Medvedev : “Mentalement, je suis plus fort qu’avant le début du tournoi”
Après sa qualification pour la finale de l’Open d’Australie, Daniil Medvedev a expliqué pourquoi il se sentait plus fort mentalement grâce à ses matchs marathons.
“Avant (l’Open d’Australie) mon bilan sur les matchs en cinq sets n’était pas si bon. Physiquement et mentalement, c’est très exigeant (de jouer en cinq manches), et je n’étais pas assez fort.”
Tels ont été les mots de Daniil Medvedev au micro de Jim Courier après sa remontée dingue contre Alexander Zverev en demi-finale de l’Open d’Australie : 5-7, 3-6, 7-6⁴, 7-6⁵, 6-3. Une déclaration surprenante tant l’ancien numéro 1 mondial avait déjà montré des ressources psychiques hors du commun par le passé.
Avant ce début de saison, il avait remporté deux duels épiques après avoir été mené de deux manches : contre Marin Čilić au troisième tour de Wimbledon en 2021, et face à Félix Auger-Aliassime en quart de finale à Melbourne en 2022. Mais au total, il avait perdu neuf de ses treize duels en cinq rounds. Une statistique à nuancer, toutefois.
troisième victoire en cinq sets depuis le début de l’Open d’Australie
En regardant le détail, les quatre premiers revers ont eu lieu avant son éclosion au plus haut niveau durant l’été 2019, et sur les surfaces qu’il maîtrisait (et maîtrise toujours) moins que le dur : le gazon et la terre battue. Ensuite, deux se sont déroulées face à Rafael Nadal – finales de l’US Open 2019 et de l’Open d’Australie 2022 –, une contre Stan Wawrinka à Roland-Garros en 2020, et la dernière face à la surprise Thiago Seyboth Wild encore sur l’ocre parisienne au premier tour l’an passé.
Depuis, l’actuel 3e de la hiérarchie planétaire est sorti vainqueur de toutes ses empoignades au long cours. Quatre de suite. Après avoir fait plier Christopher Eubanks en quart de finale de Wimbledon, il en a ajouté trois de suite depuis le début de la quinzaine à Melbourne Park. Pour sortir, outre Zverev, Emil Ruusuvuori – déjà en remontant deux sets de handicap – et Hubert Hurkacz, en affichant désormais sept victoires sur ses dix derniers marathons.
S’il a confié, après son succès contre le Polonais en quart de finale, que ce parcours du combattant le “détruisait” physiquement, triompher malgré la difficulté l’a apparemment rendu plus fort encore sur un autre plan.
maintenant je me sais sais capable de chose dont je ne pensais pas l’être.
Daniil Medvedev
“Est-ce que les matchs marathons (en cinq sets) m’ont aidé mentalement ? Sur le plan mental, à 100 %”, a-t-il répondu en conférence de presse après sa qualification pour la finale. “Je suis plus fort qu’au début du tournoi, parce que maintenant je me sais capable de choses dont je ne pensais pas l’être. Avant, je n’avais jamais rien fait de tel (gagner trois matchs en cinq sets) pour atteindre une finale (en Grand Chelem). Je gagnais en trois sets, en quatre sets. Ce qui est mieux physiquement, c’est vrai, mais c’est comme ça.”
Admettant sans aucun mal ne pas avoir l’avantage de la fraîcheur dimanche face à un Jannik Sinner n’ayant lâché qu’une manche depuis le début du tournoi, le Moscovite a également expliqué avoir travaillé durant l’intersaison pour devenir (encore) plus fort dans la caboche. Ne plus gaspiller d’énergie bêtement.
“Comme je l’ai déjà dit pendant le tournoi, je veux changer, être une meilleure version de moi-même”, a-t-il rappelé. “Je ne veux plus vivre ces moments après les matchs où je me dis : ‘Ce que j’ai fait avec le public (les clashs), c’était juste ou non ? Pourquoi ai-je fait ça ? Ça m’a aidé ou non ?’. Je ne veux plus de ça. Je veux jouer au tennis, me battre et être fier de moi.”
Le changement, c’est maintenant
“À la fin de la saison dernière, j’étais très, très fatigué mentalement”, a-t-il détaillé. “Chaque match, quelque chose me dérangeait, je m’en prenais au public etc. Donc, durant les vacances, j’ai testé de nouveaux exercices, de respiration notamment. Et je me suis dit : ‘Wow ! Ça fait du bien !”. Je me connais un petit mieux mon corps et mon esprit désormais.”
“Avant, quand quelque chose se passait, je me disais : ‘OK, c’est arrivé, passons à autre chose’, a-t-il complété. “Maintenant, j’essaie de comprendre pourquoi c’est arrivé, par rapport à ma personnalité. Le plus dur, c’est de garder cet état d’esprit sur le long terme. Je ne sais pas combien de temps ça va fonctionner, mais pour l’instant je suis à 100 % là-dedans. Et quand je suis à 100 % dans quelque chose, généralement ça dure jusqu’à la fin.”
Décrit comme doté d’un “potentiel mental monstrueux” après ses premières séances avec Francisca Dauzet, son ancienne préparatrice mental, Daniil Medvedev semble avoir encore franchi un cap sur ce plan. ll va devenir de plus en plus difficile d’entrer dans la tête de celui qui s’est fait un spécialité de squatter celle de ses adversaires pour cuisiner leurs méninges. Alexander Zverev en a sans doute, encore, le cerveau qui fume.