Open d’Australie : Pouille terrasse Raonic, Djokovic profite de l’abandon de Nishikori

Pour la première fois de sa vie, Lucas Pouille disputera vendredi à l’Open d’Australie une demi-finale en Grand Chelem. Le nouveau protégé d’Amélie Mauresmo, métamorphosé par rapport à la saison dernière, s’est imposé en quatre sets (7-6, 6-3, 6-7, 6-4) face au Canadien Milos Raonic, auquel il n’avait jamais pris le moindre set. Le Français affrontera Novak Djokovic, qui a profité de l’abandon de Kei Nishikori, incapable de défendre ses chances (6-1, 4-1).

Cette Amélie Mauresmo est une magicienne ! Méconnaissable depuis que l’ancienne championne française l’a pris sous son aile, Lucas Pouille n’est plus le même joueur. L’ancien numéro 1 français qui n’avait plus dépassé le stade des seizièmes de finale en Grand Chelem depuis deux ans s’est qualifié mercredi pour la première demi-finale en Majeur de sa carrière après son nouvel exploit, face à Milos Raonic (7-6, 6-3, 6-7, 6-4) en quarts de finale de l’Open d’Australie. Contre le Canadien, le Pouille de 2018 aurait assurément mordu la poussière mercredi. Le Nordiste n’avait d’ailleurs jamais battu le géant, auquel il n’avait pas non plus pris le moindre set avant ce quart. Le Pouille de l’année dernière ne se serait de toute façon probablement pas relevé de ce début de match qui a vu l’ancien numéro 3 mondial aujourd’hui 17eme à l’ATP mener rapidement 3-0, puis 5-2 avant que « La Pouille », sans s’affoler et avec déjà bien en tête sa stratégie (« Je voulais vraiment retourner du mieux possible, mettre le plus de balles possible dans le court, sans non plus me mettre trop de pression »), ne revienne tranquillement à hauteur et n’oblige Raonic à disputer un premier jeu décisif, dans lequel il a fait preuve là aussi du plus grand sérieux pour basculer en tête. Trente-et-une minutes plus tard, le double quart de finaliste en Grand Chelem de 2016 (à Wimbledon et à l’US Open) regagnait sa chaise avec deux sets d’avance et une tactique qui continuait de payer toujours autant et de poser les pires problèmes au tombeur d’Alexander Zverev, breaké à 2-1 par Pouille.

Pouille pour une première contre Djokovic 

Agressif, redoutable en coup droit et impressionnant en retour, la clé face au canonnier Raonic, le protégé de Mauresmo avait la possibilité de prendre les devants dans le troisième set également (trois balles de break), mais son adversaire tenait bon, grâce notamment à son service, toujours aussi précieux, et à des volées parfois étonnantes. Les deux joueurs se retrouvaient de nouveau dans un tie-break, et cette fois le Canadien s’offrait un cavalier seul (7-2) pour revenir à deux manches à une et relancer ses chances de disputer une deuxième demi-finale à Melbourne après celle perdue en 2016. Mais si l’ancien Pouille aurait pu accuser le coup, le nouveau, lui, attaquait la quatrième manche comme s’il venait de gagner la précédente. Il laissait filer une balle de break d’entrée, mais à 5-4 sur le service de Raonic, les premières balles de match de cette rencontre étaient pour lui. Raonic sauvait la première sur un nouveau service-volée, il écartait la deuxième sur un coup droit gagnant du fond de court. En revanche, sur la troisième, acculée dans les cordes par Pouille, il envoyait son revers dans le couloir, provoquant ainsi le bonheur de celui qui n’avait pas gagné le moindre match dans le tournoi de toute sa carrière avant cette année et le renouveau provoqué en à peine plus d’un mois par la magicienne Mauresmo. En espérant que le tandem sorte un nouveau tour de son chapeau en demies, face à Novak Djokovic, que le 31eme mondial n’a encore jamais affronté.

