Open d’Australie : Une finale Kvitova-Osaka

Kvitova, cinq ans après

La renaissance Petra Kvitova (28 ans). Cinq ans après sa dernière finale, lors de son sacre à Wimbledon en 2014, la Tchèque victime d’une agression au couteau à son domicile en 2016 qui aurait pu l’obliger à stopper sa carrière se retrouve de nouveau sur la dernière marche dans un tournoi du Grand Chelem. Si elle s’impose samedi, elle pourrait même grimper pour la première fois de sa vie sur le trône de numéro 1 mondiale, elle qui n’a jamais connu mieux que la deuxième place au classement WTA. Jeudi, dans la première demi-finale, Kvitova a fait redescendre Danielle Collins de son nuage en deux sets (7-6, 6-0) et pas beaucoup plus d’une heure trente de jeu (1h36). Dans une chaleur étouffante (la Rod Laver Arena a même dû être fermée), la Tchèque a d’abord pris les devants à l’issue d’un jeu décisif qu’elle a mené de bout en bout et surtout survolé (7 points à 2). Elle a ensuite profité du coup de massue asséné dans ce premier set à la jeune Américaine pour la mettre KO dans la seconde manche, balayée par la Tchèque remontée à la sixième place mondiale après être un temps sortie du Top 20.

La place de numéro 1 mondiale en jeu contre Osaka  

La tête de série numéro 8 avait pourtant mal entamé cette première demi-finale pour elle dans un Majeur depuis cette fameuse deuxième victoire sur le gazon londonien, où elle s’était déjà imposée trois ans plus tôt (2011). Mais son break concédé dès son troisième jeu de service face à l’une des révélations de cette édition 2019 dans le tableau féminin n’a pas un instant perturbé la blonde qui culmine à plus d’1,80 m (1,83 m). Cette dernière, toujours aussi tranchante (30 coups gagnants dans cette partie) a recollé immédiatement et n’a plus jamais flanché, avec le scénario que l’on sait : ce tie-break survolé puis ce cinglant 6-0 dans le set suivant. La onzième victoire consécutive pour la Tchèque, vainqueur du tournoi de Sydney à la veille du coup d’envoi de cet Open d’Australie et qui n’a toujours mordu qu’une seule fois la poussière cette saison (contre Kontaveit à Brisbane). Un douzième succès, samedi contre Osaka, et ce serait la consécration pour cette Petra Kvitova que personne ou presque n’imaginait pouvoir reprendre le tennis après son agression. Tel le phœnix qui renaît de ses cendres.

Osaka y prend goût

Serena Williams et, pour remonter beaucoup plus loin, Jennifer Capriati sont en danger. Comme les deux Américaines, Naomi Osaka peut aspirer à remporter deux sacres consécutifs dans un Grand Chelem. La Japonaise de 21 ans n’est plus qu’à une victoire d’un doublé depuis qu’elle a écarté de sa route Karolina Pliskova (6-2, 4-6, 6-4), ce jeudi lors d’une seconde demi-finale à couper le souffle qui a vu les deux joueuses proposer un spectacle de toute beauté lors de trois sets d’un tennis de feu. Mais une fois de plus, Osaka, qui en est désormais à treize victoires de rang dans un Majeur, a eu le dernier mot. Quatre mois après son titre à l’US Open, la joueuse d’origine haïtienne qui n’avait encore jamais franchi le cap des seizièmes de finale en Grand Chelem avant de triompher à New York se retrouve donc de nouveau en finale dans l’un des quatre plus grands rendez-vous qui existe en tennis. Et comment pourrait-il en être autrement étant donné la nouvelle démonstration proposée jeudi par la numéro 4 mondiale ? Déjà impressionnante en quarts de finale contre l’Ukrainienne Elina Svitolina, la tornade Osaka a encore soufflé pendant près de deux heures, emportant tout sur son passage en dépit des efforts de Pliskova pour résister à la tempête.

Pluie de coups gagnants pour Osaka 

Dans le premier set, la Tchèque sortie miraculeusement victorieuse de son match précédent contre Serena Williams (l’Américaine avait laissé filer quatre balles de match) n’a pas pesé bien lourd face à la Japonaise. Lorsque cette dernière a pris en plus le service de son adversaire dès le premier jeu de la deuxième manche, il semblait entendu qu’Osaka allait expédier cette demi-finale comme elle l’avait fait au tour précédent contre la nouvelle muse de Gaël Monfils. Mais même au plus fort de la pluie de points gagnants tombée de la raquette adverse (56 au total), la Tchèque s’est accrochée, profitant d’une des rares baisses de régime de la reine de Flushing Meadows en septembre dernier pour égaliser à un set partout. Sur sa lancée, Pliskova obtenait même trois balles pour mener 2-0 d’entrée de troisième manche, mais la machine Osaka se remettait en marche et roulait de nouveau sur la lauréate du tournoi de Brisbane à coups de missiles en revers comme en coup droit. La balle de débreak pour revenir à hauteur à 4-4 en faveur de la native de Louny n’y changeait rien (Osaka la sauvait sur l’un de ses 15 aces dans cette rencontre) et la Japonaise finissait le travail deux jeux plus tard sur un nouvel ace, challengé par son adversaire, mais confirmé. Comme Kvitova, la joueuse qui n’apparaissait même pas dans le Top 100 il y a quatre ans se retrouvera numéro 1 mondiale en cas de victoire samedi. Un nouveau grand pas potentiel dans une carrière aux allures de tsunami elle aussi.

OPEN D’AUSTRALIE (Australie, Grand Chelem, dur extérieur, 2 550 000 €)
Tenante du titre : Caroline Wozniacki (DAN)

Finale
Osaka (JAP, n°4) – Kvitova (RTC, n°8)

Demi-finales
Osaka (JAP, n°4) bat Ka.Pliskova (RTC, n°7) : 6-2, 4-6, 6-4
Kvitova (RTC, n°8) bat Collins (USA) : 7-6 (2), 6-0

Quarts de finale
Ka.Pliskova (RTC, n°7) bat S.Williams (USA, n°16) : 6-4, 4-6, 7-5
Osaka (JAP, n°4) bat Svitolina (UKR, n°6) : 6-4, 6-1
Kvitova (RTC, n°8) bat Barty (AUS, n°15) : 6-1, 6-4
Collins (USA) bat Pavlyuchenkova (RUS) : 2-6, 7-5, 6-1