Une masterclass venue d’Italie : Sinner élimine Djokovic de son Open d’Australie en demi-finales
L’Italien s’est imposé en quatre manches (6-1, 6-2, 6-7, 6-3) et jouera sa toute première finale en Grand Chelem.
C’est un tremblement de terre. Une performance qu’il aurait été difficile d’imaginer dans ces proportions. Mais Jannik Sinner a réalisé un exploit majuscule en demi-finales de l’Open d’Australie. Il a battu Novak Djokovic, le maître des lieux, qui n’avait plus perdu ici depuis plus de 2100 jours (33 matchs), l’a surclassé en quatre manches (6-1, 6-2, 6-7, 6-3) pour aller chercher sa toute première finale en Grand Chelem. C’est confirmé encore plus après ce résultat : depuis la fin de l’année 2023, Sinner progresse à pas de géant. Le géant, c’est lui, finalement.
Il se savait attendu, presque pour la première fois dans la position d’un joueur capable de le faire. Jannik Sinner n’est pas passé à côté de son rendez-vous. Son début de match en était la parfaite illustration avec un break d’entrée. Dans l’attitude et au score, il ne s’est pas arrêté là. Il a continué à agresser Novak Djokovic, trop peu mobile pour espérer faire durer l’échange.
Si le Serbe est vite parti à la faute, tout est à mettre au crédit de l’Italien qui ne ratait rien ou presque. Et la sentence est tombée : le numéro un mondial a perdu la première manche, pour la première fois de sa carrière en demi-finales à Melbourne. Déjà un premier pas franchi pour Sinner.
La réaction de Novak Djokovic était attendu par tous, sûrement lui le premier, mais le Serbe a continué de sombrer. Malgré un très bon jeu de service d’entrée, il a lâché sa mise en jeu pour la troisième fois de la rencontre… puis la quatrième fois quelques jeux plus tard. Dans la logique la plus implacable, Jannik Sinner, le gamin de 22 ans, menait 6-1 6-2 sur la Rod Laver Arena face à Novak Djokovic. Presque insensé. Seul Marat Safin avait pris un meilleur départ face au Serbe en Grand Chelem. Le Russe avait remporté les deux premiers actes 6-0 6-2. Mais c’était en 2005 : Novak Djokovic avait 17 ans !
Un mini sursaut d’orgueil pour Djokovic
Le plus étonnant dans tout ça a été le manque apparent de révolte côté Serbe. Il n’est plus étonnant de le voir pester sur son clan, les ramasseurs de balle ou encore l’arbitre quand le match ne se passe pas comme prévu pour lui. Cette demi-finale a fait exception : jamais Djokovic ne s’est agacé. Peut-être le signe d’un vrai jour sans. Ses 54 fautes directes le confirment.
Jannik Sinner aurait pu tuer le match dès le premier jeu de la troisième manche mais le numéro un mondial a sauvé une balle de break qui l’a relancé. Toujours en délicatesse avec sa qualité de tennis, le Serbe s’est accroché, est enfin rentré dans le combat. Il faisait enfin mal à son adversaire et servait beaucoup mieux que dans les premiers sets. Alors quand est arrivé le tie-break, la spécialité du Serbe, Sinner s’est un peu crispé. Surtout quand il a eu l’opportunité de conclure.
L’Italien a obtenu une balle de match mais il s’est écroulé sur un coup droit pourtant facile. La tension tellement compréhensible. Deux points plus tard, Novak Djokovic profitait d’une nouvelle faute directe de son adversaire pour remporter la troisième manche et totalement se relancer. Et mettre un petit coup derrière la tête du protégé de Daren Cahill qui s’est retrouvé à un échange de réaliser quelque chose d’immense. Jannik Sinner menait deux sets zéro face à Novak Djokovic en quarts de finale de Wimbledon, en 2022. Il s’était finalement incliné.
Sinner en patron pour finir le travail
Ne pas achever la bête blessée aurait pu enfoncer Jannik Sinner dès le début du quatrième set. Mais l’Italien n’a rien changé tactiquement. Il a continué à agresser le Serbe sur ses mises en jeu, appuyer ses secondes balles de service. Comme dans les deux premiers actes, cela a payé très vite. Sur un jeu où il était mené 40-0, il a remporté cinq points de suite et pris le service de Novak Djokovic, à 3-1, pour la cinquième fois de la rencontre. Et vu la qualité de retour du Serbe dans cette rencontre, les espoirs étaient de retour pour l’Italien.
Pendant deux sets, j’ai senti qu’il ne se sentait pas très bien sur le terrain
Jannik Sinner
Après quelques jeux sans histoire, Jannik Sinner se retrouvait justement face à cette histoire en servant pour le gain du match. Mené 0-15 puis 15-30 après sa seule double-faute du match, le natif de San Candido a claqué un ace, un service gagnant puis un coup droit long de ligne pour réussir ce qu’il n’était pas parvenu à faire à deux reprises dans sa carrière : battre Novak Djokovic au meilleur des cinq manches.
Il pourra également ajouter cette statistique incroyable à son tableau de chasse : le Serbe n’a obtenu aucune balle de break pour la première fois de sa carrière en Grand Chelem (dans un match qu’il a terminé).
“C’était un match très, très difficile. J’ai très bien commencé. Pendant deux sets, j’ai senti qu’il ne se sentait pas très bien sur le terrain, alors j’ai essayé de continuer à pousser. Dans le troisième set, j’ai eu une balle de match et j’ai raté mon coup droit, mais c’est le tennis. J’ai simplement essayé d’être prêt pour le set suivant, que j’ai très bien entamé. Et bien sûr, l’atmosphère était géniale pour jouer ici,” s’est réjoui le vainqueur du jour après la rencontre.
Il attend désormais Alexander Zverev ou Daniil Medvedev pour valider sa progression fulgurante. Son Open d’Australie est presque parfait jusqu’ici. Il sera conjugué au plus-que-parfait s’il rafle le titre dimanche.