Empoignade féroce, puis le physique de Monfils a lâché : Shelton en quarts de finale à Melbourne
Le score était de 7-6³, 6-7³, 7-6², 1-0 quand le Français a dû jeter l’éponge face à l’Américain en huitièmes de finale de l’Open d’Australie, ce lundi.
« J’aimerais pouvoir dire ça (qu’il a 28 ans, ndlr). Mais je peux vous dire que demain matin (mercredi 15 janvier), j’aurai plus 48 ans que 38 ! »
Tels avaient été les mots de Gaël Monfils après sa victoire en cinq sets contre Giovanni Mpetshi Perricard au premier tour de l’Open d’Australie. Il s’était ensuite mué en Ga(ë)laad Monfils, tant il semblait avoir trouvé le Graal pour accéder à une jeunesse éternelle en éliminant Daniel Altmaier et, surtout, le 4e joueur mondial : Taylor Fritz. La meilleure perf’ de sa carrière en Grand Chelem, devant une victoire contre David Ferrer, numéro 5, datant de Mathusalem : les quarts de finale de Roland-Garros 2008.
Ce qu’il (Gaël Monfils) fait à son âge, c’est tellement impressionnant.
Lundi matin, heure française, « la Monf' » a fini par faire ses 38 ans balais ressentis 48. Engagé dans une bagarre âpre avec Ben Shelton, tête de série numéro 21, en huitièmes de finale, il a dû finir par jeter l’éponge. À 7-6³, 6-7³, 7-6², 1-0, 40-0 sur le service de l’Américain, après 2h57.
« Je regarde Gaël depuis que je suis petit, c’est le plus grand producteur de highlights de tous les temps », a déclaré le vainqueur lors de l’interview sur sur le court. « À 38 ans, j’espère pouvoir marcher sans béquilles. Son niveau aujourd’hui (mardi) et la façon dont il a fait le spectacle en Australie et en Nouvelle-Zélande, c’est tellement impressionnant. J’espère pouvoir laisser des souvenirs comme ceux-ci à ma famille quand j’aurai son âge. C’est vraiment spécial, du jamais vu dans l’histoire du sport en général. »
Shelton a cherché à user Monfils
Titré à Auckland avant de débarquer à Melbourne, Monfils restait sur sept victoires en douze jours. Déjà beaucoup pour homme dans la force de l’âge ; sans doute trop pour un « ancien » proche de la quarantaine qui devait passer par un nouveau duel à l’intensité exténuante afin de pouvoir aller chercher son onzième quart de finale en Grand Chelem.
« Il (Gaël Monfils) a joué beaucoup de longs matchs, donc je voulais rendre celui-ci le plus physique possible », a ajouté Shelton. « Il fait beaucoup de choses très bien : contre-attaquer, faire en sorte que vous ne vous sentiez pas à l’aise du fond… Donc, être capable de venir finir au filet lors des points où il prenait plaisir à courir, trouver un équilibre (entre le fond et la volée) était très important. C’était très difficile, il a tellement bien servi. Il y a tellement de choses qu’il fait bien, c’est un cauchemar de le jouer. Je ne peux pas imaginer ce que ça devait être quand il avait 22 ans comme moi. »
Monfils a sombré physiquement après avoir breaké dans le troisième set
Au cours d’une empoignade où les deux gros bras ont fait la loi sur leurs services, il a fallu attendre la troisième manche pour voir le premier break. Signé Monfils. À 1-1, dans la foulée d’un deuxième acte remporté après un excellent tie-break. De quoi imaginer le Français surfer sur cette vague pour mettre la tête de son adversaire sous l’eau. Que nenni. Il a été débreaké immédiatement, et a fini par couler.
Quelques instants après, 7-6³, 6-7³, 3-2, 30-0 sur son engagement, le natif de Paris a joué totalement en marchant. Comme si un mirage l’avait poussé à voir des arbres sur le court au point de se croire en pleine balade champêtre dominicale. Un simple coup de pompe avant de trouver son second souffles – comme il l’a si souvent fait dans sa carrière – pouvaient alors espérer les fans tricolores. Mais non. Le mal était plus profond.
J’ai senti le ‘coup de poignard’ (dans la cuisse droite).
Suite à jeu décisif dans lequel il a été définitivement distancé en concédant le double mini-break – 5-2 – sur une double faute, le protégé de Mikael Tillström a vite arrêté les frais. Sorti du court à la fin du set, il n’est revenu que pour quelques minutes, et a échangé avec son box, où était présente sa chère et tendre Elina Svitolina, qualifiée pour les quarts de finale plus tôt dans la journée, avant de renoncer en raison d’une douleur à la cuisse droite. « Au début, je me demande si ce n’est pas une crampe, j’aurais même voulu que c’en soit une », a-t-il expliqué en conférence de presse. « Mais ça ne vibrait pas dans la jambe, j’ai senti le ‘coup de poignard’. Je vois juste que je suis mort. J’ai vraiment eu peur de faire le mauvais mouvement (et de se blesser) en essayant de m’arracher pour gagner un ou deux jeux. »
En quart de finale, son troisième en Grand Chelem après avoir déjà atteint ce stade de la compétition à Melbourne et une demi-finale à l’US Open en 2023, Ben Shelton a rendez-vous avec Lorenzo Sonego, vainqueur face à Learner Tien. Révélation du tournoi, ce dernier, 19 printemps, n’était pas né quand Gaël Monfils a fait ses débuts sur le circuit principal.
Les autres affiches des huitièmes de finale à l’Open d’Australie (Grand Chelem, Melbourne Park, dur, 60.627.573 USD, les résultats s’affichent du plus récent au plus ancien) :
- Alex Michelsen – Alex De Minaur : programmé lundi
- Lorenzo Sonego – Learner Tien (Q) : 6-3, 6-2, 3-6, 6-1
- Jannik Sinner (N.1) – Holger Rune (N.13) : 6-3, 3-6, 6-3, 6-2
- Novak Djokovic (N.7) – Jiri Lehecka (N.24) : 6-3, 6-4, 7-6 [4]
- Alexander Zverev (N.2) – Ugo Humbert (N.14) : 6-1, 2-6, 6-3, 6-2
- Carlos Alcaraz (N.3) – Jack Draper (N.15) : Alcaraz qualifié (7-5, 6-1 ab.)
- Tommy Paul (N.12) – Alejandro Davidovich Fokina : 6-1, 6-1, 6-1