Une balle de match sauvée, et Keys sort Swiatek pour rejoindre Sabalenka en finale de l’Open d’Australie
L’Américaine s’est imposée 5-7, 6-1, 7-6⁸ contre la Polonaise en demi-finale à Melbourne, jeudi soir heure locale.
Aryna Sabalenka face à Iga Świątek. La numéro 1 contre sa dauphine. Les deux grandes rivales de ces dernières années. L’affiche était prête, la colle était sur sur la brosse ; Madison Keys l’a déchirée et a remplacé la trombine de la Polonaise par la sienne. En sauvant une balle de match à 5-7, 1-6, 6-5, sur le service de Swiatek, Keys est finalement sortie gagnante au super tie-break : 5-7, 6-1, 7-6⁸ en 2h35 sous le toit de la Rod Laver Arena, fermée en raison de la pluie.
Face à une adversaire lancée comme un boulet de canon – seulement 14 jeux perdus, soit 2,8 en moyenne par match – pour égaler son meilleur résultat à l’Open d’Australie, la native de l’Illinois, gagnante du WTA 500 d’Adélaïde avant de débarquer à Melbourne, a signé sa onzième victoire de suite. En s’offrant au passage quatre membres du top 10 – Świątek (n° 2), Elena Rybakina (n° 7), Jessica Pegula (n°7), Daria Kasatkina (n° 9) –, trois du top 20 – Danielle Collins (n° 11), Beatriz Haddad Maiai (n° 16), Jeļena Ostapenko (n° 17) –, ou encore Elina Svitolina (n° 27) au tour précédent.
De quoi aborder la finale avec un tantinet de croyance en soi, sa deuxième en Grand Chelem « l’échec » contre sa compatriote Sloane Stephens à l’US Open en 2017, et perdre la boule. « Je crois… A-t-elle (Iga Świątek) eu une balle de match ? », s’est interrogée Keys lors de l’interview sur le court. « Ce match s’est disputé à un niveau si haut, elle a tellement bien joué. Je me suis battue pour rester dedans. (…) Le troisième set a été une bataille. »
A-t-elle eu une balle de match ?
Si la dramaturgie a été au rendez-vous, la qualité de jeu, quant à elle, malgré les dires de Keys, a régulièrement donné dans l’absentéisme. Les deux femmes se sont rarement croisées dans les hautes sphères de l’excellence, en enchaînant tour à tour des périodes jalonnées de (trop) nombreuses fautes directes.
Menée 5-2 dans la première manche après quatres break – deux chacune – en début de rencontre, la 14e de la hiérarchie planétaire à donner plus de fil à retordre pour faire passer le score à 5-5. Puis, malgré la perte du set, elle a su tendre encore davantage ce fil pour que son adversaire s’y prenne les pieds. Faisant parler sa puissance à plat – un style de jeu qui met Swiatek et sa prise très fermée de coup droit dans l’inconfort sur dur pour générer son lift – en étant plus judicieuse dans ses choix et pour saisir les opportunités d’accélérer, elle a aussi profité d’un gros trou d’air de son opposante. 5-0, avant de boucler l’affaire 6-1.
Lors du troisième round, Keys a eu les deux premières occasions de break, à 4-3, 15-40. En vain ; deux fautes directes. Dans la foulée, menée 0-40, elle a écarté quatre fois le danger, avant de finalement céder à 5-5, après avoir de nouveau été à 0-40. La fin des haricots pour elle, pouvait-on alors penser très fort. Mais non. Elle a trouvé quelques gousses de plus à écosser pour écarter une balle de match à 6-5, 40-30 sur l’engagement de son opposante. Grâce à un retour puissant, long, plein centre, qui a mis la Varsovienne genou à terre. Littéralement. Une nouvelle gifle à la relance et une double faute plus tard, le débreak était en poche.
Super Tie-break : super tennis
Dans le super tie-break, le moment tant attendu s’est pointé : les protagonistes ont produit un excellent tennis ensemble. Świątek, qui a pris le meilleur départ – 3-1, puis 4-2, 5-3, 6-4, et 7-5 – a mené 8-7 grâce à une volée en extension épastrouillante. Dans la foulée, Keys lui a répondu avec un ace et un service gagnant, avant d’accéder au bonheur intense en voyant le coup droit de sa rivale du jour terminer derrière la ligne de fond.
« À la fin, je pense qu’on se battait toutes les deux un peu avec nos nerfs », a analysé Keys devant les tribunes. « On se poussait l’une l’autre, et c’était à celle qui serait juste un peu peu meilleure pour aller chercher le dernier point… Je suis heureuse que ça ait été moi (rires). »
Pour tenter de soulever son premier trophée Majeur, Madison Keys devra vaincre une Aryna Sabalenka face à laquelle elle s’est inclinée quatre fois en cinq rencontres (3-1 sur dur). « Ça va cogner, je ne pense pas qu’il y aura beaucoup de longs points », s’est exprimée la protégée de Bjorn Fratangelo, son coach-compagnon. Avec l’objectif de remporter ce défi de puissance pour pouvoir mettre son nom tout en haut de l’affiche.