Gasquet : “J’espère finir dans les cent premiers, sinon il sera temps d’arrêter”
Après sa victoire au premier tour de l’Open d’Australie face au compatriote Ugo Humbert, Richard Gasquet a évoqué son avenir. Avec des doutes.
“Au fond la beauté est éphémère. Et à force de la voir, on ne la voit plus.” – Robert Soulières
15 ans. C’est à cet âge, en 2002, que Richard Gasquet a donné ses premiers coups de pinceau sur le circuit principal. La bouille encore adolescente, imberbe, le Français avait signé son premier chef-d’œuvre en écœurant l’Argentin Franco Squillari, demi-finaliste de Roland-Garros deux ans plus tôt. Grâce, entre autres, à un revers touché par la grâce dessinant des courbes d’une beauté rare sur l’ocre de Monte-Carlo. Depuis, notre œil s’était sans doute habitué aux toiles du maître biterrois. Au point, parfois, de ne plus en saisir tout l’esthétisme qui s’en dégage. Mais il va falloir réapprendre à savourer. L’artiste du revers à une main est peut-être en train de livrer ses dernières toiles.
Vainqueur “inespéré”, de son propre aveu, face à Ugo Humbert (3-6, 7-6, 7-6, 6-3) au premier tour de l‘Open d’Australie ce mardi, l’actuel 81e du classement ATP s’est montré très dubitatif quant à la suite de sa carrière à l’issue de la saison. “Je vais avoir 36 ans en juin, ça fait peur”, a-t-il confié en conférence de presse. “Forcément, tu te poses des questions. Tu sens que tu joues tes derniers tournois du Grand Chelem. Tu vois la fin arriver. J’espère finir (2022) dans les 100 premiers, sinon il sera temps d’arrêter. Je doute de continuer à jouer en 2023.”
Je doute de continuer en 2023.
Richard Gasquet
Outre le fait d’être encore suffisamment bien classé pour disputer les Majeurs sans passer par les qualifications, si l’ancien 7e mondial a prolongé l’aventure en 2022 malgré un physique de plus en plus usé, c’est pour l’amour du tennis. “Je me régale ici, je prends du plaisir, je suis avec d’autres joueurs que j’apprécie, comme Lucas (Pouille) ou Adrian (Mannarino)”, a-t-il répondu devant les journalistes.
“Tout ça me me manquera quand j’arrêterai. Je suis toujours motivé, mais il y a des jours où je dois me reposer. Parfois, en me levant, je peux difficilement aller sur le court. Mais je suis toujours à fond dans le tennis., même quand ça ne va pas. Pendant mon isolement, j’ai fait beaucoup de physique, je me bats.”
Testé positif au Covid-19 avant l’ATP 250 de Melbourne début janvier, Gasquet est sorti de quarantaine huit jours avant son entrée en lice dans l’Open d’Australie ce mardi. “Sincèrement, je n’ai pas fait de préparation, catastrophique”, a-t-il expliqué.
“Sept jours dans la chambre, j’en avait vraiment marre. Toutes les 20 minutes je regardais l’heure. Je suis arrivé sans repère, sans aucun match. J’étais fatigué, je n’avais joué qu’une heure par jour depuis. Ça été dur de récupérer, même mentalement. C’est une très grosse surprise de gagner ce match, c’est même inespéré. Mais j’étais relâché dans mes frappes et j’ai réussi à m’accrocher.”
Si je ne jouais que dans le vent, je serais encore Top 15, Top 20.
Richard Gasquet
Si son corps plie, de plus en plus, sous le poids des années, il a en revanche l’avantage des sensations accumulées depuis ses premiers pas sur un court. “Ugo était le favori, mais le vent a beaucoup joué”, a-t-il analysé. “Les conditions sont très importantes, et elles étaient parfaites pour moi. Ça soufflait pas mal, et dans le vent je fais partie des meilleurs, j’adore ça. Si je ne jouais que dans le vent, je serais encore Top 15, Top 20. Je suis né dans le vent, dans l’Hérault. Aujourd’hui (mardi), j’ai bien joué au tennis. J’ai frappé fort des deux côtés, j’ai bien servi.”
Souhaitons à Richard Gasquet, programmé contre Botic Van de Zandschulp au deuxième tour, que le vent puisse lui donner des ailes pour souffler quelques adversaires de taille dans cet Open d’Australie. Histoire d’engranger quelques gros points pour se maintenir dans le Top 100 en fin de saison, et pouvoir, éventuellement, continuer à faire danser son cadre pour nous offrir ses derniers tableaux en 2023.