Nadal : le devoir de ne pas décevoir
Novak Djokovic évincé de l’Open d’Australie, Rafael Nadal est désormais le seul joueur du tableau final à avoir connu la victoire à Melbourne. Alors qu’il faisait son retour sur la pointe des pieds, la pression du 21e Grand Chelem lui revient comme un boomerang. Le record est au bout de ces deux prochaines semaines.
Open d’Australie 2022 | Tableau | Programme
« Ce sera un grand Open d’Australie quoiqu’il arrive ». Rafael Nadal l’a promis avant la décision du gouvernement australien d’empêcher Novak Djokovic d’être présent à Melbourne. Alors que le premier tournoi du Grand Chelem de la saison 2022 s’ouvre ce lundi, le devoir de tenir cette promesse revient en bonne partie à l’Espagnol de 35 ans, seul membre du Big 3 présent à l’Open d’Australie. Il a parfaitement commencé cette aventure en dominant 6-1, 6-4, 6-2 le 66e mondial Marcos Giron.
C’est la première fois que Nadal sera l’unique représentant du Big Three en Grand Chelem. Et même s’il est redescendu à la sixième place mondiale et n’a plus joué en Grand Chelem depuis Roland-Garros il y a six mois, il reste le principal rival du Serbe dans la course aux titres suprêmes. Seuls deux titres ont échappé à l’un ou à l’autre sur les quatorze derniers disputés depuis le dernier majeur remporté par Federer à l’Open d’Australie 2018 (sept pour Djokovic, quatre pour Nadal).
Seul Nadal peut aller chercher les 21
Sans Djokovic, Nadal est désormais le seul du plateau à pouvoir rendre cet Open d’Australie 2022 historique pour d’autres raisons que le fiasco politico-douanier. En remportant son deuxième majeur australien, il irait chercher le record de nombres de titres du Grand Chelem (21), en prenant seul les devants contre Federer, qu’il a rejoint à Roland-Garros 2020, et Djokovic, qui l’a bloqué lors de sa dernière tentative à Paris.
Seul dans la jungle d’une Next Gen affamée, le vainqueur de l’Open d’Australie 2009 a été éjecté du cercle des trois meilleurs joueurs du monde par une déclaration récente de Zverev, qui s’incluait dans ce lot avec Djokovic et Medvedev. Zverev pourrait se souvenir qu’il n’a jamais gagné de Grand Chelem et n’a jamais battu de Top 5 dans un majeur.
Sûrement Zverev sait-il que les chiffres récents enseignent que la NextGen a pris la mesure de Nadal. Sur les quatre derniers matchs entre les deux joueurs, Rafael Nadal s’est incliné trois fois face à l’Allemand, dont deux défaites sur dur. Quant à la dernière rencontre opposant le vainqueur de l’US Open 2021 à l’Espagnol s’est soldée par une victoire du natif de Moscou, au Masters 2020.
Nadal est, de tous les favoris, de loin celui qui dispose du plus d’expérience. Deux autres joueurs ont connu la victoire en Grand Chelem dans ce tableau. Andy Murray, vainqueur de trois Majeurs entre 2012 et 2016, et donc Daniil Medvedev, vainqueur du dernier Grand Chelem joué, à l’US Open en 2021.
S’il est difficile d’imaginer le Britannique aller chercher la victoire finale, le Russe fait office de favori. Joueur le mieux classé du tableau, vainqueur de 13 de ses 14 derniers matches en Grand Chelem sur dur (avec un 1-1 face à Djokovic qui vous situe l’homme), il joue sur sa surface favorite. Le natif de Moscou reste sur une finale à Melbourne, en 2020, perdue face au maître des lieux Novak Djokovic en trois manches secs (7-5, 6-2, 6-2). Reste que Nadal l’avait battu (US Open 2019) dans leur seule finale de Grand Chelem commune.
Nadal après le Djoko-fiasco
La façon dont le parcours de Nadal sera perçu après le Djoko-fiasco est un point d’interrogation de la quinzaine. L‘Espagnol a été très franc sur sa lecture des événements de ces dernières semaines : “L’Open d’Australie est bien plus important que n’importe quel joueur, l’Open d’Australie sera un grand Open d’Australie avec ou sans lui. Je suis en désaccord avec beaucoup de choses qu’il a faites ces deux dernières semaines.”
Les fans de Novak Djokovic l’auront à l’œil à coup sûr et tenteront de lui mettre la pression à distance. Si l’Espagnol remporte le tournoi, il faudra alors que le Serbe remporte deux Grands Chelems pour aller chercher le record absolu. Tout cela avant Roland-Garros que le Majorquin a déjà remporté treize fois, et alors que les conditions de circulation de Djokovic dans le monde entier sont désormais en suspens.
On en oublierait presque l’état de forme de Rafael Nadal. Après avoir fait l’impasse sur Wimbledon et les Jeux Olympiques l’an passé, le joueur de 35 ans avait repris à Washington, en août dernier, en s’inclinant en huitièmes de finale face à Lloyd Harris, malgré une blessure au pied encore douloureuse. Il semble avoir dépassé sa blessure.
Le natif de Manacor avait retrouvé le chemin des courts à Abou Dabi, au cours d’un tournoi exhibition fin décembre, où il s’était incliné face à Andy Murray et Denis Shapovalov… avant de contracter le Covid-19 à son retour en Espagne.
La victoire au Melbourne Summer Set a permis de revoir Nadal avec un grand sourire et de lui redonner de la confiance mais qui ne veut rien dire sur son état de forme : il n’a, au cours de cet ATP 250, joué que trois rencontres contre des joueurs figurant tous au-delà de la 90e place mondiale (Ricardas Berankis, 96e, Emil Ruusuvuori, 95e et Maxime Cressy, 112e).
A Melbourne, on l’avait sur une renversante défaite face à Stefanos Tsitsipas en quarts de finale (3-6, 2-6, 7-6, 6-4, 7-5) de l’édition 2021. Ce match entretient l’idée que la NextGen peut regarder le Majorquin dans les yeux, même en Grand Chelem.
Mais méfiance. Comme il l’a rappelé cette semaine après une question maladroite d’un journaliste, quand il n’est pas blessé, Rafael Nadal réussit bien à l’Open d’Australie. Il a déjà atteint quatre fois la finale en plus de sa victoire en 2009.