Djokovic n’avait pas besoin de ça

C’est un Novak Djokovic ultra frais auquel fera face Lucas Pouille, vendredi dans la seconde demi-finale. Le choc entre le Serbe et Kei Nishikori, mercredi en night session sur la Rod Laver Arena, a en effet tourné très court (6-1, 4-1, abandon). Très précisément 49 minutes, pour un abandon du Japonais dans le deuxième set à 4-1 alors qu’il n’avait déjà fait que de la figuration dans le premier set et qu’il était parti pour perdre le deuxième sur un score lui aussi sans appel. Il fallait s’y attendre : après son marathon du tour précédent face à l’Espagnol Pablo Carreno Busta (victoire au super tie-break), le numéro 9 mondial aurait beaucoup de mal à défendre ses chances face au numéro 1 mondial. Ça, c’était pour le meilleur scénario, car, en réalité, c’est un Nishikori totalement incapable d’espérer quoi que ce soit qui s’est présenté mercredi sur le court face à Djokovic. Très lent, lui qui fait pourtant partie des joueurs les plus rapides du circuit, et dans l’impossibilité total d’appliquer sa stratégie préférée, le contre, dans la mesure où il ne pouvait pas se déplacer correctement, le finaliste de l’US Open 2014 a presque fait de la peine.

Une économie bienvenue pour Djokovic, moins pour Pouille

D’ailleurs, les spectateurs se sont tout de suite rendu compte que le Japonais semblait se poser la question à chaque point (perdu pour la plupart) s’il devait abandonner ou pas. L’intervention du kiné, venu lui masser la cuisse droite, n’ayant pas eu l’effet escompté, Nishikori a fini par jeter l’éponge, au grand dam d’un Djokovic qui n’en demandait pourtant pas tant. Au lieu d’un potentiel combat contre son adversaire qu’il avait battu lors de leurs treize dernières confrontations (Nishikori n’a plus battu Djokovic depuis 2014), le Serbe a donc eu droit à un « entraînement » en public de près de cinquante minutes dans les conditions de match. Certes, il a eu le mérite de ne pas sortir de son match face à cet adversaire sur une jambe et de conserver le plus grand sérieux. Mais, il ne faut pas se leurrer : le numéro 1 mondial, qui disputera contre Pouille sa 34eme demi-finale en Grand Chelem (seul Roger Federer fait mieux) s’est surtout beaucoup économisé contre un Nishikori complètement carbonisé. « Le docteur m’a demandé de ne pas passer trop de temps sur le court », a avoué le Serbe ensuite. C’était difficile de faire mieux.

Open d'Australie OPEN D’AUSTRALIE (Australie, Grand Chelem, dur extérieur, 2 550 000 €)

Tenant du titre : Roger Federer (SUI)

Demi-finales
Djokovic (SER, n°1) – Pouille (FRA, n°28)
Tsitsipas (GRE, n°14)  – Nadal (ESP, n°2)

Quarts de finale
Djokovic (SER, n°1) bat Nishikori (JAP, n°8) : 6-1, 4-1 abandon
Pouille (FRA, n°28) bat Raonic (CAN, n°16) : 7-6 (4), 6-3, 6-7 (2), 6-4
Tsitsipas (GRE, n°14) bat Bautista Agut (ESP, n°22) : 7-5, 4-6, 6-4, 7-6 (2)
Nadal (ESP, n°2) bat Tiafoe (USA) : 6-3, 6-4, 6-2

Huitièmes de finale
Djokovic (SER, n°1) bat Medvedev (RUS, n°15) : 6-4, 6-7 (5), 6-2, 6-3
Nishikori (JAP, n°8) bat Carreno Busta (ESP, n°23) : 6-7 (8), 4-6, 7-6 (4), 6-4, 7-6 (8)
Raonic (CAN, n°16) bat A.Zverev (ALL, n°4) : 6-1, 6-1, 7-5 (5)
Pouille (FRA, n°28) bat Coric (CRO, n°11) : 6-7 (4), 6-4, 7-5, 7-6 (2)

Bautista Agut (ESP, n°22) bat Cilic (CRO, n°6) : 6-7 (6), 6-3, 6-3, 4-6, 6-4
Tsitsipas (GRE, n°14) bat Federer (SUI, n°3) : 6-7 (11), 7-6 (3), 7-5, 7-6 (5)
Tiafoe (USA) bat Dimitrov (BUL, n°20) : 7-5, 7-6 (6), 4-7 (1), 7-5
Nadal (ESP, n°2) bat Berdych (RTC) : 6-0, 6-1, 7-6 (4)

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