Bautista Agut met fin à l’aventure (exténuante) du guerrier Murray

Victoire épique, mais victoire à la Pyrrhus. Après son succès en 5h45 – soit le match le plus long de sa carrière – bouclé après 4h du matin contre Thanasi Kokkinakis au tour précédent, les chances de qualification d’Andy Murray étaient aussi épaisses qu’un sandwich SNCF, comme dirait Renaud. Pas de quoi l’empêcher de s’ouvrir l’appétit, et de continuer à nous régaler dans cet Open d’Australie.

Alors qu’il avait déjà 10h34 de jeu dans les cannes en ajoutant son entrée en lice en cinq manches contre Matteo Berrettini, Andy Murray s’est posé en dur à cuir face à un Roberto Bautista Agut qui avait quant à lui remonté deux sets à Brandon Holt deux jours plus tôt. Combativité à toute épreuve, Murray a tenu pendant 3h29 avant de s’incliner 6-1, 6-7 ⁷, 6-3, 6-4. Dans une ambiance à faire passer un concert de Metallica pour un goûter d’enfants.

A 35 ans, la hanche qui sonne aux portiques et après avoir presque tout gagné, si Andy Murray continue à se battre comme un dératé sur chaque balle, c’est pour ces moments. Les grands matchs, dans les tournois les plus importants, devant un public en transe.

Breaké d’entrée et balayé en une demi-heure dans l’acte initial, l’Écossais a d’abord semblé, logiquement, au bout du rouleau. Rien que l’effort de soulever sa raquette paraissait trop violent pour son corps usé. Face à un Espagnol réglé comme un coucou, il ne faisait pas le poids.

Quand on croit que Murray n’a plus rien dans le sac, il lui reste encore quelques tours

Beaucoup, et peut-être lui-même, pensaient alors que l’ancien numéro 1 mondial n’avait plus rien dans le sac. Mais non, il lui restait encore quelques tours. Mené 6-1, 4-2, il est parvenu à faire douter “RBA”. Cherchant à davantage raccourcir les points, il a mis un grain de sable dans la machine adverse. Au point de la voir commettre plusieurs fautes directes, tôt dans l’échange.

Le cœur revigoré, réchauffé par la cocotte-minute qu’est devenue la Margaret Court Arena, le 66e mondial est parvenu à débreaker pour emmener le set au jeu décisif. Non sans avoir écarté une balle de break à 5-5 grâce à un passing de revers en bout de course ébouriffant.

Plus fort encore, mené 6-4 dans le tie-break, Murray a sauvé sa peau en remportant un rallye du fond de court, puis en plaçant contre de coup droit suivi d’une amortie de revers. Nerfs solides, il a ensuite profité de deux erreurs de la tête de série numéro 24 pour empocher la manche.

Bautista Agut a rendez-vous avec Paul, Murray repart avec des certitudes

Mais pour un troisième miracle consécutif, la route était encore longue. Trop longue. Sans doute plus encore que la distance entre Melbourne et Lourdes. Face à un joueur de la trempe de Bautista Agut retrouvant plus de constance, usant régulièrement de l’amortie, le Britannique n’avait plus assez de jus.

Bien que menant 2-0 dans le quatrième, il n’a pu faire mieux que résister comme il a pu dans les deux derniers rounds. Titubant après certains points, il n’a toutefois jamais baissé les bras en rendant la tâche difficile au natif de Castellón de la Plana. Comme en a témoigné la célébration du vainqueur : un cri tonitruant, yeux écarquillés et poing serré, en guise de délivrance.

Au prochain tour, Roberto Bautista Agut, qui a fait preuve d’une belle force de caractère pour résister à la pression des tribunes, a désormais rendez-vous avec l’Américain Tommy Paul. Ce dernier s’étant défait de son compatriote Jenson Brooksby plus tôt dans la journée.

Quant à Sir Andy Murray, il repart d’Australie avec quelques lettres de noblesse supplémentaires à sa légende, et la certitude de pouvoir enchaîner plusieurs marathons à très haut niveau. Qui aurait pu l’imaginer quatre ans en arrière ? Lorsqu’il quittait l’Open d’Australie après une défaite contre ce même Bautista Agut, les larmes aux yeux, en annonçant, croyait-on, sa fin de carrière.

Les autres matches du troisième tour à l’Open d’Australie (Grand Chelem, dur, 24.297.942 USD, les résultats s’affichent du plus récent au plus ancien) :

• Andy Murray – Roberto Bautista Agut : 6-1, 6-7 [7], 6-3, 6-4
• Grigor Dimitrov – Novak Djokovic : 7-6 [7], 6-3, 6-4
• Alexei Popyrin – Ben Shelton : 6-3, 7-6 [4], 6-4
• JJ Wolf – Michael Mmoh : 6-4, 6-1, 6-2
• Tommy Paul – Jenson Brooksby : 6-1, 6-4, 6-3
• Alex De Minaur (N.22) – Benjamin Bonzi : 7-6, 6-2, 6-1
• Holger Rune (N.9) – Ugo Humbert : 6-4, 6-2, 7-6 [5]
• Andrey Rublev (N.5) – Daniel Evans (N.25) : 6-4, 6-2, 6-3
• Sebastian Korda (N.29) – Daniil Medvedev (N.7) : 7-6 [7], 6-3, 7-6 [4]
• Karen Khachanov (N.18) – Frances Tiafoe (N.16) : 6-3, 6-4, 3-6, 7-6 [9]
• Hubert Hurkacz (N.10) – Denis Shapovalov (N.20) : 7-6 [3], 6-4, 1-6, 4-6, 6-3
• Jiri Lehecka – Cameron Norrie (N.11) : 6-7 [8], 6-3, 3-6, 6-1, 6-4
• Felix Auger-Aliassime (N.6) – Francisco Cerundolo (N.28) : 6-1, 3-6, 6-1, 6-4
• Yoshihito Nishioka (N.31) – Mackenzie McDonald : 7-6 [6], 6-3, 6-2
• Stefanos Tsitsipas (N.3) – Tallon Griekspoor : 6-2, 7-6 [5], 6-3
• Jannik Sinner (N.15) – Marton Fucsovics : 4-6, 4-6, 6-1, 6-2, 6

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