Open d’Australie : Sinner-Zverev, une finale beaucoup plus serrée que l’on croit ?

La finale messieurs de l’Open d’Australie, dimanche, entre Jannik Sinner et Alexander Zverev, pourrait être longue, si l’on en juge leur historique et notamment leur dernier duel à Cincinnati, que nous passons ici au crible.

Jannik Sinner Alexander Zverev Open d'Australie 2025 © Julien Nouet / Tennis Majors

Pour la première fois depuis un Djokovic-Nadal en 2019, la finale messieurs de l’Open d’Australie opposera ce dimanche (à partir de 9h30, heure française), le n°1 au n°2 mondial, respectivement Jannik Sinner et Alexander Zverev. A priori, tout semble indiquer que le premier nommé, dominateur du circuit mondial depuis un an et quasiment intouchable depuis six mois, va soulever son troisième titre du Grand Chelem en autant de finales disputées, tout en laissant Zverev à sa quête de son premier sacre majeur.

Mais pas si vite. Si l’Italien, tenant du titre, a certainement gagné le droit d’être le favori, rappelons que l’Allemand a remporté quatre de leurs six duels au total, et qu’il a encore été l’un des très rares à le pousser dans ses ultimes retranchements, en août dernier, lors de leur confrontation en demi-finale de Cincinnati remportée par Sinner au jeu décisif du troisième set.

Cette demi-finale de Cincinnati constitue d’ailleurs une bonne base d’analyse pour anticiper ce à quoi pourrait ressembler la finale de demain, même si les courts de l’Ohio sont plus rapides que ceux de Melbourne. Les statisticiens de TennisViz et Tennis Data Innovations se sont, justement, penchés sur ce dernier duel et en ont dégagé quelques indicateurs sur lesquels il faudra être vigilant.

La position en retour de sinner

En temps normal, Sinner est un relanceur agressif, qui se tient près de sa ligne comme il l’a fait contre Ben Shelton en demi-finale. Pourtant, à Cincinnati, contre Zverev, il a modifié sa position en retour en se tenant beaucoup plus loin, ainsi que le démontre le graphique ci-dessous :

Le fait de se tenir loin de sa ligne a donné à Sinner une fraction de seconde en plus pour pouvoir annihiler la lourdeur et la puissance des services de Zverev. Un changement peut-être rendu possible aussi par le fait que Sascha n’est pas réputé pour être le joueur le plus agressif sur son deuxième coup de raquette. Mais c’est un paramètre sur lequel l’Allemand a beaucoup travaillé ces dernières semaines…

Quoi qu’il en soit, Zverev aura intérêt à passer beaucoup de premières balles (lapalissade) car Sinner se montre particulièrement efficace sur les deuxièmes adverse cette année à l’Open d’Australie (58% de points gagnés). En rappelant aussi qu’il concrétise 70% de ses balles de break. Réaliste avec ça…

Zverev sert « exter » plus souvent

Malgré (ou grâce à), cette position plus éloignée de Sinner en retour, Zverev a remporté beaucoup de points à Cincinnati en servant slicé extérieur côté égalité. Avec lucidité, il a bien exploité le surplus d’angle et d’espace laissé vide par Sinner.

Curieusement, il a moins utilisé cette tactique en deuxième balle, allant la plupart du temps chercher le revers adverse ou le milieu du carré, sans doute par sécurité. Mais Zverev a aussi parlé de ses récents progrès au service, facilités par son lancer de balle moins haut, qui lui permet d’avoir un temps de décélération moins important de la tête de raquette, et donc un mouvement plus fluide. Il en résulte un nombre moindre de doubles fautes. Donc, probablement, plus de confiance pour s’engager davantage sur sa deuxième. A voir…

Zverev plus souvent à l’attaque

On conviendra que, d’une manière générale, Zverev est un joueur moins agressif que Sinner. Et pourtant, à Cincinnati, l’Allemand s’est retrouvé plus souvent en position d’attaque que l’Italien. En fait, Zverev affiche des statiques supérieures dans la plupart des statiques : « attack », « conversion » (taux de points remportés lorsqu’on se trouve en position d’attaque) et « steal » (à l’inverse, taux de points remportés lorsque l’adversaire a été en position d’attaque). Mais le facteur clé a finalement été le retour, où Sinner a été largement supérieur.

De longs matches (presque) à chaque fois

Après, ce qui s’est passé à Cincinnati restera peut-être à Cincinnati, et n’aura aucun impact sur ce qui se produira demain à Melbourne, dans des conditions plus lentes, donc d’autant plus favorables au retour de service de Sinner, qui se sent en outre à la maison à Melbourne.

Mais le fait de mener 4-2 dans les face-à-face ne saurait être totalement anodin pour Zverev qui va pouvoir s’appuyer sur cet historique, et sur la manière dont il a souvent gêné Sinner, pour y puiser un boost de confiance.

La seule chose que l’on pourrait prédire sans trop risquer de se tromper est que cela risque d’être long. Quatre des six matches entre les deux hommes sont allés au set décisif, notamment le huitième de finale de l’US Open 2023, remporté par Zverev en cinq sets. Par ailleurs, trois matches se sont joués à l’ultime tie break. Donc installez-vous confortablement et préparez le pop corn. Cette finale pourrait être épique…

People in this post

Your comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *