme chez lui en Australie au fil des ans. Quelque chose de spécial vient de se casser dans sa carrière et sa vie d’homme.