Djokovic : “(Après tous les records battus) je pensais pouvoir être plus détendu cette année, ce n’est pas le cas”
Tension malgré le palmarès gargantuesque, amour du tennis, motivation, observations de ses rivaux : Novak Djokovic a répondu a plusieurs questions en conférence de presse après sa victoire contre Adrian Mannarino en huitième de finale de l’Open d’Australie.
Il était en quête d’un premier quart de finale en Grand Chelem, il a pu se gratter. Parce qu’Adrian Mannarino, déjà entamé physiquement après trois matchs de suite en cinq sets, a tiré le gros lot : un Novak Djokovic en pleine forme ce dimanche à l’Open d’Australie.
“Aujourd’hui (dimanche), c’était mon meilleur jour sur le plan du tennis et la façon dont je me suis senti sur le court”, a expliqué l’homme au 24 titres du Grand Chelem après avoir collé un 6-0, 6-0, 6-3 au 19e joueur mondial. “Je suis vraiment excité de débuter cette deuxième semaine. J’ai hâte de jouer de nouvelles batailles, parce que, évidemment, les adversaires vont être encore mieux classés. Il n’y aura pas de match facile, aucun doute là-dessus.”
C’était mon meilleur match depuis le début du tournoi.
Novak Djokovic
En quart de finale, le Serbe a rendez-vous avec Taylor Fritz. Un adversaire qu’il connaît bien : huit victoires en autant de rencontres ; et seulement deux sets perdus, au cours de son succès 7-6(1), 6-4, 3-6, 4-6, 6-2 au troisième tour de l’Open d’Australie 2021. Empoignade au cours de laquelle il avait affiché un faciès au bord de l’agonie, en larmes, presque prêt à abandonner, en contractant la fameuse déchirure abdominale ayant tant fait jaser jusqu’au bout de son sacre cette année-là.
“Si vous avez vu le match, il avait l’air d’avoir du mal dans les troisième et quatrièmes sets, mais il n’avait pas vraiment l’air de souffrir dans le cinquième”, avait réagi Fritz, à chaud. “Quand je faisais un coup gagnant, il prenait une attitude pour, en quelque sorte, montrer qu’il avait une blessure. Mais il avait l’air très bien dans le cinquième set, soyons honnêtes. Peut-être qu’il a réussi à surmonter ça, mais je suis content pour lui s’il a réussi à récupérer si vite et se sent beaucoup mieux…”
Même si je connais tous les gars, je fais toujours mes devoirs.
Novak Djokovic
Et l’Américain n’est pas le seul rival encore en lice que le Serbe a déjà “pratiqué” : il a affronté tous les joueurs encore qualifiés dans cet Open d’Australie. Pas de quoi alléger sa dose de boulot pour autant. “Même si je connais déjà les gars, je fais toujours mes devoirs, je les étudie à la vidéo, parce que chaque joueur essaie de s’améliorer”, a-t-il confié en conférence de presse. Surtout les gars du top niveau, ils veulent hausser le curseur de 1 %, 2 %, essayer des choses différentes, cacher leurs défauts ou les corriger pour ne plus être aussi exposés sur certains coups.”
“C’est ma passion et mon amour (pour le tennis), mais aussi mon travail”, a-t-il ajouté. “Et je regarde aussi du tennis pour le plaisir. J’ai suivi le duel entre Rybakina et Blinkova l’autre jour (jeudi) ; l’un des tie-breaks les plus incroyables que j’ai pu voir (le plus long de l’histoire chez les femmes en Grand Chelem, gagné 22-20 par Blinkova). Et, bien sûr, je regarde les autres matchs du tableau masculin, mes grands rivaux, ce qu’ils font, comment ils jouent. On garde tous un œil les uns sur les autres, ce n’est pas un secret.”
J’aime le frisson de devoir faire face à une balle de break.
Novak Djokovic
Ce cœur battant la chamade pour la boule de feutre jaune, c’est aussi ce qui le pousse, à 36 ans, à continuer à se battre comme un acharné sur le terrain. “Gagner des Majeurs, battre des records et être au sommet de ce sport a toujours été un objectif”, a-t-il rappelé. “Mais j’ai aussi l’amour de ce jeu. J’adore la compétition. Je suis passionné. Je mets beaucoup d’énergie et d’enthousiasme dans mes entraînements chaque semaine, pour faire en sorte d’être prêt à affronter les meilleurs du monde.”
“J’aime le frisson de devoir faire face à une balle de break ou d’en avoir une, ces émotions continuent à réveiller quelque chose de très profond en moi”, a-t-il détaillé. “J’essaie de ne pas prendre ces moments pour acquis, parce que je ne sais pas combien de temps encore ça va continuer. (…) Je l’ai déjà dit plusieurs fois, tant que je suis au sommet de ce sport, je ne vais pas arrêter. Quand je sentirai ne plus être capable de rivaliser au plus haut niveau, de me battre pour les titres du Grand Chelem, alors je penserai sans doute à me retirer. (…) Je me sens vraiment béni d’être encore là. On verra jusqu’où j’irai.”
Je pensais pouvoir être plus détendu cette année, mais ce n’est pas le cas.
Novak Djokovic
Seule personne, hommes et femmes confondus, à 24 titres du Grand Chelem dans l’ère Open, record du nombre de semaines en tant que numéro 1 mondial, plus grands nombres de titres au Masters et en Masters 1000… Hormis les Jeux olympiques, le Belgradois de 36 an a tout gagné. Encore et encore. De quoi être plus relâché, notamment après une saison 2023 exceptionnelle, couronnée d’un petit Chelem et d’une septième couronne au “Tournoi des maîtres” ?
“Je pensais pouvoir être plus détendu cette année, moins stressé en match et aussi l’entraînement, mais ce n’est pas le cas”, a-t-il répondu devant les journalistes. “Ça reste comme ça a toujours été : à très haute intensité. On a encore pu le voir aujourd’hui (dimanche) : je menais 6-0,2-0, le jeu était très long, et j’ai eu des mots animés avec mon équipe. Donc, oui, le feu est toujours là. Je pense que c’est ce qui me permet d’être là où je suis, et d’avoir accompli ce que j’ai accompli. J’attends toujours le meilleur de moi-même. Je fais beaucoup d’efforts, chaque jour, pour ce but.” Parce qu’avec Novak Djokovic, rien n’est laissé au hasard. Le succès n’est pas une loterie.